Borsalino (Jacques Deray - 1970) 7,5/10
A peine sorti de prison, Roch Siffredi (Alain Delon) cherche à mettre la main sur sa poule, Lola (Catherine Rouvel). Il la trouve acoquinée avec un certain Capella (Jean-Paul Belmondo). Après un viril affrontement, les deux hommes se découvrent des points commun, notamment un certain gout pour le crime et les coups tordus. Ils en viennent à lutter contre les caïds déja en place, jusqu'à finir par conquérir Marseille...
Une rencontre mythiqueLa grande classeBorsalino est, d'emblée, un film bigger-than-life... Delon et Belmondo sont déja des stars, des poids lourds du box-office, des sex-symboles attestés. Leur rencontre au sommet est donc un moment attendu par le public, où chacun des deux acteurs veille à ne pas être effacé par son rival. De fait, le film donna lieu à un procès retentissant, Belmondo réclamant la même position que Delon sur l'affiche, qui entretiendra durablement un sentiment de concurrence entre les deux comédiens.
Jacques Deray était le réalisateur idéal pour une telle rencontre, à laquelle il adjoint une ritournelle inoubliable composée par Claude Bolling.
Un film viril et muscléLe Doulos rencontre le samourai, et en voiture Simone !Le film prend le parti de ce choc des titans, n'hésitant pas à surjouer la "virilité" de chacun. On donne des baffes comme personne, on sait encaisser, on est beaux comme un camion...
Une vraisemblance qui passe derrière le récit est ici le choix fait par les scénaristes et le metteur en scène. Et de fait, il est exaltant de voir ces deux filous nourrir une amitié virile, fondée sur l'estime mutuelle, entreprendre la conquête de la ville contre d'infâmes notables bourgeois et sans parole, ou contre des traitres comploteurs vicieux et lâches...
D'ailleurs, le film fit un tabac : 4 millions d'entrées en France, des nomination à Berlin, au Golden Globe du meilleur film étranger, bref un énorme succès qui conforta pour la décennie le statut des deux acteurs.
Une fluidité qui gêne parfoisAu final, le film est vraiment sympathique, il se suit avec plaisir. La reconstitution du Marseille des années 30 est plutôt jolie, même si tout ça repose avant tout sur l'ambiance qu'établit la musique de Claude Bolling. En revanche, le réalisme en prend un sacré coup : l'ascension des deux lascars se fait avec fluidité, les méchants sont affreux, mais les héros n'ont pas les mains trop sales, bref, on ne s'embarasse pas d'un réalisme rapeux qui atténuerait le plaisir d'un récit de deux demi-dieux de cinéma conquérant l'univers du film de gangster...
Ce n'est pas bien grave, mais, au final, ça rend le film plus anecdotique que profond. Juste un bon polar en somme, mais rien de plus... On ne va pas bouder notre plaisir pour autant...