7/10
We Own the Night de James Gray - 2007
Film que j'avais pas revu depuis plus de 10 ans et je revois un peu mon avis à la baisse, alors c'est toujours un chouette film (bien meilleur que tout ce qu'il fera par la suite, d'ailleurs j'aime plus rien dans sa filmo après ce film), pour moi ses premiers films c'est un début de carrière presque parfait :
The Yards est un des seuls films qui soit un digne descendant du parrain, Little Odessa est un magnifique film (qui du coup vieillit mieux que ce film).
Pour la 3ème fois Gray faisait donc un film sur la famille et 2 frères avec tout ce que ça implique comme thème : devoir, pardon, rédemption et forcément on est devant une vraie tragédie au sens noble du terme et on peut dire qu'il s'est forgé un vrai style à lui, d'ailleurs je trouve qu'il a tellement réussit à se faire une place que par la suite on a eu des mecs qui faisait des films à la Gray.
Bon alors oui l'histoire est pas originale (c'est pas sur ça que le film m'a gêné), c'est toujours la même rengaine, toujours le même thème de la famille mais putain quel maitrise de son sujet (car tout ce qui touche à la dramaturgie est parfait) et même avec un thème familiale rabattu Gray nous surprend ( car le script est de lui ) car là ou on pensait voir une rivalité fraternelle, Gray nous surprend et on va avoir une famille soudé ce que laissait pas présager le début du film et sur ça le film est très bien écrit. Mais voilà il y a des trucs qui gênent dans comment tout va s'imbriquer et j'ai énormément de mal avec la justification de la visite de la planque, c'est une drôle d'idée et l'explication est vraiment légère et on comprend pas trop pourquoi les Russes ne butent pas Phoenix après avoir buté son père et puis la fin en mode allez hop en une phrase on sait où on doit aller, ça me dérange, alors c'est des petits détails mais c'est ce qui fait que le script n'est pas parfait.
Heureusement es relations entre entre les personnages sont vraiment bien écrites et rien ne vient plomber le métrage, aucune scène n'est superflue, les passages émotionnels sont réussis et traités avec simplicité et efficacité ( plan et dialogue final parfait en tout point ).
Le film commence par une intro de fou (Eva qui se caresse sur du Blondie quoi) avec une vue magnifique sur la foule du club et ou le perso de Phoenix est le roi des lieux, la bande son est terrible ( de la bonne musique année 80, c'est si rare de la bonne musique de cette période), la mise en place est exemplaire et le contraste avec la soirée des flics fonctionne bien ( Gray utilise notamment un travelling similaire dans les 2 séquences : l'un sur le bar avec les meufs et l'autre sur la bouffe cuisinée par les flics ).
Et pis quel talent pour mettre en scène des séquences chocs : la séquence du labo en terme de montée de tension on fait pas mieux, l'identification fonctionne à bloc ( on a carrément l'impression d'être dans la pièce ) et la tension ( carrément palpable, on sent même oppressé tant l'appart est petit et la zic parfaite ) monte tout doucement mais surement ( les passages dans l'obscurité font bien leur effet et le score est impeccable, en terme de montage c'est efficace comme pas permit ) pour se terminer avec un gunfight chaotique où une tête explose ( bein ouais un coup de shotgun c'est douloureux ). Et puis on a cette course poursuite en voiture où Gray paye son tribut à Friedkin où Gray tente et réussit une approche immersive en collant à la place du héros mais il le fait sans la péter techniquement là où certains aurait tenté un plan séquence pour nous en mettre plein la vue ( ici on se demande pas comment ça été fait tellement qu'on est prit dans la scène ) lui il entrecoupe la scène de plan d'ensemble bienvenue, ce passage c'est aussi une utilisation intelligente de CGI avec de la fausse pluie ( très réussie) et une sacrée ambiance sonore avec le bruit continue des essuies glaces, c'est le genre de détails qui apporte un réel plus à la scène
Gray filme la nuit à merveille, son film est tout simplement beau, par contre un petit truc qui m'a gêné (encore une fois) à la revoyure, c'est le manque de monde dans les rues, on est à New-York putain et c'est toujours vide.
Et comme je l'ai dit Gray sait très bien en scène les séquences intimistes qui ne paraissent jamais lourde ou pathos, il sait saisir la gravité d'une séquence sans en rajouter avec une économie de plan qui force le respect, la marque des plus grands qu'on appelle ça.
Par contre le climax final est décevant surtout quand on repense aux 2 autres grosses séquences du film et la seconde heure est tellement tendu qu'on attendait vraiment un énorme final et là si j'ose dire on a un truc un peu basique avec notamment une utilisation balourde du flashback via le perso de Wahlberg. Avec une fin plus marquante j'aurai mis plus et là je termine donc le film sur une scène décevante à mes yeux.
Le casting est pas trop mal malgré la présence Phoenix,, c'est pas un secret c'est un acteur qui me gonfle et rare sont les prestations où je le tolère et là je le trouve même bon, on croit à toutes ses émotions et l'évolution de son personnage est vraiment un des points forts du film ( même si le coup il devient tout ce qu'il a toujours fuit est pas nouveau ici ça fonctionne grave tant le fardeau qu'il porte est lourd, et à la fin même si regagne un frère, il perd sa femme et ses 2 pères ), Eva Mendes est pour une fois très bien et Gray sait vraiment la mettre en valeur, ah ce putain de ralenti sur elle déambule dans le couloir, ici comme pour Theron dans The Yards elle a un vrai rôle à défendre qui va plus loin que celui de belle poupée, elle tient vraiment son personnage et Gray saisit bien l'essence du perso, Walhberg, que j'aime bien, c'est pile poil les rôles qui lui faut mais il est un peu moins bon que dans The Yards ( par contre son personnage est un peu trop survolé quand on compare avec celui de Phoenix ) et Robert Duvall bon bein c'est Duvall quoi donc le rôle de patriarche il gère et quel scène où il apprend que son fils s'est fait tirer dessus.
La BO de Wojciech Kilar est discrète mais oppressante ( cf séquence de la planque ) mais aussi très poignante.
Rien a jeter dans ce film tout est parfait. Un des meilleurs films de l'année 2007 et un des meilleurs polar des années 2000, clairement un des dignes héritier des grands polars des 70's, un revival 70's qu'on aimerait voir plus souvent.
Un film qui fait forcément penser au polar de Lumet (influence majeur du film, déjà le coté flic NY et année 80 ça interpelle direct et à la vision on sent bien l'influence, l'ouverture du film c'est du Lumet tout craché) en plus percutant et forcément moins "vrai" ( le NY de Gray c'est du pur fantasme par rapport à Lumet mais ça le rend carrément plus immersif et prenant ). Un bon petit polar mais pas un grand film comme je le pensais quand je l'ai vu au cinéma.