AU-DELÀ DU RÉEL
Précurseur d'un genre très restreint,
Altered States lorgne plus du côté du téléfilm dans sa globalité que d'un pur film faute à une photo quelconque, pas très inspirée (hormis quelques mouvements de caméra et 2-3 plans) et une interprétation qui connait des hauts et ses bas : William Hurt est à la fois habité par son personnage passionné, obsédé, torturé et excité par sa découverte mais le reste du casting est banal malgré une présence féminine qui à du caractère et un jeu correct. L'écriture est excellente : adaptation d'un roman, le scénario est passionant pour peu qu'on s'intéresse à se genre de sujet : psychotropes, monde des visions, chamanisme (effleuré), univers quantique, religion, Vie, univers...
C'est complexe, très dérangeant (le genre de malaise qui peut survenir quand un artiste traite de ce genre de thèmes qui nous dépassent complètement et nous entraine soit dans l'infiniment petit soit l'infiniment grand) et c'est tout de même surprenant de voir un film qui mêle une histoire d'amour aussi bien avec la personnalité d'un homme entêté et concentré sur sa vocation tout en parsemant le film de visions que l'on retrouvera plus tard dans des films comme Blueberry, Enter The void (peut-être The tree of Life)...
Ici, c'est largement plus abordable , largement moins long et pas du tout expérimental ou film d'autiste (hein Scalp
) car c'est finalement une "vraie" histoire avec peu de séquences hallucinatoires mais le tout s'imbrique parfaitement bien. Cela dit j'ai quelques réserves sur tout le scène avec "le singe" qui déstructure le film et brise totalement le rythme. On a clairement envie d'en savoir vraiment plus. La fin est magistrale, hallucinante visuellement pour l'époque et certaines scènes peuvent choquer comme le premier voyage dans l'autre monde et le sang, la Bible etc...ça fait presque les jetons.
Faut aussi savoir que le film se base sur des expériences avérées et que ce n'est plus un secret officieusement que certaines pantes ne sont pas des drogues mais des outils pour "voyager". Plusieurs scientifiques se sont penchés sur la question et après de longues études ils n'ont rien prouvés mais admettent l'évidence : ces choses les dépassent et des peuples ancestraux connaissaient ces pratiques alors même que la science actuelle n'arrive toujours pas à expliquer comment il leur fut possible d'accéder à un savoir engrangeant plus d'un millions d'espèces de plants différentes dans la Jungle.
Le film ne traite pas du tout de l'envers du décor sauf une courte scène avec des indiens mais peu utile au sujet. Ça méritait un plus de développement. je pense que le message de l'œuvre est assez clair: certaines choses ne doivent pas être comprises par l'homme et le mystère doit rester entier. A la fin, c'est comme une métaphore que de voir cet homme -qui fut indifférent aux siens par son obsession à vouloir se rapprocher de la Vérité- sauver sa femme en la rattrapant et en l'enlaçant. Comme s'il comprenait que ce qui est important c'est l'Amour, nos proches, nos vies et non la recherche d'un savoir qui nous est impossible à comprendre, à imaginer et surtout à concevoir. Ce n'est pas pur rien qu'il existe de multiples histoires mythologiques ou religieuses dans lesquelles un homme détient la Vérité au détriment sa sa vie. On ne peut avoir les deux.
Le film exprime vraiment bien ce fossé abyssale mais aux falaises très rapprochées entre science/religion, savoir/ignorance, vérité/mystère, folie/passion...
La science admet ses torts et s'ouvre des perspectives grâce à un homme qui bafoue les codes : au départ il expérimente en s'enfermant dans un caisson, de l'eau, des lunettes de plongée noircies, seul et complètement isolé du son ,tout ces ingrédients l'amènent à avoir des visions mais ce n'est pas assez. Grâce à un psychotrope il va accéder à des univers inconnus, métaphysiques et intemporels. Un chaos à la fois absurde, effrayant mais nécessaire. La substance ne créé pas d'accoutumance et ne nuit pas là la santé. Elle est tout de même dangereuse à haute dose mais pour le cerveau. Et la plongée dans ces dimensions peut s'avérer mortelle. L'esprit peut ne pas vouloir en revenir tout comme il peut se faire phagocyter et
On pourrait penser à du Cronenberg pendant le film grâce à un court passage (mais important) sur la mutation, l'origine de la vie, la forme originelle, glauque et horrible...
J'ai notamment pensé à X-files via la photo, l'ambiance globale...
D'autres mondes:
7.5/10