The Night Of The Hunter (La Nuit du Chasseur) de Charles Laughton
(1955)
Deuxième vision pour ce film que j'apprécie toujours autant sans toutefois l'aduler. Je dirais même presque que je rehausse un peu mon jugement vis à vis de l'œuvre tant j'avais oublié à quel point la réalisation est magnifique sur bien des points. Pourtant, quelques défauts font que je ne peux considérer le film comme un réel chef-d'œuvre.
Tout d'abord, après avoir vu The Night Of The Hunter, on ne peut que regretter amèrement que ce soit l'unique film de Charles Laughton, lui qui a réussi à prouver en un seul film qu'il avait le potentiel visuel à peu près égal à celui d'Orson Welles. Car s'il y a bien une chose qu'on ne peut reprocher à son film, c'est bien son ambiance et ses plans. Entre le récit gothique et le conte de fée, Laughton s'amuse à promener son public parmi plusieurs genres différents, ce qui amène des plans véritablement mémorables, à l'image de ces coupes transversales de pièces (ceux de la cave et de la chambre sont magnifiques), du passage onirique de la fuite en barque (où la nature prend une place importante) et surtout cette image superbement morbide de la femme noyée, cheveux blonds dansants au gré du courant. Quand au noir et blanc, on ne le voit que très rarement aussi bien utilisé, Laughton jouant énormément sur les contrastes et leurs significations. En parlant de fond, notons aussi que The Night Of The Hunter regorge de possibilités d'interprétations, ce qui en fait une œuvre véritablement très riche.
Pourtant, on ne peut s'empêcher de remarquer quelques défauts au film, notamment les dix premières minutes avec un montage plus que bancal où les scènes s'enchaînent assez maladroitement, le film souffre aussi de la prestation du jeune fils, surjouant à mort pendant la totalité du récit et décridibilisant la plupart de ces scènes, au contraire de sa jeune sœur toujours correcte et surtout au contraire de Robert Mitchum, magistral. Un film révolutionnaire pour son époque (hélas pas reconnu à sa sortie) avec une qualité qu'on aimerait voir plus souvent, mais aussi un film un poil trop surestimé aujourd'hui.
NOTE : 7,5/10