127 HEURES
Danny Boyle est un sacré technicien et il le prouve encore une fois avec 127 heures, sorte de Man VS Wild teinté de film sport outdoor new age totalement fou aux séquences splittées, musiques entrainantes, excellente photo tout en polarisant et grand angle magnifique sur des paysages rocailleux désertiques et arides dont l'âge dépasse l'entendement.
James Franco incarne un sportif du dimanche à l'aise dans ce no man's land peuplé de rares touristes, randonneurs/trekkeurs. Interprétation intense : on sent l'acteur habit par son rôle (pas par son personnage parce que niveau écriture c'est totalement transparent et ça facile grandement l'identification) de simple âme humaine de passage dans un immense territoire inviolé. Boyle prouve encore une fois osn savoir faire et son style atteint des sommets en terme de plans.
Impossible de s'ennuyer malgré une absence totale d'intrigue. Les 30 premières minutes sont vides mais ce manque est comble par le sublime spectacle offert par :
1- la technique (bon Boyle change pas de recette mais ses films possèdent un effet coup de poing fulgurant qui donne la pêche
150 plans à la minute, un montage souvent nerveux mais bien calculé etc.. )
2- les paysages (aidé par une photo tout simplement géniale: la petit scène où le Soleil se lève et le jeu d'ombre dans la crevasse c'est d'une poésie...)
La seule rencontre du "héros" avec les deux filles ne sert à vraiment à grand-chose et vu le traitement bâclé de la chose nous n'étions pas prêt de nous attacher à qui que ce soit mais le but n'est pas du tout ici car 127 hours retrace avant tout une journée simple, d'un homme simple, qui va tomber dans une crevasse accompagné d'un rocher qui ne le lâchera plus tel les chaines de Prométhée perdu dans les montagnes du Caucase.
Le film est presque un documentaire : en tout cas d'un genre de reconstitution d'une situation de survie. L'important n'est pas l'histoire même, ni le "perosnnage" mais juste : la situation et ce qu'elle entraine chez un homme. Ça aurait pu être n'importe lequel. d'ailleurs même les rares "flash" de sa vie sont tellement abstraits que n'importe qui peut s'identifier. On ne suit carrément pas concrètement l'histoire d'un homme bien précis. C'est parfois confus mais c'est clairement voulut: le réalisateur tente de mettre en images ce que devait réellement vivre à ce moment précis cet inconscient qui n'a prévenu personne sur sa sortie, confiant qu'il était de ses compétences et de ses connaissances sur une nature imprévisible et impartiale.
James franco est impliqué et sa performance atteint son apogée via la fameuse scène façon Gollum : ce n'est pas tant l'exercice en lui-même que
impressionne mais l'émotion qui se gage du "tout". Cette solitude, cette vie qu'il se remémore par bribes indistinctes à nos yeux mais d'une profondeur évidente: son amour, ses parents, sa sœur, quelques amis: le tout est subtil, rien n'est surligné (d'ailleurs il n'y pas de dialogues ou peu sur ces flash-back). Souvent il mélange pleins d'éléments et en arrivant sur la fin il y a bien 5-7 minutes de "visions" et d'ambiance quasi onirique où le protagoniste recolle les morceaux. Tout le film développe très bien plusieurs aspects sur la survie du bonhomme et insiste bien sur les détails importants dans une telle situation comme l'eau, les sels minéraux, l'urine... on pardonnera la fin niaise et toute faite qui fait beaucoup penser à celle d'un Rescue Dawn qui lui se la jouait largement moins carte postale.
Autant le vide peut vite saouler le spectateur qui a besoin d'une intrigue de base avec un personnage développé etc..autant je trouve que sur un tel film ça n'a aucun intérêt...ou presque car on est en droit de se demander si tout ceci valait vraiment la mise en chantier d'un long-métrage plutôt que d'un excellent doc-reconstitution d'un fait qui donne l'impression de n'avoir eu lieu que pour mettre en garde le reste du monde sur les dangers des activités outdoor surtout dans les no man's land. Façon Into the wild qui lui était bien plus passionant (masterpiece) grâce à son personnage foutrement intéressant et des vrais rencontres etc...127 heures n'aurait peut-être du rester qu'un livre-témoignage. En l'état et techniquement c'est un must qui laisse toutefois un goût insipide une fois le générique terminé. En tout cas mon cœur balance car jamais je ne me suis ennuyé : j'étais même complètement dans le film, tout près de l'acteur, je sentais presque le froid de la nuit dans cette crevasse et la douce chaleur tant attendu de l'aube entravée dans sa course par la roche millénaire.
7/10