Total Recall |
Réalisé par Paul Verhoeven
Avec Arnold Schwarzenegger, Michael Ironside, Sharon Stone, Ronny Cox, Rachel Ticotin
Science-fiction, USA, 1h53 - 1990 |
9,5/10 |
Résumé : 2048. Doug Quaid est hanté par un cauchemar qui l’emmène toutes les nuits sur Mars. Sa femme, Lori, s'efforce de dissiper ce fantasme. Doug s’adresse à la société Rekall pour vivre son rêve grâce à des implants mémoriels. L’expérience dérape et réveille le souvenir d’un séjour bien réel sur Mars….
Super-production de science –fiction très librement inspiré d’une nouvelle de Philip K. Dick « We can Remember it for You Wholesale » , issu de la rencontre entre l’une des stars de l’Action-Movie des années 80 , Arnold Schwarzenegger et Paul Verhoeven, véritable provocateur et exhibitionniste de la violence, dans lequel le réalisateur explore un des thèmes favoris de K. Dick : la manipulation de la réalité.
Le générique qui défile en lettres noires sur lignes rouges, sous les coups puissants des percutions de Conan le Barbare (Jerry Goldsmith ou l’art du plagiat) nous propulse au cœur de Mars et nous livre l’une des plus évocatrices scènes de suffocation du cinéma.
Le film emprunte et explore les voies du paradoxe rêve/réalité et ne nous propose aucune solution. A chaque spectateur de se créer sa propre explication. Où commence le rêve et où s’arrête la réalité, parmi les différentes strates de machinations et manipulations. Tout le film serait-il un rêve ou la réalité ? Le rêve serait-il implanté dans la mémoire de Quaid par la société Rekall, qui en refusant de prendre la pilule rouge vit son fantasme jusqu’au bout ?
Le dédoublement de personnalité est au cœur du film, à la fois psychologique : Quaid, l’humaniste, l’ouvrier de chantier qui se rêve ou pas agent secret /face à Hauser, le manipulateur, le salaud, l’associé de Cohaagen. Schwarzenegger apporte son physique monolithique pour donner corps à cette dualité, jouant tout aussi bien du registre du salaud, du paumé idéaliste que du « James Bond » qui explose et écrase tout sur son passage. Dans cette quête de la mémoire, de la personnalité, est-ce que la créature/Quaid, s’affranchit de son créateur/Hauser ? Ou tout n’est-il que mystification ? Le dédoublement de personnalité est également physique, à l’image du chef de la résistance martienne, Kuato vivant dans les entrailles d’un hôte à l’apparence humaine.
Tout n’est donc que faux-semblants, comme cette femme dont la tête s’ouvre pour révéler Quaid ou comme ce chauffeur de Taxi dont la fausse main cache sa mutation. La perception de la réalité est faussée et Venusville, l’antre de la difformité en est le plus parfait exemple. Là, vivent essentiellement les mutants, perçus comme des monstres en raison de leurs difformités, alors qu’ils sont les premières victimes du véritable monstre de Mars, au visage bien humain, Cohaagen. Celui qui cache le salut de tous, au nom de ses intérêts personnels. Verhoeven a su parfaitement retranscrire dans son film tous les doutes qui assaillaient Philip K. Dick sur la perception de la réalité, lui qui souffrait d’accès de paranoïa et de shizophrénie.
Le sang qui gicle, les os qui craquent, les corps qui explosent, les punchlines second degré qui fusent, il n’y a aucun doute, nous sommes bien dans un film de Verhoeven, le troublion anti-politiquement correct du cinéma qui a su également s’entouré pour l’occasion, du casting « idéal ». Car tous les acteurs sont excellents dans leurs rôles respectifs. Notamment Sharon Stone impeccable dans le rôle de la garce faussement candide ou Michael Ironside impérial comme souvent dans un rôle de Bad guy énervé, voir déjanté qui lui va comme un gant.
Verhoeven nous livre une vision de Mars plutôt crédible, terre de colonisation aride aux couleurs ocres qui n’est pas sans rappeler les étendues désertiques des westerns, nimbée d’une atmosphère rouge, où l’air, la denrée la plus rare et la plus précieuse est distillé au compte gouttes par une multinationale qui en détient le monopole. Qui contrôle l’air, possède le pouvoir absolu sur Mars. Critique évidente de toutes ces sociétés internationales tentaculaires et déshumanisées, dont les monopoles ont des allures de tyrannie.
Les effets à l’ancienne (maquettes, maquillages, hologrammes…) ont parfois vieilli, mais curieusement ce côté « old school » ne dessert pas le film, au contraire, il accentue encore cette impression de colonie martienne faite de bric et de broc où règne la crasse et la poussière, construite grâce à la sueur des ouvriers, mineurs ou techniciens qui sous l’effet d’un air raréfié, subir ainsi que leur descendance, des mutations physiques et extra-sensorielles.
Total Recall est une pièce maîtresse bourrée de rythme et d’action, un film phare de la science-fiction aux apparences trompeuses, entre rêve ou réalité...
Total Recall : Conan :