Le sous-marin de l'apocalypsede Irwin Allen (1961)
La Terre est soudainement entourée d'une ceinture de roches en fusion qui font monter sa température de 2° chaque jour... Les forêts brûlent, les pôles fondent... L'Amiral Nelson, commandant d'un sous-marin américain dernier cri qu'il a lui-même conçu, le Seaview, part en croisade malgré l'avis contraire de l'ONU afin de rallier un point stratégique et lancer un missile pour stopper le cataclysme...Les vieux films catastrophe, voire très vieux en ce qui concerne ce
Voyage to the Bottom of the Sea, suscitent souvent un regard amusé ou compatissant de nos jours. Effets spéciaux vieillots bricolés et idées farfelues se succèdent. Hélas dans cette production d'un spécialiste du genre, c'est un puits sans fond de bêtise qui l'emporte. Passé une idée de départ saugrenue à laquelle on a du mal à adhérer (soudain le ciel s'embrase et la température monte de façon précise de 2° par jour), on a affaire à une succession de situations invraisemblables qu'étale le scénario.
Je vais jouer mon tatillon sur des détails scénaristiques, mais ce genre d'incohérences me fait passer mon temps à m'énerver pendant le film ("et pourquoi ci?" "Et pourquoi ça?"), et ne sont donc pas anodins si ils perturbent à ce point la vision du film.
Dans son propre déroulement on a ainsi des situations ubuesques:
* par exemple, un civil naufragé recueilli lors de l'expédition du pôle nord, ne sera pas débarqué à New-York lors du passage à l'ONU ni lors du départ volontaire des marins sur le yacht abandonné, alors qu'il a été noté qu'il avait un comportement suspect et mauvais pour l'équipage... on le garde à bord et bien sûr à la fin il menace de tout faire sauter
* Le Seaview doit respecter un timing précis pour faire le tour du monde et lancer son missile à une heure précise d'un point précis du globe, okay pourquoi pas... un autre savant prédit lui que la ceinture va se désagréger d'elle-même à une certaine température. Mais Nelson dit qu'il sera alors trop tard et qu'ils auront laissé passer leur chance de sauver la planète... Or à la fin, le sous-marin loupe visiblement sa fenêtre de lancement, puisque la température prédite par l'autre savant est atteinte et dépassée (on est donc selon leurs propres calculs plus de 2 jours plus tard, après la fenêtre de lancement), et là on lance le missile quand même comme si on était dans un timing parfait (y'a un compte à rebours qu'il faut pas louper)... bref c'est à n'y rien comprendre. J'appelle ça des facilités scénaristiques: on met en jeu des éléments dramatiques, mais le scénariste n'ayant lui-même aucune idée de solution choisit la facilité: faire comme si on n'avait rien dit
Il y aurait bien d'autres exemples à en tirer, mais je voudrais aussi parler du fond.
Déjà à l'époque, en présence d'un cataclysme majeur, un américain allait sauver le monde à l'aide de l'arme nucléaire. Comment se fait-il que systématiquement dans ces films catastrophe, ce soit la bombe atomique qui soit la solution? Les américains, traumatisés par le fait d'avoir été les seuls à l'utiliser, essayent de se dédouaner en se disant que la bombe H, finalement, c'est bien?
Ensuite le personnage de Nelson, est non seulement militaire (Amiral je crois), mais est aussi un des plus grands génies scientifiques de son temps (on peut réellement mener cette double carrière en une seule vie? arf!). Face à lui l'autre savant (Européen bien sûr) prône l'immobilisme et l'attente. Lui, l'Américain, prône l'action. On a ainsi une multitudes de clichés pas toujours bienveillant et limite propagandesques immiscés dans un film grand public en apparence anodin, comme ça se fait souvent.
La réalisation en elle-même n'est pas toujours réussie, peu exigeante avec ses effets spéciaux approximatifs (mais perfectibles), et qui fait dans le recyclage de plans (on utilise un même plan, probablement trop couteux, plusieurs fois dans le film).
Les SFX d'époque ont évidemment vieilli, avec des maquettes filmées dans une baignoire, et une pieuvre en caoutchouc. Cette pieuvre ressemble d'ailleurs à celle qui pique Ed Wood pour son film (j'ai revu le film de Burton il y a pas longtemps). Mais bon, on peut porter un regard bienveillant sur ce type d'effets spéciaux qui donnent un côté bricolé assez rigolo.
Au final ce film d'Irwin Allen est à ranger au rayon des films agaçants à oublier
2.5/10