Le Récidiviste Ulu Grosbard - 1978
Vu la base de départ le film ne pouvait pas être mauvais (quoique le Dahlia Noir a prouvé le contraire) mais voilà, le roman de Bunker c'est ce qui se fait de mieux dans le genre, une véritable plongé dans la tête d'un criminel endurci (le livre est à la première personne), un grand livre sur la fatalité et les choix à faire, enfin bref un putain de bouquin qui malheureusement ici ne donne pas une grande adaptation mais malgré tout ça reste un film sympa, je vais pas jouer au jeu des différences, je dirais juste que le film c'est une version light et édulcoré (Dembo n'abat pas un flic de sang froid ici) du roman où tout est épuré au maximum et on aurait largement pu avoir 20 minutes de plus, le livre a un coté beaucoup intimiste s'attardant sur toute les pensées sur personnages, sur ce qu'il est réellement avec beaucoup de lucidité et sans complaisance.
L'histoire c'est donc la difficile ( ou impossible ) réinsertion d'un criminel endurcis qui va replonger dans le seul univers qu'il connait le crime et là il est comme un poisson dans l'eau, sûr de lui et sachant toujours quoi faire alors que dans la "vrai" vie il est vraiment pas à sa place et que finalement une vie normal et rangé d'anonyme ça l'emmerde, on sent bien l'adrénaline qu'il a lors des casses, c'est le truc qu'il aime. La replongé est le truc un peu foireux du film, ça arrive un peu trop vite, il a pas réellement galéré pour en arrivé ici même si son contrôleur judiciaire est un gros con, le pétage de plomb arrive un peu n'importe comment. En fait quand on voit ce film on se dit que la meilleure adaptation des bouquins de Bunker c'est Mann qui la fera avec son Solitaire, Mann qui est d'ailleurs ici crédité en tant que scénariste, la filiation Mann/Bunker étant plus qu'évidente, le cinéma de Mann doit énormément à Bunker ça c'est un fait.
On regrette donc que Mann se retrouve pas derrière la caméra parce que bon Grosbard voilà quoi. D'ailleurs Hoffman a réalisé quelques scènes de devant l'ampleur de la tâche il a laisser sa place à Grosbard ( inconnu au bataillon pour ma part ) et si sa réalisation ne plombe pas le film elle s'avère un peu trop neutre et quand il tente un jolie mouvement de grue c'est pour un plan tout bidon sur Harry Dean Stanton qui joue de la guitare, le reste du film c'est filmé assez sommairement, ça reste efficace, les scènes de braquages sont plutôt réussit sans esbroufe et la caution Bunker fait que les gars y font pas n'importe quoi et réalisme et le maitre mot, c'est pour ça qu'un Mann aurait fait des merveilles.
Le film est donc tout à fait correct grâce à un excellent casting, bon Dustin Hoffman en Max Dembo c'est un drôle de choix car moi l'idée que je me fait du personnage c'est un gars un peu plus baraqué que la crevette Hoffman mais il s'en sort vraiment bien la scène ou la fille vient le voir en prison est vraiment excellente : et Hoffman nous montre tout le talent qu'on lui connait ( ah cette merveilleuse époque ou c'était encore un grand acteur ) et il campe vraiment bien le Dembo borderline du bouquin et il ne se pose jamais en victime du système, il est ce qu'il est, un criminel, c'est la seule vie qu'il connait. Jack Busey en copain boulet est bon et fait très bien ce que le personnage exige, Emmet Walsh en vieille fripouille qui aime bien faire chier son monde ça le fait toujours, il est carrément fait pour ce genre de rôle et pis le voir le cul à l'air c'est bien marrant, Harry Dean Stanton est toujours une valeur sure, Teresa Russell est belle, et ça fait drôle de voir Kathy Bates jeune et maigre, et puis petit délice suprême Ed Bunker apparait dans le film d'ailleurs on se dit qu'il aurait très bien pu jouer son "propre" rôle.
Le score très seventies est agréable et la photo a bien de la gueule.
Pas le grand film fataliste et désenchanté que le roman aurait dut donner mais un bon petit film.
7/10