Coups de Feux dans la Sierra Sam Peckinpah - 1962
Second film de Peckinpah ( je viens juste de découvrir que c'est son second film j'étais persuadé que c'était son premier, du coup faut que je choppe New Mexico même si Peckinpah a rapidement renier ce film ) et les prémices de son cinéma sont déjà là, si sur la forme c'est de facture très classique sur le fond l'histoire de ces 2 cowboys fatigué et cynique c'est du pur Peckinpah, on retrouve tout ce qui fait la force du cinéma de Peckinpah : histoire d'amitié qui va tanguer à cause de l'appât du gain, regret des vieilles valeurs qui se perdent comme le sens de l'honneur, femme qui s'en prend plein la gueule ( la scène du mariage c'est épique et baroque avec les prostituées qui ressemblent à rien en demoiselle d'honneur et tout les frangins voulant culbuter la mariéé ) et bien entendu le fucking baround d'honneur final, le ton crépusculaire est déjà bien là bon la fin ici est moins nihiliste que d'habitude car ici la morale survit mais on est loin d'un happy end ( le plan final quoi c'est pas joyeux ), en fait ici c'est plus un ton nostalgique qu'un Wild Bunch par exemple, car même si le script est pas de Bloody Sam on voit clairement qu'il y a apporté sa touche.
Par rapport aux autres Peckinpah il y a un truc qu'on ne retrouve pas ailleurs, c'est la filiation et le parcours initiatique du jeune couple.
Dès l'intro on voit que c'est différent le vieil Ouest est bel et bien mort, l'intro c'est plus le farwest que l'on connait avec des vélos, des voitures et mêmes des putains de dromadaires, les légendes ne sont plus ce qu'elles sont. A l'image de ses 2 vieux héros un peu brisé par la solitude qui vont réapprendre à se connaitre, le film prend son temps, le rythme est pépère sans qu'on s'ennuie une seule seconde ( j'adore tout le début avec ce vieux duo tellement content de retravailler ensemble, on sent que la solitude a pesé sur eux, le début du film plein de nostalgie et tendresse est vraiment très beau ), l'action est très rare ( seulement dans les 20 dernières minutes ) mais c'est en rien un défaut car Peckinpah raconte avant tout une histoire solide et même le perso du jeune cowboy fougueux si cliché est ici vraiment pas chiant et le coté passage de témoin entre la vieille génération et la jeune est ici bien traité.
Sur la forme c'est donc très classique, Peckinpah ne tente pas encore mais il livre quand même un excellent boulot avec un très beau scope ( la photo est sublime et le dvd lui rend vraiment honneur ) et du bon petit gunfight ( le duel final est particulièrement réussit avec un excellent montage et des plans vraiment classe avec ce duel 2 vs 3 à mi distance qui commence par une merveille de plan d'ensemble en contre plongée :
) et quand le premier coup de feu est tiré il n'y a plus d'échappatoire, on avance en vidant son chargeur et quand on regarde ce baround d'honneur on se dit qu'il a une signification particulière pour Scott, ceci étant son dernier film, ce gunfight visuellement est surement le moins impressionnant au niveau de la violence visuelle mais niveau émotionnellement c'est très très puissant.
Et quand on se dit que le film a été tourné en 26 jours on ne peut être qu'impressionner par le résultat final ( en plus pour une fois il a eu le final cut ) et puis à la photo on retrouve un des meilleurs chef op de l'époque : Lucien Ballard qui donne un magnifique ton automnale au film.
C'est aussi un des seuls films où Peckinpah a eu le final cut, le film étant une petite production, MGM se foutait royalement du film et à foutu une paix royale à Peckinpah, et le film a été un vrai succès critique, raflant des prix dans tout les festivals ( Cannes entre autre ).
Randolph Scott trouve ici le rôle de sa carrière ( et rare sont les acteurs à trouver ce rôle pour leur dernière prestation ), alors quand on connait bien le genre on est habitué à cet acteur figure mythique du genre qui tourne depuis les 40 quasiment exclusivement dans ce genre, c'est lui qui a inspiré Leone et Clint via ses interprétation chez Boetticher, dans tout ces westerns il avait un jeu très unidimensionnel, toute en retenu et stoïcisme, ici il campe pour la première fois de sa carrière un personnage réellement ambigu et puis je trouve que tout le vécu western qu'il a fait qu'on croit vraiment à son personnage qui voudra à tout prix racheter sa faute, son histoire d'amitié avec Joel Mc Crea est vraiment le coeur du film et chez Peckinpah y a pas besoin de beaucoup de parole pour qu'on adhère au personnage et à leur histoire d'amitié, on suit vraiment avec plaisir les aventures de ce duo en fin de vie ( le perso de Mc Crea veut juste mourir la conscience tranquille ) toutes leurs scènes communes sont un vrai régal, McRea lui aussi est une figure emblématique du genre et lui aussi il trouve ici son meilleur rôle, ce cowboy old school et intrègre qui a du mal à s'intégrer dans ce nouveau monde en pleine évolution, Warren Oates est déjà là et dès le gros plan sur sa trogne on a le sourire au lèvre ( dès ce premier plan on sent que Peckinpah adore cet acteur ) et il est vraiment classe avec son corbeau sur l'épaule, tout le reste des seconds rôles est bon et on reconnait d'autres acteurs qui bosseront avec Peckinpah sur ses autres films ( R.G.Armstrong en tête ).
Western indispensable qui marque bien la transition entre les westerns de papy et ceux de la nouvelle génération, Peckinpah dès ce premier "vrai" film imposait sa vision décadente du genre.
Clairement pas un Peckinpah mineur !! C'est l'entrée du western dans l'ère moderne et tout simplement le premier vrai western crépusculaire. Et le mot de la fin pour Bloody Sam qui parle de son film en ces termes :
« C’est, en quelques mots, un film sur le rachat et la solitude. La solitude de ces deux légendaires officiers de paix oubliés par le pays qu’ils avaient pacifié et qui grandissait désormais sans eux 9/10