Les Forbans de la Nuit Jules Dassin - 1950
“The Night in the City... The Night is Tonight…The City is London…” Du tout bon, Widmark en petit arnaqueur visant un peu trop haut et une visite dans un Londres qu'on a pas trop l'habitude de voir ( bein un film noir dans le Londres des 50's c'est pas fréquent ) et c'est sur que ce Londres c'est autre chose que les films de Guy Richie
.
Widmark c'est Harry Fabian un petit truand rarement pris au sérieux qui va s'autodétruire tout seul en magouillant de trop et en voulant se croire plus malin que tout le monde, un loser né qui malgré sa débrouillardise, son bagou et sa roublardise transforme tout ce qu'il touche en échec ( même sa vie amoureuse avec la magnifique Gene Tierney est un échec ).
Dès le départ l'issue est inéluctable ( Fabian est un homme en sursis ) et le script implacable nous emmène là ou on le pensait mais il le fait vraiment efficacement ( et j'aime bien le fait que tout se ligue contre ce pauvre Fabian tellement sûr de lui ) et c'est vraiment très bien dialogué ( y a quelques répliques qui marque vraiment ma préféré étant "An Artist Without an Art"), à noter que le film ne propose pas la femme fatale habituelle du genre.
Widmark livre ici une de ses meilleures prestations ( bon c'est vrai à la base je suis un fan aveugle de l'acteur mais là il est vraiment vraiment génial ), il est vraiment habité et rend la "folie" de son personnage vraiment palpable même quand il en fait un peu trop ( les passages avec son rire forcée ) ça fonctionne à fond, un vrai anti héros qui qui se sert de tout le monde mais qui arrive tout de même à être attachant tant malgré tout il reste sympathique, on ne ressent pas une once de méchanceté chez cet homme.
La galerie de personnage dans ce Londres labyrinthique des bas fonds ( à priori tout en décors naturel ) et toute sa faune est un vrai délice et on y trouve peu de gens honnête ( à part Gene Tierney et le lutteur Gregorius, un excellent personnage qui trouve à raison que le catch c'est de la merde
) tout étant régit par l'argent avec le couple qui tient le Silver Fox, Googie Withers étant un peu l'alter ego féminin de Fabian, tout les truands de bas étages, le prometteur chef de la pègre, l'étrangleur à la tronche bien patibulaire, tout ce petit monde est rapidement caractérisé de façon efficace.
Et en plus la réalisation de Dassin ( qui fut donc obligé de tourner en Europe pour les raisons que l'on sait, si vous savez pas je vous invite à chercher la raison
) c'est du lourd, outre une utilisation parfaite du noir et blanc avec utilisation intelligente du clair obscur, et un gros travail sur les zones d'ombres des ruelles Londonienne ( étroite et crasseuse ), Dassin se permet quelques petits plans séquences très audacieux et certains magnifique gros plan sur les visages :
, et on a même un combat de lutte qui reste vraiment efficace ( c'est plutôt brutal pour l'époque ) et puis on a une dernière demi heure vraiment haletante qui nous laisse sans répit avec un Fabian en bête traqué et acculé dans une ville devenu terriblement dangereuse développant un coté fantastique appuyé
, on se met à espérer que Fabian s'en sorte tant on prend le personnage en pitié.
La BO dans l'ensemble est bonne mais sur la fin ça a vraiment tendance à faire beaucoup trop et ça nuit un peu à l'image.
Un grand film noir de chez noir, l'un des tout meilleurs film noir que j'ai vu pour le moment, en fait LE meilleur film noir.
9,5/10