8/10
True Grit de Coen Bro - 2010
Le dernier bon film des frères Coen, d'ailleurs j'ai l'impression qu'ils sont un peu tombé dans l'oubli, bon j'exagère un peu mais le dernier avec Denzel personne en parle, le western Netflix a fait un bon gros flop et Ave César tout le monde s'en branle. D'ailleurs revoir ce film c'est se rendre compte à quel point Buster Scruggs était raté car les Coen ont vraiment un humour spécial qui peut vite devenir insupportable et ici il signe à la fois un pur western et un pur Coen.
Sur le papier c'était pourtant pas une idée géniale car c'est le remake d'un mauvais John Wayne, même si il a gagné un oscar avec ce film, ça reste un mauvais film.
Le western c'est un genre avec lequel les Coen ont flirté et No Country est clairement de Néo Western (et leur meilleur film accessoirement), ici c'est un peu la surprise car avant d'être un film des frères Coen c'est surtout un western old school dans la plus pure tradition comme a peuvent l'être les films de Costner ou un Appaloosa ( enfin ils y ajoutent quand même un petit ton crépusculaire avec un coté Peckinpah pour les personnages de beaux salauds qui tirent dans le dos et parlent ensuite et les cow boys alcooliques et sales loin des gravures de mode). La Coen touch on la retrouve bien entendu lors de séquences décalées toujours réussites( oh tient un ours sur un cheval, oh tient un brigand qui imite des animaux, Cogburn qui fout les coups de pieds au gosses indiens, j'étais mort de rire là ) après l'humour des dialogues me semble bien que c'était présent dans l'original, enfin les dialogues ici c'est de l'or en barre : la scène du procès qui introduit véritablement Cogburn est plus que brillante, les scènes entre Bridges et Damon et bien entendu le décalage entre l'éducation de la jeune fille et de ses compagnons d'aventures, car Mattie c'est le seule personnage du film intelligent mais loin d'être le stéréotype de ce genre de personnage dans le western qui sont généralement des boulets, ici en plus elle est débrouillarde, pugnace et sans peur et elle réussira à prendre le dessus sur tout le monde, tout les autres personnages on peut presque dire que c'est des abrutis, alors oui tendre des embuscades et tirer aux six coups ils maitrisent mais ça n'en reste pas moins des abrutis, ils sont d'ailleurs tous des légendes ou sont iconisés dès leur première scène telle le perso de Damon dans un putain de plan. Mais dès qu'il ouvre la bouche s'en est finit des icônes c'est bel et bien un abrutis, du 100% rednecks. Puis reste le cas Cogburn, sa première séquence c'est du 100% Coen ( et là si ça se trouve je dis une connerie et la scène se trouve dans l'original ) il est au chiotte et parle à la gamine a travers la porte et tout au long du film on va jouer avec le statut du personnage dont le passe temps favori outre la boisson est de faire un concours de bite avec LaBeouf car rappelons le titre du film "True Grit" signifie avoir du cran ( avoir des grosses couilles donc ) et à ce jeu le gagnant sera la petite Mattie, mais les 3 persos seront quand même des héros, chacun ayant droit à son action d'éclat.
Mattie idéalise Cogburn, elle voit en lui le héros ultime capable de l'aider à assouvir sa vengeance alors que c'est un vieux cow boy qui profite de son badge pour piquer de l'alcool, tire dans le dos et sans sommation ( histoire de montrer qu'il rigole pas ), ne fait pas de prisonnier et à même un petit couard tant il préfère tendre des embuscades que d'affronter ses adversaires en face à face.
Le parti pris de voir le film exclusivement le film du point de vue de la gamine est bien sympa ( on voit vraiment tous les évènements à travers ses yeux ) malheureusement ça nous enlève Barry Pepper et Josh Brolin, enfin surtout Pepper qu'on voit 5 minutes à tout péter mais putain il est dantesque ce rôle, faut voir la tronche qu'il se paye et en plus c'est du bad guy bien écrit même si on le voit que 5 minutes on voit que même si c'est outlaw bein il a une parole et ça rend tout de suite le film moins manichéen, c'est pas un méchant sans pitié assoiffé de sang, non c'est juste un bandit qui faut pas faire chier.
Le rythme général du film est un peu pépère mais ça ne constitue en rien un défaut tant suivre ce petit bout de femme se révèle très plaisant et puis les dialogues sont tellement savoureux ( de l'or en barre ces dialogues, en plus ils sont magnifiés par des comédiens en pleine forme et aucun à le même accent) et puis malgré que le narrateur soit une gamine de 14 ans c'est jamais niais !!!
