8/10
Ju-ichinin no samurai de Eiichi Kudo - 1967
Ah bein c'est carrément meilleur que 13 tueurs, qui est le Kudo est le Kudo le plus connu (merci le remake de Miike), tant au niveau de l'histoire que de la réalisation.
Sur une trame qui rappelle forcément 47 Ronins, Kudo livre un très bon chambara qui doit beaucoup à la fureur de son dernier quart d'heure.
Alors si formellement le film n'est pas une tuerie comme les gros morceaux de l'époque que peuvent être
Goyokin,
Harakiri ou Rebellion, il vaut carrément le détour, y a des plans de toute beauté plusieurs moments, mais si je dis que c'est pas comme un Goyokin c'est que c'est juste un plan ici ou là et pas des grands moments de mise en scène.
Réalisé à l'époque phare des chambarras avec tous les chefs d'oeuvre anti-féodalisme que l'on connaît le film se révèle d'une noirceur totale, comme beaucoup de films de cette période tout simplement
On suit donc un groupe de 11 hommes ayant pour mission de tuer dans les plus brefs délais le frère du shogun coupable d'une ignominie mais bien entendu ce ne sera pas aussi facile que prévu et les coups de pute du ministre ne facilitent pas le tâche.
Là où
13 tueurs avait des gros soucis de rythme, ici la durée courte d'1h35 fait que le film va à l'essentiel, la présentation de l'intrigue et des personnages n'est pas aussi indigeste que pour 13 tueurs donc et les rebondissements qui parsèment le film sont vraiment réussis, faut dire que le groupe est composé au bout de 20 minutes on se dit bien que le coup va pas réussir du premier coup, surtout après 30 minutes de film ( et malgré cela la première tentative la tension marche alors qu'on sait très bien que ça va échouer ), au bout d'1 heure on se dit que ça va peut être la bonne mais une nouvelle surprise nous attend.
Alors la courte durée ne permet pas de développer tout les personnages ainsi sur le groupe de 11, seulement 4 sortent vraiment du lot, les autres étant juste là pour faire le nombre et encore quand je dis je suis gentil, on est plus proche de 2 et demi.
Le film commence fort avec le frère du Shogun qui tue un pauvre paysans puis le chef du clan voisin d'une flèche dans l'oeil ( effet graphique réussit ) direct on est dans le ton et la suite sera du même acabit avec notamment le sort de la femme du héros : la scène où elle lui dit adieu et très prude et très belle, on se dit qu'elle va rentrer seule chez elle et bein pas du tout on la retrouve plus tard et elle s'est suicidée car elle savait qu'elle ne reverrait jamais son mari vivant.
Ici c'est pas des samourais héroïques non c'est un groupe qui veut se venger, le combat final entre les 2 maitres d'armes on se dit que ça va être à la régulière en 1 vs 1 et non c'est du sans pitié,
Visuellement le film est vraiment splendide, Scope + Noir et blanc on est rarement déçu et là c'est de toute beauté avec des décors naturels superbement mis en valeur on retiendra surtout la scène en forêt ( qui rappelle un peu
Le Château de l'Araignée, y a notamment un plan avec Hayato seul sur le chemin brumeux entouré des arbres, le plan est à tomber ) et ce climax final dans des marécages pluvieux, brumeux et dans la boue ( ça cumule ), une fois de plus on pense à
Django, forcément, rien que pour ces 20 dernières minutes il est impératif de voir ce film.
Alors si le film n'a pas la puissance formelle d'un Kurosawa ou d'un Kobayashi, mais c'est loin d'être du low level, le niveau japonais des 60's étant un truc un peu hors norme. A la rigueur y a ptet moins de plans "beau" ( et encore ) et le combat final n'est pas peut être pas chorégraphié mais c'est compensé par une énergie ( tant des acteurs qui courrent de partout, sautent et tapent dans tout les sens ) que de la réalisation super dynamique avec une caméra très mobile ( y a des magnifiques travellings ) et Kudo trouve le ton juste entre le mouvement et les plans fixes ( le plan fixe c'est important dans un chambarra quand même ) et ce combat chaotique est un modèle d'efficacité et le terme "sens du sacrifice" prend ici tout son sens.
Kudo se permet même d'avoir recours a une violence graphique efficace : flèche dans l'oeil, main empalée, corps pissant le sang ( là aussi ça donne lieu a un super plan avec un corps qui se vide dans une flaque d'eau ).
Un petit mot sur 2 scène intimiste particulièrement réussies, les 2 c'est avec Hayato et sa femme et ces passages sont traités avec une sobriété très appréciable, la scène où il dit au revoir à sa femme en pensant ne jamais la revoir c'est juste beau avec des gros plans sur les mains puis sur le visage, ça rend vraiment bien.
Au casting, pas de star mais de l'acteur solide Isao Natsuyagi campe le chef des guerriers et c'est le personnage au destin le plus tragique ( enfin c'est parce que c'est le seul qui soit développé et qu'on l'on voit sa famille ) dans le groupe on reconnait un second rôle habituel de l'époque Ko Nishimura, il campe un ronin se ralliant au groupe juste pour pouvoir tuer un seigneur ( putain son dernier plan à lui y fait pas rire ), le méchant à abattre comme dans 13 tueurs c'est Kantaro Suga et il a bien la tête de l'emploi, le reste du casting je connais pas mais ça fait bien le boulot, alors c'est sur je pense que le film aurait pris une autre dimension avec un Nakadai ou un Mifune mais ça reste du bon casting.
Le score de Akira Ifukube est parfait, et lors du climax ça touche même au sublime.
Une magnifique oeuvre barbare totalement nihiliste ( la succession des 3 ou 4 derniers plans du film c'est assez fort)