The social Network de David Fincher (Bluray VOST - 2ème vision)
On a pas encore fini de parler du web 2.0 et de son symbole “Facebook” que nous arrive un film sur le sujet.
Ça a, bien-sûr, l’avantage d’être dans l’actualité et donc d’avoir le potentiel d’attirer beaucoup de monde mais ça peut aussi manquer beaucoup de recul et d’informations pour développer une vision pertinente de son sujet.
Au vu des talents investis dans le projet du film “Facebook”, on pouvait être confiant. Face au résultat, on ne peut qu’être bluffé.
Mariage de lignes de code complexes et de batailles juridiques et financières, la création de Facebook n’avait, à priori, rien d'intéressant à proposer à l’écran mais c’est avant tout la personnalité et les interactions entre les protagonistes qui donne au film tout son charme.
Le scénario de Sorkin est en effet construit autour des relations entre Zukerberg et les “autres” au travers des trois types de relations humaines qui sont au coeur du fonctionnement de Facebook.
“Ajouter comme ami” : Saverin, l’ami fidèle et un peu ange gardien qui essaye de ramener Mark à la réalité et qui l’accompagne dans ses envies même si il émet des réserves. Celui qui était là depuis le début et qu’on met de côté pour avancer car il finit par encombrer.
“Relation professionnelle” : Parker, le modèle fantasmé de la réussite professionnelle. Celui que Mark aimerait devenir. Humainement détestable mais professionnellement génial.
“Situation amoureuse” : Albright, la déception amoureuse qui nous hante à jamais. Celle qui nous a vu pour ce qu’on est. Celle qui a motivé indirectement chaque choix. Albright est le personnage central du film, le moteur des décisions de Mark.
Le créateur du plus grand réseau social a échoué sur tous les tableaux, voilà ce qui rend ce film si fascinant. On peut être intelligent et visionnaire mais totalement perdu face au monde de l’humain. Le film dépeint aussi la difficulté pour les inventeurs, axés sur la création et l’innovation, de faire leur preuve dans le monde matérialiste et sans pitié du capitalisme.
Zukerberg, est un personnage qu’il serait facile de détester mais il est avant tout touchant.
Il cherche maladroitement à faire comme les autres, à se conformer au modèle de réussite en vigueur. Se faire bouffer ou bouffer les autres.
Cette histoire humaine est renforcée par une réalisation classieuse mais scotchante qui va à toute vitesse. Les scènes et dialogues s'enchaînent et se superposent, le débit est rapide. On est emporté dans un tourbillon qui ne se terminera que lors du plan final qui résume à lui seul la génération Facebook. Un plan où le temps se suspend et qui nous fera longtemps réfléchir à notre solitude devant l’écran du web dit social.
Deuxième vision de ce film pour moi et il est resté toujours aussi passionnant, on savoure autant les performances d’acteurs et les échanges parfaitement écrits et délivrés; peut-être même plus que lors de la première vision car on est un peu plus familier avec le déroulement de l’intrigue.
On ne sait pas comment Facebook évoluera : phénomène culturelle aujourd’hui, le site pourra être déserté et oublié dans quelques années : abandonné par les jeunes voyant d’un mauvais oeil l’arrivée de leurs parents ou remplacé par un autre site plus hype...
Cette évolution décidera de la portée du film : instantané d’une époque qui n’aura plus vraiment d'intérêt à part pour ceux qui y était ou genèse de la création d’une entreprise majeure. Dans ce cas, il pourra être complété par ce qu’on aura appris entre temps car il reste tout de même des zones d’ombre dans cette histoire. Au jour d’aujourd’hui, c’est un film parfaitement maîtrisé et passionnant, miroir de notre époque.
9/10