La réalisation j'ai juste à dire que c'est du Coen et là c'est finit mais bon je vais un peu plus m'étendre alors comme je le disais au début c'est un western old school et les Coen film ça avec respect du genre de même que les séquences d'actions sont très sèche ( comme
Open Range et
Appaloosa les 2 meilleurs westerns old school de ces 20 dernières années ) donc c'est presque pas découpé, on pourrait presque dire que c'est du vulgaire champ ( tireur ) contre champ ( impact ) mais ce serait vraiment réducteur car ces séquences ont une vra.ei puissance et faut voir le baround final de Cogburn filant à 1 vs 4 ( mais il a fait mieux 1 vs 7 déjà), gros morceau épique et jubilatoire le tout sous une partition génial.
Pour un classement PG13 ça se révèle même bien violent ( ça coupe des doigts, ça prend du Headshot, y a des blessures dégueux ) et l'humour morbide à la Coen fait des ravages. Tout le film est vraiment un hommage au genre comme l'était
Blood Simple pour le film noir et Miller's Crossing au film de gangsters, ici donc ça respecte tout les codes du genre et on a le quota de plan obligé du genre : cadrage à hauteur de ceinturon, plan sur les magnifiques colts, décors naturels magnifiquement filmés ( et la photo de Roger Deakins est somptueuse, dans le genre c'est juste une tuerie ), mis en valeur du cheval héroïque, soirée au coin du feu ( d'ailleurs j'ai pas compris en quoi une corde protège des serpents), composition de plan classique mais toujours agréable à voir.
Et puis on a ce double climax final après le gunfight on a droit à la Chevauchée de Nuit et la scène réussit à être vraiment touchante tant on s'est attaché aux personnages ( d'ailleurs si on voit le film du point de vue de Mattie, on est un peu comme Cogburn en voyant cette gamine, au début elle nous saoule par sa témérité puis on se prend d'affection pour elle ) et c'est d'une beauté absolue à l'écran et touche final le plan final fait échos à
Unforgiven, la classe ( d'ailleurs autre petit point commun avec le Clint c'est qu'ici les cow boys parlent plus qu'ils ne tirent, on raconte leur exploit et à un moment on se met même à en douter puis comme chez Clint la fin nous montre que leur dextérité iréelle aux armes à feu est pas fantasmée ).
Les Coen se sont forger une filmographie vraiment éclectique tant a travers les genres qu'a travers les EU, car petit à petit ils auront tourné dans tout les coins : Texas, Minnesota, LA, Bayou, New York, ils ne font pas comme certains à se cantonner à une grande ville. Bon ça veut pas dire que tout est bien, loin de là parce qu'un Arizona Junior ou un Ladykillers faut être acharné pour aimer.
En un film Hailee Steinfeld s'est imposé comme une putain d'actrice, putain de gouaille, putain d'accent et putain de présence jamais elle ne se fait éclipser par Jeff Bridges qui pourtant livre ici une nouvelle fois une putain de composition ( sorte de mix en The Dude et un perso de la Horde Sauvage ), alors oui certains reprocherons qu'il en fait des tonnes mais c'est son personnage de vieil ivrogne qui veut ça, et il est vraiment génial, Matt Damon surprend quand on pense western on pense pas spécialement à lui en premier et là lui aussi il est vraiment bon avec son look improbable, lui aussi à bosser son accent ( par moment c'est vraiment chaud à comprendre ) et en plus son personnage évolue bien au fur et à mesure du film ( il est tour à tour : figure de loi iconiser, concon ridiculisé par Mattie puis Cogburn et enfin sauveur et tireur hors pair ) car c'est ça qui est bien avec ce film les persos ne sont pas figés comme souvent dans les westerns, du coté des bad guy Josh Brolin et Barry Pepper sont peu présent mais ça suffit pour apprécier leurs talents et eux aussi ont bossé leur accent.
Et c'est peu dire que le score de Carter Burwell est génial et respecte elle aussi le genre.
Au final on se retrouve peut être avec le film le plus grand public des Coen ( pas de digressions, humour débile à petite dose et une histoire simple et linéaire ) ce qui ne veut pas dire que c'est pas un grand film, les gars ont suffisamment d'intégrité pour ne pas faire les putes à Hollywood, on est bien devant un putain de grand film !!.
Dans mon top 5 Coen, bon en même temps j'en aime que 6.