WINTER'S BONE
Un hiver sans neige ; des arbres décharnés, des gens seuls et oubliés dont les seuls compagnons sont les chiens et la rudesse d'une vie champêtre reculée dans les Monts du Missouri. Autour d'eux la nature est animée par une multitude de sons : craquement du bois, croassements des rares corbeaux survolants ces paysages tristes et dépressifs, aboiements des nombreux chiens, au loin des coups de fusils suspects venant pourtant sans doute de chasseurs ou de quelconque campagnards cherchant tout simplement à survivre comme cette scène qui montre les trois enfants à l'affût d'un petit écureuil...
Pour son second film, Debra Granik impose un style immersif : caméra à l'épaule - et dépressif avec une photo assez triste. Hâte de voir son premeir film pour voir si le style diffère ou non mais en tout cas , c'est flagrant que nous sommes face à du cinéma indépendant. Acteurs méconnus mais pourtant impliqués et totalement crédibles; scénario intimiste , profond, dramatique avec une petite touche de suspens, Winter's Bone est un film qui fait penser à Frozen river. des œuvres où les protagonistes prennent le pas sur l'intrigue même.
Jennifer Lawrence est étonnante : à la fois charismatique et fragile son personnage hérite d'une vie rude, lente et routinière. Un frère et une soeur sur le dos, une mère malade totalement absente (on ne la voit que 3 fois dans le film) et un père mystérieusement disparu. L'enquête est donc pour une fois non pas mené par un adulte, un flic ou un tueur ou un trafiquant mais par une jeune adolescente sur le perdue qui doit soit renoncer à sa famille et partir soit les aider et se battre pour garder la maison et les bois.
La partie "suspens est malheureusement très peu prenante, pas passionnante mais ça correspond vraiment à l'ambiance du film. Ici, tout le monde se connait. Les gens vivent très peu éloignés les uns des autres et pleins d'histoires sont gardées secrètes mais toute sont finalement connues par tous. Les secrets sont gardés, tout le monde est très tendu et le tout est très soigné: on se croirait presque dans un western sur certains dialogues rythmés par le vent ou le cri de quelques animaux fuyants un prédateur ou exprimant simplement leur émotion pendant que les hommes vaquent à leurs petite affaires, leurs petits trafiques.
On flirte avec l'ennui tout comme les personnages du film. John Hawkes est excellent avec son côté Sean Penn en plus maigre, sans carrure, écorché vif lui aussi. Winter's bone possède un petit quelque chose de Cormac Mccarthy pour ses romans Le gardien du Verger , l'enfant de dieu et l'obscurité du dehors.
La campagne, les âmes isolées, un monde presque inconnu dont les règles et le mode de vie sont quais ancestraux. La violence règne : en sourdine, latente, mais quasi palpable. On sent que ça pourrait déraper n'importe quand. Voir les scènes avec le sheriff, Teardrop et...
Le temps est dilaté (en tout cas on sent que c'est ce que voudrait la réalisatrice mais sans y parvenir réellement). Fond et forme tout est en tout cas très cohérent. Même niveau musiques on a droit à une espèce de country monotone et mélancolique. Le reste de la como est assez simple, c'est peut-être trop en retrait justement. Ici on a l'impression de voir un film avec Redneck mais avec un traitement intimiste, subtil et intelligent plutôt que les trucs survival/horror habituel. En cela le film est assez original.
7.5/10