Le Solitaire Michael Mann - 1981
"I'm the last guy you want to mess with" SPOILER
Classique indéboulonnable du genre, Thief s'avère être une des pièces maitresse de la filmo de Mann, sorte de matrice de tout son cinéma à venir, son film où ses inspirations sont d'ailleurs le plus visible, par la suite il se créera vraiment son univers bien à lui mais ici pour son premier film il mixe 2 réal qu'il adore à savoir Melville et Peckinpah ( on peut aussi y voir du Siegel avec ce perso de truand indépendant ).
Le script a le mérite de vraiment tenir la route alors oui c'est très classique et linéaire (le genre de film noir qu'on a vu 100 fois depuis les années 40 ) mais c'est solide. Et dans l'esprit ça fait un peu brouillon ( terme absolument pas péjoratif ici ) de Heat ( voleur hors pair qui veut faire un dernier coup pour se retirer avec sa femme ( par contre ici Caan est moins sympathique que De Niro tant il se montre arrogant par moment et superficiel ), vengeance obligatoire après la mort de son ami et la trahison du commanditaire qui était pourtant prévenu "I'm the last guy you want to mess with". La fin laisse peu à l' interprétation c'est nihiliste vu qu'il préfère la vengeance à la famille et y crève au coin de la rue, car finalement c'est ça le cinéma de Mann, on échappe jamais à sa vraie nature et ici Caan c'est pas un mec fait pour avoir une petite vie de famille tranquille.
Mais plus encore je trouve que c'est une merveilleuse adaptation du roman de Bunker : Aucune Bête Féroce, bien plus que
Le Récidiviste, on y retrouve le coté minutieux des voleurs ( à la rigueur la seule facilité du script c'est la manière dont il récupère le code, le reste pour le perçage de coffre on sent bien que c'est documenté ) et leur code moral, truc un peu zappé dans le film avec Hoffman et la scène de confession ou Caan dit pourquoi il a fait de la prison c'est du Bunker tout craché (avec un perso hésitant entre se ranger et l'autodestruction) sauf qu'en fait c'est une adaptation de The Home Invaders de Franck Hohimer lui aussi truand devenu écrivain.
Comme c'est devenu une habitude avec Mann le film est vraiment chiadé et il a pas son pareil pour donner une vrai ambiance urbaine nocturne à ses films, le fameux spleen urbain redevenu à la mode avec le caca de Refn. On a vraiment l'impression que le perso se perd dans cette gigantesque jungle urbaine et cette fin où le perso s'évapore dans la nuit.
Mann livre ici un premier film vraiment aboutit tant au niveau de l'histoire ( classique mais très solide ) que de la réalisation ( c'est encore les prémices de son style mais c'est quand même aboutit ), gros tour de force avec ce début silencieux où on est captivé par le casse très contemplatif ( un coté très Melville influence majeur sur ce film, Mann est sans aucun doute fan du
Cercle Rouge) et j'aime bien le rendez vous nocturne qui visuellement a bien de la gueule et le gros casse est bien sympa mais surtout il se termine sur une nouveau plan qui a bien de la gueule avec Caan qui se pose tranquille et s'allume sa clope ( la classe ). Le rapport à la ville élément essentiel de ses films urbain est déjà bien présent ici.
Par contre c'est drôle le film a été tourné à Chicago et par moment j'ai vraiment l'impression qu'on est à LA tellement cette ville représente le cinéma de Mann, alors c'est peut être inconscient.
Niveau gunfight si Mann fait déjà preuve d'un vrai sens du découpage il se cherche un peu dans le style et ici on pense un peu à Peckinpah ( et dans ses autres films on pense jamais à Bloody Sam ) via bien entendu l'utilisation du ralenti mais aussi les morts violente, celle de Belushi elle est bien graphique.
Et enfin une copie permet d'apprécier la photographie absolument somptueuse du film, le blu ray est à tomber.
James Caan on le sait y bouffe l'écran facilement et ici il ne déroge pas à la règle il est magnétique, et trouve un de ses tout meilleurs rôle ( la liste est longue ) en voleur tough guy a qui on la fait pas à l'envers et en amoureux un peu maladroit ( sa déclaration d'amour c'est du grand moment de gros bourrin qui sait pas exprimé ses sentiments comme y faut,autant c'est un voleur de génie mais alors pour ce qui est des relations amoureuses on peut dire qu'il est plus que maladroit ) par contre en chipotant un peu il en fait un poil trop dans la scène de l'orphelinat, le personnage peut d'ailleurs être un peu détestable tant c'est un gros beauf qui affiche sa réussite et vit dans son monde ( il achète un bébé volé quand même ) mais comme tout personnage chez Mann il a une intégrité morale qui lui dicte ses choix, l'antihéros dans toute sa splendeur ( plus que De Niro dans Heat ou Cruise dans Collatéral d'ailleurs ). James Belushi est là pour le seconder mais son rôle est vraiment mineur, Robert Prosky est excellent en parrain local par contre j'ai un peu plus de réserve sur Tuesday Weld qui n'a pas le talent nécessaire pour donner la réplique à Caan sinon dans le cast on peut aussi reconnaitre William Petersen qui a un rôle de 2 secondes et une mini réplique et Dennis Farina en porte flingue.
La musique de Tangerine Dream est vraiment planante et c'est bien une des seules fois où je la supporte vraiment.
Si Heat s'avère plus épique et flamboyant, Thief c'est plus cash et c'est pour ça que c'est aussi marquant et que le film est des meilleurs de Mann.
9,5/10
La copie Mgm est juste honteuse.