Des Hommes Et Des Dieux de Xavier Beauvois
(2010)
Second visionnage du film et force est de constater que Des Hommes Et Des Dieux risque d'être ce genre d'œuvre qui se bonifie au fil des visions. A sa sortie cinéma, j'avais trouvé le film bon mais empreint d'une patte auteurisante (dans le mauvais sens du terme, à l'image de ce cinéma français qui se croit plus intelligent que les autres) qui l'empêchait de devenir véritablement marquant, la faute notamment à un rythme beaucoup trop lent et quelques longueurs sur le final.
A la seconde vision, la pilule passe beaucoup mieux puisque l'on se rend compte que le film entier est basé sur une attente, une peur jamais véritablement nommée, à la manière d'une tragédie dans laquelle la totalité des éléments seraient placés dans le seul but de servir un final qui devra marquer les esprits. Avec un sujet pareil, Xavier Beauvois tente de prendre le spectateur à contre-pied en transformant ce que devait être un film basé sur un fait historique français (genre de films qui ne réservent jamais de véritables surprises) en une histoire touchante, humaniste et universel, l'histoire d'hommes qui tentent, malgré des forces qui les surpassent (peur, armée, terroristes) d'aller jusqu'au bout de leurs idéaux. L'histoire est donc totalement traité par un point de vue à hauteur d'homme, Beauvois ne cherchant jamais le spectaculaire ni la dénonciation gratuite, sachant très bien qu'il réalise un film avant tout, et non pas un brûlot politique.
La mise en scène de Xavier Beauvois est d'ailleurs exemplaire dans ce sens, puisqu'elle reste toujours très juste dans le ton des scènes. Avec une majorité de plans fixes toujours superbement cadrés, il arrive à plonger le spectateur dans un point de vue pourtant peu accessible, un point de vue où l'entraide et le dévouement de soi pour les autres passerait avant toute chose. Notons d'ailleurs qu'à l'instar du magnifique Munich de Steven Spielberg, Xavier Beauvois ne prend jamais position sur une idée ou une autre et arrive donc à un véritable consensus qui fait la force du message du film, dévoilé dans un monologue de Lambert Wilson qui reste longtemps en tête après la vision du film. Cette scène est d'ailleurs l'une des nombreuses à rendre le film véritablement passionnant, tout comme la scène de l'hélicoptère (exemple génial de tension avec peu d'éléments) et surtout la scène du dernier repas qui, au-delà d'un parallèle biblique évident, est tout simplement grandiose en terme d'émotion ressentie. Rajoutons à cela des acteurs au sommet de leurs talents, Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin et Jacques Herlin en tête et on obtient clairement, avec A Bout Portant et Enter The Void l'un des meilleurs films français de 2010.
NOTE : 8/10