Unthinkable (No Limit) de Gregor Jordan
(2010)
Une jolie petite claque de prise avec ce film véritablement surprenant. Il faut dire que j'en attendais pas grand, n'ayant jamais regardé le moindre trailer ou même lu le synopsis. Du coup, je m'aventurais en terrain totalement inconnu avec comme seul repère le casting qui m'a permis de franchir le pas. Et il faut bien le dire,
Unthinkable est de ce genre de film qui vous laisse K.O. à partir du moment où le générique de fin fait son apparition. Il est facile de comprendre comment un tel film a pu se voir refuser l'accès au salles de cinéma sur le territoire américain et français, le forçant à devenir malgré lui un vulgaire DTV. Mais qu'on se le dise, de tout les films sortis durant l'année 2010,
Unthinkable est clairement le plus osé, le plus couillu de tous.
Je ne dévoilerais pas ici les aboutissements du scénario, ni même le synopsis d'ailleurs, tellement je trouve que le film mérite d'être vu sans aucune connaissance de ce que l'on va voir. La surprise en est que plus grande, d'autant que le début du film, avouons-le, est somme toute assez classique mais prend un véritable tournant à partir du moment où le personnage de Samuel L. Jackson, sobrement nommé H, commence à prendre le contrôle de l'histoire. Ici, les clichés généralement évités soigneusement, les rebondissements imprévisibles (la femme du personnage de Michael Sheen) et surtout la morale et ses aboutissements sont sans cesse remis en question, à tel point que le spectateur se retrouve constamment à changer de parti pris. Dans ce genre là, cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un scénario aussi brillant, un scénario qui ose aller vraiment très loin (le «Bring me the childrens» ou encore le plan final) et qui n'hésite pas à permettre aux personnages de passer du blanc au noir. Du côté scénaristique donc, le film est presque inattaquable, voir quelque chose d'aussi osé est devenu tellement rare aujourd'hui qu'on ne peut qu'apprécier cette prise de risque qui paye désormais.
C'est plutôt côté réalisation que l'on pourra se permettre de critiquer, Gregor Jordan se contentant de faire avec sa caméra quelque chose d'efficace mais jamais véritablement marquant sur le plan visuel. Il n'est clairement pas aidé par des effets visuels de qualité douteuse mais passons, l'intérêt du film n'est clairement pas dans ses explosions ou même giclées de sang. En revanche, le film gagne de nombreux points avec son casting vraiment très attirant. Samuel L. Jackson est bon, comme à son habitude et il est toujours agréable de voir la trop rare Carrie-Anne Moss qui troque les habits de cuir pour celui du FBI. Face à eux, le mastodonte Michael Sheen est l'un des gros points forts du film, à la fois effrayant, attirant, sensible, impitoyable et perdu, l'acteur, découvert dans les productions
The Queen et
Frost/Nixon puis récemment vu dans l'une des scènes réussies de
Tron Legacy, est ici tout simplement génial de virtuosité. On regrettera simplement sa dernière scène qui peut paraître un poil trop rapide pour procurer l'émotion.
Nerveux, stressant, et surtout osé, voilà les meilleurs mots pour qualifier ce
Unthinkable, véritable très bonne surprise de l'année dernière. En espérant qu'il ne tombera pas vite dans l'oubli, il mériterait d'être vu, revu et commenté pour le message qu'il propose et surtout les questionnements qu'il procure chez le spectateur.
NOTE : 8/10