Le Chat à 9 queues |
Réalisé par Dario Argento
Avec Karl Malden, James Franciscus, Catherine Spaak
Giallo, Italie, 1h47 - 1971 |
6,5/10 |
Résumé : Le reporter Carlo Giordanni et Franco Arno, un ancien journaliste devenu aveugle, enquêtent sur le meurtre d'un membre de l'Institut Terzi, spécialisé dans la recherche génétique...
Ma deuxième incursion dans le cinéma de Dario Argento, après
Suspiria et de nouveau une certaine déception.
Le Chat à 9 queues est un « giallo » peu orienté sur la violence et quasiment sans scènes sanglantes ce qui n’empêche en rien, les meurtres par strangulation d’être suffisamment évocateurs et éprouvants.
A l’exception du premier meurtre dont la réalisation est involontairement comique et peu propice à provoquer l’effroi, tant le trucage du mannequin est visible, la mise en scène des autres meurtres est soignée et souvent inventive.
Dario Argento positionne régulièrement le spectateur dans la peau du tueur en utilisant des plans en caméra subjective et marque la présence du tueur par un gros plan très rapide sur son regard. Par ailleurs, il joue sur les tonalités pour amplifier l’impact des meurtres et donner un certain expressionnisme à ses différentes scènes. Des jeux et des variations de couleurs encore discrets qui préfigurent assurément
Suspiria. Il dévoile déjà une certaine maestria dans la gestion des espaces, ainsi cette scène dans un couloir capitonné où il joue avec la matière et la caméra pour susciter l’étouffement. On notera aussi, quelques très beaux plans (escalier, cage d’ascenseur, chambre noire, scènes des packs de lait…) , ainsi que de belles ambiances nocturnes, telle cette scène dans un caveau (d’ailleurs plus comique que stressante), ou cette poursuite sur les toits de l’Institut Terzi, où
Dario Argento jouent de la perpendicularité et de l’ oblique des lieux pour accentuer le suspens et l’imminence du danger.
Le film souffre malheureusement d’un problème de rythme. L’intrigue s’essouffle au gré d’une enquête menée « piano piano » qui se perd dans les méandres de trop nombreuses pistes pas réellement exploitées et que viennent pimenter des meurtres presque prévisibles, même s’il est vrai qu’à aucun moment, on ne devine l’identité du meurtrier avant la poursuite finale sur les toits. Enfin, la tension devient palpable, à partir de la scène du cimetière, mais le métrage touche presque à sa fin.
Sur le plan du scénario, la confusion règne et c’est franchement brouillon. Certes, le but est de perdre le spectateur pour maintenir le suspens jusqu’au final, mais on sent bien qu’il y avait une idée de départ assez novatrice : le gène de la violence et la prédisposition au meurtre et puis que réalisateurs et scénaristes se sont contenter de greffer une série de meurtres sans approfondir les conséquences et les implications d’une telle découverte scientifique. Un peu comme si le réalisateur avait simplement survolé son sujet et que seule comptait la mise en scène. C’est bien dommage, car les neuf suspects aux comportements troubles entre jeu de pouvoir, de passion, chantage, secret inavouable et jalousie, auraient gagné à plus de développement et de profondeur. De tout juste crédible, ils seraient devenus passionnants à suivre dans ce jeu de piste mortel.
En revanche, son duo d’enquêteur est une franche réussite. Une complicité palpable à l’écran, s’établit entre l’aveugle, Franco Arno, interprété par Karl Malden (la tête, le cerveau) et le journaliste Carlo Giordanni, interprété par James Franciscus (les jambes). C’est d’ailleurs, un trio d’acteurs, plutôt qu’un duo. Un aveugle curieux et doué pour résoudre les énigmes accompagné de sa nièce d’une dizaine d’année débrouillarde. Un duo atypique et très attachant, auquel se lie d’amitié un journaliste d’investigation pas toujours téméraire. S’ajoute, Catherine Spaak simplement là, pour pimenter légèrement l’énigme, car sa relation avec Giordanni tombe un peu comme un cheveu sur la soupe au milieu de l’intrigue.
La musique d’Ennio Morricone est souvent trop discrète, alors qu’elle se veut un moteur essentiel du suspens. Elle ne prend vraiment de l’ampleur que dans le générique de fin et c’est bien dommage.
Un film qui se regarde sans déplaisir, mais dont les images ne parviennent pas à transcender un scénario bancal. C’est finalement le duo d’acteurs qui emporte l’adhésion et contribue grandement au capital sympathie d’un film indéniablement trop « plan plan ».
A priori, il existe une version longue qui n’est pas sur l’édition Wild Side, car sur la jaquette, on remarque des images qui ne se retrouvent nulles part dans le film.
Prochaine tentative et plongée dans l’univers d’Argento : Inferno.