City of Life and Death de Chuan Lu : 8/10
Nankin! Nankin! titre original de cette merveilleuse fresque de l'histoire sino-japonaise, nous plonge dans la bataille de la capitale de la Chine d'autrefois. Sortie pour coïncider avec les 70 ans de ce massacre, le film à l'image du titre international
City of Life and Death, est divisé en deux parties.
La première partie qui dure environ une quarantaine de minutes, est sublimée par la mise en scène magistrale et l'utilisation du noir et blanc, qui procure un sentiment dramatique plus important. Début de film dépourvu de dialogues, on ne reste jamais très longtemps avec les personnages, on assiste à l'entrée de l'armée japonaise dans la ville de Nankin, ville fantomatique, triste, complètement détruite à l'image de ses anciens habitant qui sont partis, morts, ou encore présent mais dont on peut lire la panique et la détresse sur leur visage. A l'image des soldats américains en Irak, on assiste au renversement des statues de la ville, assassinats de la population (meurtres à la baillonette pour économiser les balles, regroupement dans une église pour ensuite la bruler...), le tout au travers de scènes de guerres très bien exploitées et impressionnantes. La violence montrée ici, est celle de l'essence même de la guerre, froide.
Cette violence que l'on retrouve dans une deuxième partie totalement différente, où l'on suit le devenir des réfugiés de Nankin, cloitrés dans un vieux bâtiment et sa cour, qui sont sans arrêt l'objet d' "attaques" des japonais. L'anonymat des soldats du début est remplacé par des gros plans sur les personnages, la parole, les noms mis sur certains visages, on assiste à une partie de leur vie.
Le réalisateur ne nous permet pas cependant de s'attacher à un personnage quelconque en n'en développant aucun réellement. Le but étant de ne pas tomber dans la propagande. C'est d'ailleurs en multipliant les points de vues et en offrant le rôle principal à un soldat japonais plus témoin (mais spectateur inactif) que véritable acteur de ces horreurs, que Chuan Lu évite de tomber dans la partialité, ce qui rend le film très juste.
Sans jamais tomber le mélo dramatique, cette partie est beaucoup plus dure et émouvante, car les habitants de cette ville-prison nous sont plus "détaillés". Les actes des soldats japonais, viol collectif, meurtres gratuits (la scène où un officier lance par la fenêtre une petite fille est effroyable, et comme l'avait dit Scalp dans sa critique je crois, qui est excellente comme celle de Waylander, Heatman et Nico, la mise en scène avec le plan rapproché sans jamais montré le corps de la jeune fille, mais uniquement la détresse du père est vraiment plus forte). La constante présence et le harcèlement de l'armée sont alternés avec quelques (rares) moments d'espoir, souvent vites brisés par un occupateur sans pitié.
Doublé d'une sincérité rare, d'une mise en scène ainsi que d'une photo magistrale grâce à l'utilisation du noir et blanc, City of Life and Death à tout du très grand film de guerre. Chuan Lu, nous livre une fresque impressionnante d'une partie de l'histoire de la Chine qui m'étais totalement inconnue jusque là, en réussissant à nous montrer les deux guerres dans la guerre.