SLICE de Kongkait Khomsiri
Spoilers !!!
Après un "Boxers" très moyen (pour être gentil), je n’attendais rien de "Slice", second film du réalisateur Thaïlandais Kongkait Khomsiri, et je commençais déjà à m’inquiéter en me disant que j’allais voir un thriller mal joué et surtout très mal réalisé.
Qu’elle ne fut pas ma surprise à la vision du film !
Démarrant sur les chapeaux de roue en introduisant rapidement un tueur à cape rouge purement giallesque, qui perpétue des meurtres bien glauques (et qui a un modus operandi bien particulier, à base d’émasculation et de valise rouge), la première demi heure du film s’achève sur une scène géniale dans une boite échangiste, où le tueur décime la totalité des participants (dont le fils du Premier Ministre) à coup de shotgun (j’adore l’esthétique de cette scène, avec ses ralentis stylés et la photo très particulière du film). A ce moment là, j’étais déjà très étonné par la noirceur et la cruauté du film, se rapprochant des récentes bombes coréennes que sont "The Chaser" ou "I Saw the Devil".
Mais le film va vite prendre une autre tournure, moins graphique mais psychologiquement beaucoup plus rude. N’arrivant pas à coincer le meurtrier, la police décide de lancer un tueur à gages du nom de Tai à ses trousses. Celui-ci éliminait des cibles gênantes pour la police avant de se faire piéger et d’être incarcéré. Il pense connaître le tueur, qui serait selon lui Nat, un de ses amis d’enfance. Pour être sur que Tai se tienne à carreau à l’extérieur de la prison, le chef de la police garde un œil sur sa compagne.
A partir de là, le film va se transformer en une sorte de chronique sociale (ça m’a fait penser à Slumdog Millionaire), Tai ayant 15 jours pour retrouver le tueur, il va retourner dans son village d’enfance, et peu à peu, les souvenirs douloureux du passé vont ressurgir. Il commence à se rappeler de son ami et des sévices que lui et ses copains lui ont fait subir. En effet, le pauvre Nat était le vilain petit canard du village, violé par son père et son professeur, frappé et tripoté par ses "copains". Au vu de ce qu’il a subi, il ne serait pas étonnant qu’il soit devenu un serial killer. Tous ces éléments sont toujours bien amenés, au compte goutte, sous forme de flashback. Le casting des enfants est vraiment bon, chacun joue juste et apporte une vraie crédibilité à l’ensemble (ce qui n’est pas vraiment le cas des acteurs adultes).
Mais, si l’on est vraisemblablement certain de l’identité du tueur au bout d’une heure de film, comment les scénaristes vont pouvoir surprendre le spectateur ?
Et bien par un twist très couillu (si j’ose dire) et plutôt inattendu, les scénaristes ayant réussi à noyer le poisson pendant tout le film. Ce retournement de situation bien déviant va éclaircir le récit d’une toute nouvelle façon, notamment au niveau émotionnel et moral. En effet, quand vient le fin mot de l’histoire, on se surprend à avoir une empathie quasiment jamais ressenti pour un tueur au cinéma, notamment grâce à un final bouleversant. Le climax est très réussi, frontal, dérangeant et terriblement nihiliste.
Coté réalisation, c’est plutôt bon malgré une sur-utilisation du grand angle (le fameux effet Fish eye), les meurtres sont filmés plein cadre et aucun détail n’est épargné, le coté poétique des flashbacks d’enfance est bien géré, avec de longs plans et de grands travellings.Les maquillages gores sont vraiment bons (notamment une mâchoire cassé bien crade)
Vous l’aurez compris, "Slice" est une grosse surprise, d’une noirceur et d’une cruauté abyssale, et qui prouve une fois encore la suprématie actuelle des asiatiques dans le domaine du Thriller.
Rare sont les films qui me mette vraiment mal à l’aise pendant et après la séance ("A Serbian Film" et "I Saw the Devil" en 2010), mais Slice en fait indiscutablement partie !
7,5/10