LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN de John Carpenter
Jack Burton accompagne son ami Wang Chi à l'aéroport de San Francisco afin d'accueillir Miao Yin, la fiancée de ce dernier. Mais celle ci est convoitée par Lo Pan, un puissant sorcier désincarné qui pense pouvoir récupérer son enveloppe charnelle en épousant une chinoise aux yeux verts. Jack, simple camionneur, se retrouve au cœur de Chinatown, au beau milieu d'une lutte surnaturelle entre les puissances du Bien et du Mal.Après plusieurs films fantastiques plutôt sérieux, John Carpenter décide de se faire plaisir. Doté d'un budget de 25 millions de dollars, il se lance dans cette aventure, sorte de melting pot improbable entre comédie, action, film d'arts martiaux et de sorcellerie.
Au cœur de ce récit, Big John décide de casser les conventions du film d'action hollywoodien, en mettant un scène un anti héros légèrement idiot et souvent incompétent. Pour incarner Jack Burton, il va engager son acteur fétiche Kurt Russell, rendu célèbre par son rôle mythique dans NY 97.
Carpenter lui offre ici un rôle à l'opposé de Snake Plissken, un personnage surtout fort en gueule, prétentieux mais qui s'avère assez lâche et hésitant lorsque l'action bat son plein. Un personnage constamment dépassé par les événements auxquels il va être confronté.
Jack Burton, c'est avant tout un pur film d'exploitation, où Carpenter rend hommage au cinéma asiatique, de Baby Cart aux films de la Shaw, en passant par le Zu de Tsui Hark. Choix totalement risqué quand on connait le peu de popularité que rencontre le cinéma asiatique en Occident dans les années 80, surtout connu à travers la carrière de Bruce Lee. Le public comme la critique ne connaissant pas ou mal le cinéma dont Carpenter s'inspire, le film s'avérera être un échec commercial retentissant, en ne rapportant que la moitié de son budget au box office américain. Une débâcle qui dégoutera Carpenter des grands studios hollywoodiens.
Cependant, le film allait trouver une seconde carrière dans son exploitation en vidéo, devenant bientôt un des films les plus demandés en vidéoclub, et se forgeant ainsi une nouvelle réputation auprès de spectateurs prés à adhérer à ce petit bijou d'inventivité, ultra référentiel et foncièrement jouissif.
25 ans après sa sortie, que-reste-t-il du film?
La réalisation de Carpenter est toujours très maitrisée, notamment son utilisation exemplaire de la Steadicam. On se rend compte aussi à quel point Jack Burton était un film précurseur, mélangeant des genres divers en incluant de multiples références parfaitement digérés, et qui s'avère encore aujourd'hui d'une modernité flagrante. Certains pourront lui reprocher des effets spéciaux légèrement kitsch, je trouve qu'ils participent pleinement au charme du film.
Un film que l'on peut considérer comme un modèle pour le cinéma postmoderne récent, dont les héritiers seraient Kill Bill, Crazy Kung Fu ou encore Scott Pilgrim.
9/10