Outrage Takeshi Kitano - 2010
C'est peu dire que Kitano s'est perdu dans les 00's, non parce que bon faut être motivé pour se taper ses films de cette période (à part Zatoichi), donc quand il annonce qu'il revient au film de Yakuza près de 10 ans après
Aniki (son meilleur film, toujours utile de le rappeler) on se dit enfin il arrête les conneries. Il signe donc un polar sec, pas de digression, pas d'état d'âme chez les personnages, non c'est brut de décoffrage et frontal.
Le script rapidement de se révèle sans surprise et ultra linéaire avec un jeu de massacre très ludique dont le seul enjeu est de deviner qui deviendra le big boss, de ce fait y a quasiment zéro empathie pour les personnages ( et y a même pas de personnage principal et les personnages sont peu ou pas écrit ). Ici c'est vraiment tous des enculés de la pire espèce même si le clan Otomo, celui de Kitano, est celui qui respecte le plus le code de l'honneur ( y a une vrai fraternité entre les personnages, enfin sauf un qu'on devine rapidement être une petite pute puisqu'il se sucre déjà sur Otomo ). Le code de l'honneur ici totalement démystifier, se couper une phalange n'a plus aucune signification, le respect des chefs même si on obéit c'est du vent, la hiérarchie ça veut plus rien dire, ici tout le monde veut sa part du gâteau et est prêt à tout pour réussir, marre d'être des larbins tout le monde veut diriger, on pense beaucoup à Election de To et c'est le Kitano qui se rapproche le plus des films de Fukasaku dans le ton.
Le film va donc être une succession de meurtres commandités de toute part, tout le monde trahissant tout le monde, certaines alliances durant juste le temps d'un contrat.
Kitano détruit le monde Yakusa avec ce film, en allant un peu loin dans la comparaison on pourrait dire que c'est l'équivalent de
Unforgiven pour le western.
Ici Kitano décrit un monde d'abruti qui s'entretue pour un oui ou pour un non et il introduit un peu d'humour via un ambassadeur africain qui n'a vraiment pas de chance, j'arrive pas à savoir si c'est une bonne ou une mauvaise idée, ça part contre.
J'avais lu beaucoup de papier qui parlait de film très violent, c'est pas si graphique que ça passé une séance chez le dentiste qui fait toujours son petit effet, le film est même assez soft je trouve, genre j'ai lu Kitano montre tout, mouais faut pas exagérer, d'habitude ses séquences violentes était souvent filmé en plans séquence fixe ici il varie un peu c'est pas pour autant qu'il montre tout, bon après y a du sang quoi.
Niveau meurtre pas de grosses trouvailles mais on retiendra quand même la pendaison par voiture, du jamais vu pour ma part et le coup de la langue qui doit faire bien mal.
La réalisation de Kitano est moins contemplative que d'habitude, y a pas de séquences réellement calme et poétique où les personnages peuvent se poser, non ici y a toujours un sentiment d'urgence présent et Kitano varie donc ses séquences de meurtres et il sort quelques plans vraiment sympathiques, il délaisse le hors champs auquel il avait recours habituellement ici il montre tout et tombe dans l'outrance notamment avec ces corps criblé de balles à la mitraillette.
J'aime bien le plan où Otomo vient de buter son boss avec la caméra qui cadre Kitano et la fumée du corps mort qui monte, ça rend super bien et puis on a toujours des magnifiques travelling ( excellent celui vers la fin avec le Mercedes allant récupérer les 2 tueurs ) et pis putain c'est beau, tellement beau qu'on a pas l'impression d'être devant un film japonais tant ces tocards de Kurosawa (le Fake) et Sono Sion nous ont habitué à des trucs tout moche.
Au casting on a donc un Beat Takeshi monolithique comme à son habitude, du côté des autres acteurs ça surprend de pas retrouver les têtes habituelles mais tout le monde s'en sort bien et c'est des têtes connu mais les noms j'ai zappé, on retiendra tout de même Eihi Shiina miss qu'on retrouve dans les
Tokyo Gore Police.
Pas de Joe Hisaishi à la musique mais Keiichi Suzuki s'en sort très bien.
Kitano signe son film le plus brut et finalement le plus accessible aussi.
7,5/10