World Invasion : Battle Los Angeles
Réalisé par Jonathan Libesman
Avec Aaron Eckhart, Michelle Rodriguez, Bridget Moynahan, Ramon Rodriguez
(2011)
N’ayant pas suivi le battage médiatique et n’ayant vu aucune bande annonce, je ne savais pas à quoi m’attendre avec ce film. En fait, j’ai découvert qu’il s’agissait d’un film sur une invasion extra-terrestre, lorsque Heatman l’a proposé dans la liste de son topic « Vos attentes en 2011 [pronostiques Inside] ». Comme j’aime bien presque tous les films que j’ai vu à ce jour, qui ont pour sujet des invasions extra-terrestres , ce film était logiquement fait pour moi et je n’ai franchement pas été déçue.
Un film caméra « embarquée », qui plonge le spectateur au cœur du conflit, les informations que nous avons sont les mêmes que celles qui sont données à ce groupe de Marines. Nous tressaillons avec lui, nous découvrons en même temps que lui, la teneur de la menace. Des informations qui nous parviennent depuis des moyens détournés (radios, télés restées allumées, reportage live, plans…), le spectateur n’est pas dans la position de celui qui sait, qui a vu la menace arrivée, il est juste dans la même situation que les soldats, paumé au milieu du chaos… Un film en temps réel. Pas de présentation de l’arrivée des vaisseaux, des enjeux, des raisons, pas de discours politiques…. De l’action, des décisions à prendre pour survivre et des ordres à suivre auxquels se raccrocher, rien que ça, ni plus ni moins. Deux jours dans la vie de Marines qui se retrouvent au cœur d’une guerre d’invasion et pour la première fois dans la position des colonisés, attaqués sur leur propre sol. J’ai trouvé ce traitement crédible (si tant est qu’il existe d’autres civilisations plus évoluées que la notre dans l’univers). Si la terre devait être un jour envahie, je pense que ça pourrait très bien se passer ainsi, sans alerte et brutalement. Tout reposerait alors sur de simples soldats et sur leur capacité à se dépasser ou pas. La nécessité d’abandonner le terrain pour mieux se regrouper et pouvoir contre attaquer, c’est la tactique courante de ceux qui subissent les attaques et se font massacrer.
Pas de grands vaisseaux qui détruisent tous les monuments du pouvoir sur leur passage, pas d’états-majors prêts à nous faire exploser des bombes atomiques partout, pas de «et si c’était des Russes ou des Chinois »… Juste une guerre urbaine contre des aliens, cette guerre qui s’est généralisée à la fin du XXème siècle et au début du XXIème siècle devenant la principale forme des combats de notre époque. J’ai trouvé ce parti pris assez réaliste. Alors, oui les scènes de combats ne sont pas toujours très lisibles et ça bouge dans tous les sens. C’est un peu comme si le spectateur portait la caméra et qu’il était dans la peau d’un correspondant de guerre qui suivait une unité au cœur de l’action. Une sorte de témoin des évènements dramatiques qui se déroulent. Une histoire simple, efficace et prenante de bout en bout. J’ai vraiment vibré avec ce groupe de Marines et civils qui tentent de s’en sortir dans les décombres de cette jungle urbaine enfumée. On ressent l’urgence de la situation, les affrontements violents, on passe par de nombreuses émotions, au milieu du champs de bataille qu’est devenu Los Angeles, panique, désespoir, peur et l’adrénaline qui permet de trouver les ressources de survivre.
S’ajoutent des effets spéciaux et sonores très réussis avec ces soldats aliens dont les armes sont greffées et ces drones bien conçus. Leur logistique, leur matériel, leur tactique est assez semblable à celle des hommes, c’est la surprise et la violence de l’attaque et surtout leur origine qui tétanisent et déroutent d’abord les armées. Ce ne sont pas des super-extraterrestres invincibles et technologiquement ultra supérieurs qu’on arriverait par miracle à vaincre grâce à un virus. Passé le choc de la découverte, la tactique militaire reprend le dessus, trouver la faiblesse de l’adversaire pour tenter de reprendre l’avantage. Des aliens plutôt réalistes finalement, dont les méthodes de colonisation sonnent justes : invasion d’un monde dont les ressources naturelles sont en accord avec les besoins de l’espèce. Pas comme les aliens de Signs pour lesquels l’eau est fatale et qui décident d’envahir une planète couverte à 70% d’eau !!
Un film vu du point de vue et à travers le regard des combattants. La Guerre des mondes avait positionné le public, dans la situation des civiles, de ces gens ordinaires, victimes de l’attaque Alien, World Invasion nous place dans la peau des « rangers », de ces soldats qui se retrouvent en première ligne. J’ai trouvé cette optique intéressante.
Certes, le film n’est pas exempt de défauts. Forcément, il y a une introduction (somme toute assez courte) des différents protagonistes. La présentation des personnages, c’est le passage obligé de tout film, celui là ne déroge pas à la règle. Il est certain que dans le cas présent, si la présentation n’est pas trop envahissante, elle ne fait pas dans la dentelle question pathos. On a le bleu de service obligatoirement puceau, les blagues vaseuses dans la plus pure tradition des Marines (quoique moi, les punchlines des Marines, ça me fait toujours rire, surtout dans Predator), la première mission du lieutenant, celui qui va se marier, celui qui a perdu son frère et qui se retrouve sous les ordres du sergent qu’il juge responsable de cette perte et bien évidemment le sergent qui ne se remet pas de la perte de ses hommes en Irak et dont les soldats se méfient pour cette raison. Il fut un temps où les héros, soldats ou ex-soldats étaient obligatoirement des traumatisés du Vietnam, maintenant ce sont des traumatisés de l’Irak. Malgré l’accumulation de clichés, j’ai trouvé que dans ce registre vu cent fois, les acteurs étaient plutôt bons. J’ai apprécié la prestation d’Aaron Eckhart dans le rôle du sergent Nantz, tout en sobriété et retenue avec juste un petit moment « John Wayne ». Idem pour Ramon Rodriguez qui incarne le Lieutenant Martinez, conscient de ses limites, de son inexpérience et qui fait ce qu’il peut vu les circonstances et puis Michelle Rodriguez toujours impeccable dans ce genre de rôle.
Alors, oui le final du film est discutable, un petit café et ça repart, car il est peu probable qu’un soldat qui vient d’échapper à l’enfer retourne immédiatement au combat. Même l’esprit de corps, ne pousserait probablement aucun soldat à tant de dévouement. Le discours de Nantz, au gamin après la mort de son père est risible et propagandiste, mais là par contre, il est tout à fait dans le ton de ce que certains militaires (parmi mes connaissances) seraient capables de dire. Que de temps en temps, un film s’oriente vers l’apologie des trouffions et du patriotisme, veuille redorer le blason bien terni ces derniers temps, de l’armée américaine, ça ne me dérange pas plus que tous les films qui critiquent, qui dénoncent, qui vilipendent ou se moquent de cette même armée. Ça me fait juste sourire de manière ironique, mais ça ne risque pas en tout cas de me gâcher le film.
Pour ma part, un film divertissant et immersif, bourré d’actions, dans lequel on ne s’ennui pas une seconde, dont le sujet est traité de manière un peu plus réaliste qu’a l’accoutumé. Pour moi, le spectacle fut suffisamment prenant et à la hauteur pour faire passer à la trappe, le côté film à la gloire du corps des Marines (honneur, obéissance, devoir, sacrifice).
7/10
C'est le genre de film avec lequel je suis bon public et j'assume complètement