1492, Christophe Colomb
Sans esbroufe, sans photo ultra léché et avec une paire de couilles qui l'a quitté depuis, Ridley Scott signait en 1992 un putain de film historique, biopic discrètement épique mais d'une intensité passionnante à tel point que l'exploration et la découverte n'ont jamais été aussi bien raconté et mis en scène qu'au travers cette fresque sublime en tout point douée d'une écriture somptueuse.
Décors, costumes, tout parait vrai et shooté à l'époque
Une musique de Vangelis désormais dans les Annales et dont le main theme développé à lui seul une furieuse envie de se déchainer, de braver les Mers et les jungles pour "découvrir".
Bien sur le film souffre de quelques défauts notamment dans son interprétation irrégulière d'un Depardieu à la fois impérial mais trop théâtral , des personnages secondaires survolés et 2 parties de 25-20 min en Espagne pas très passionnante malgré un casting sympathique (Sigourney Weaver, Tcheky Karyo etc...). Mal équilibrés, ces passages sont jolis grâce aux décors et costumes mais l'écriture, les dialogues et les enjeux paraissent fades. C'est vraiment dommage de voir un casting pareil sous-exploité (Weaver en tête avec quoi ? 2 scènes à tout casser).
Je reste persuadé que c'est voulut pour bien souligner un puissant fossé entre deux mondes et deux modes de vie totalement opposés. Les parties en Europe sont bien moins prenantes que la partie en mer chef d'oeuvrissime ou celle d'exploration très bonne mais c'est carrément logique et cohérent avec le personnage et la passion/obsession de Christophe Colomb. Depardieu offre à son personnage un charisme et une dimension gigantesque où chaque regard vaut une page de dialogue.
Le réalisateur met ici en scène un film dans la lignée de sa véritable inspiration artistique (Alien, the duellists, Blade runner) mais sans en atteindre malheureusement le niveau mais presque. Les Gladiator et Kingdom of heaven sont très bien mais sont, faut t-il le rappeler?, des projets très commerciaux en terme de casting, de rythme, de photographie et de scénario linéaire, censurés (pas une goutte de sang ou presque et aucune scènes chocs dans les deux films pourtant tout deux parlant d'époques propre à même de provoquer l'envie de montrer ce genre de détails). ya même Tcheky Karyo qui pisse du sang. C'est le genre de détails quand c'est gratuit ça ne vaut rien mais là dans un film historique qui retrace pendant un court moment une traversée fatigante et une nouvelle terre à découvrir bah de suite ça gagne en crédibilité. Le film n'est pas du tout la version censurée et édulcorée d'un évènement "important" qui a laissé un gout amer à des milliers de personnes : les locaux, ceux qui ont perdus du temps et de l'argent et des proches ainsi que leurs dents sur un projet casse-gueule que dirigeait un explorateur halluciné. Franchement c'est clairement un des meilleurs fils de Scott.
1492 Christophe Colomb ne s'épargne pas quelques moments chocs qui marquèrent autrefois les plus jeunes comme le tout début et l'exécution des "sorcières" ou l'un des marins qui se fait tuer par un sert mais encore la scène de la main coupée :
Ou encore la plus hard celle où Colomb s'acharne sur un des cannibales.
Scott n'y va pas de mains mortes et nous montre tous les plans de l'histoire de la "fausse" découverte de l'Amérique : la violence, le sang, les confrontations d'hommes de pouvoirs, le profit, mais aussi l'envie de s'ouvrir aux autres peuples, de les comprendre, mais à l'opposé leur imposer un monde, une vision, une religion, une société. Comme le dit l'indien interprète à la fin " toi tu n'as jamais appris un seul mot de ma langue".
Jamais le film n'est hagiographique ou à sens unique en terme d'interprétations des faits. Loin de tout manichéisme, les personnages ont du relief. A la fin, seul reste un homme que la passion à aveuglé. Un homme trahit mais dont le nom résonnera à jamais dans les esprits comme le dit un personnage du film "si nos noms traversent l'histoire ce sera seulement grâce au sien". On pardonnera l'allure très rock and roll de Moxica et son perosnnage assez inutile, juste là pour combler du vide et imposer un "méchant" mais reste l'acteur lui-même bon et à la tronche acérée bien dérangeante, quais androgyne. Sa mort est superbement mise en scène mais je n'en vois pas l'intérêt car ça lui donne de l'importance alors que je n'ai pas encore saisit celle-ci.
Tout y passe et Scott se permet même une scène à la =limite du fantastique aux résonances bibliques évidentes lors de la tempête "déluge", sorte de punition faite aux colonisateurs et exprimant de manière métaphorique l'état dans lequel se trouve intérieurement Colomb mais aussi l'état dans lequel le pays conquis va se diriger et s'enfoncer. Les indiens le comprennent et l'interprète remet ses vêtements qu'il abandonné l'instant d'une illusion pour retourner dans la jungle parmi les siens et son environnement.
Le cinéaste prend des libertés certes mais globalement c'est un des meilleurs films du genre, le moins autiste, le plus accessible tout en gardant une forme et une scénario adulte et atypique.
A ranger au côté de "Mission"et "The new world", "Aguirre" et "Cabeza de vaca" étant totalement à part.Sans concessions et pas censuré pour un sou, 1492 connait deux parties tout simplement magistrales : Il s'agit du voyage en mer (photo majestueuse, ambiance suspens intense, musiques phénoménales, des acteurs énormes) et la première moitié de l'exploration de la jungle, la rencontre avec les tribus etc..Passionnant de bout en bout, putain d'ambiance et de photo, Scott signe là ses meilleurs plans.
L'attente y est aussi puissante et hypnotique que celle précédent une grosse bataille.
L'arrivée sur le Nouveau Monde et le débarquement c'est d'une puissance
Toute cette séquence est d'anthologie en terme d'ambiance, de mise en scène et de musique.
Et puis les 2 dernière minutes sont parmi les plus belles jamais vues. En tout cas les plus poétiques qui soient. Dans le genre de celle de "monsters and inc" (mais pourquoi je cite un pixar sur la critique de 1492?
)
8/10