Abel 6,5/10
Abel est le premier film de Diego Luna, souvent vu aux cotés d'un Gael Garcia Bernal plus en réussite, mais le film est une bonne petite surprise.
On rentre tout de suite dans l'histoire avec le retour d'Abel chez lui après un séjour à l’hôpital. Son entrée est impressionnante, Abel est un véritable alien, il n'ouvre pas une seule seconde la bouche et regarde sa famille comme des étrangers. Au fur et à mesure on distingue la transformation d'Abel en père et chef de famille: commence à porter des bagues et des chemises et va même jusqu'à dormir avec sa mère qu'il considère comme sa femme.
L'autre élément important va être le changement de dialogue et de position par rapport à son frère et sa sœur qui deviennent progressivement « ses » enfants. Au départ cette situation n'est pas trop oppressante avec des gestes simples comme une remise en place de la couette de sa sœur. Puis la pression au sein de la maison monte de plus en plus et ne retombera jamais jusqu'à la fin du film ce qui en fait un très bon point fort.. De plus la situation devient marrante et quelque fois malsaine: Abel qui demande des explications sur les notes de sa sœur ou qui doit gérer la venue de son petit copain et d'un coté plus malsain la relation avec sa mère...
Enfin le père arrive et là c'est vraiment l'apothéose avec des scènes pleines de tension où les regards qui se croisent lors des dîners maintiennent un rythme important. On reçoit aussi des informations qui viennent perturber mes relations au sein de la famille et qui au fur et à mesure des découvertes (tromperie, pseudo « inceste »).
La réalisation est correcte, Luna propose de nombreux plans centrés sur chaque membre de la famille lors de ces scènes étranges et insistent son cadrage sur le jeu des regards et les mimiques naissantes d'Abel. La courte durée du film (1h20) permet de ne pas trop exagérer avec des situations grotesques et répétitives. On suit un épisode de la famille de cette famille avec la sortie et l'entrée d'Abel de l’hôpital.
Pour finir le twist de fin et le final sont touchant et émouvant, les accords de guitare durant le film apaisent.
L'enfant, Christopher Ruiz-Esparza qui incarne Abel est parfait ainsi que son petit frère (dans la vraie vie aussi), Gerardo Ruiz-Esperanza. La mère, Karina Gidi est remarquable lors des situations assez gênantes, elle reste sérieuse et retransmet parfaitement ses sentiments d'impuissance face à son fils.
Diego Luna avec la collaboration de son ami, Gael Garcia Bernal réussi son petit film passé malheureusement inaperçu. Le cinéma mexicain satisfait toujours autant.