Unforgiven (Impitoyable) de Clint Eastwood
(1992)
Clint Eastwood fait clairement partie de ces réalisateurs avec un filmographie dont la qualité évolue en dents de scie. Parfois excellents (le dyptique Iwo Jima,
Mystic River,
Million Dollar Baby), parfois moyens (
A Perfect World,
Blood Work) et parfois mauvais (
Invictus,
The Changeling), chacun de ses films fait poser l'éternelle question de la qualité présentée. C'est donc avec un certain scepticisme que j'ai vu pour la première fois sa réalisation 90's la plus célèbre :
Unforgiven.
Avec ce film, Clint Eastwood arrive à faire ce qu'il n'a pas réussi à retenter pour son souvent surestimé
Gran Torino, à savoir proposer un récit dont l'icône qu'il incarne serait le héros. Ainsi, en incarnant le personnage principal, un vieux fermier anciennement bandit qui aura trouvé la rédemption avec une femme, Clint Eastwood ne se montre pas à l'écran : c'est bien son personnage de western qui est visible. Le héros de la trilogie du dollar de Sergio Leone et de nombreux autres westerns est ici un homme comme un autre, vieillissant, à la recherche d'un certain repos en compagnie de ses deux enfants qu'il éduque seul depuis la mort de sa femme.
Unforgiven est donc clairement un western crépusculaire, revisionnant le genre d'un œil nouveau, plus violent, plus humain surtout. A cause d'un acte ignoble dont deux frères sont accusés (l'un des deux n'a d'ailleurs que comme seul faute de se ranger du côté de l'autre), une rumeur est propagée à travers le Grand Ouest, une vendetta personnelle est lancée par la minorité féminine, en quête de droits dans un monde qui ne leur en propose aucun. Pour trouver le repos qu'il cherche, l'ancien bandit devra retrouver ses armes, remonter sur son cheval et combattre aux côtés d'un ancien ami, ignorant que le monde a bien changé depuis sa violente jeunesse. Avec un tel sujet, difficile pour Eastwood de se rater tant la vision du personnage sur le monde est finalement la sienne sur sa carrière et le genre dans lequel il a été enfermé bien trop longtemps. Proposant une galerie de personnages forts (les prostitués, Little Bill Daggett, le Kid, English Bob, tous brillamment interprétés, mention spéciale à Gene Hackman), Eastwood dépeint une société dans laquelle on oblige chacun à rester à sa place originelle, trouvant une apothéose dans un final glaçant de cruauté et de tristesse.
La mise en scène s'accorde totalement avec le scénario : des images lugubres et originales sur des sujets pourtant vus déjà de nombreuses fois dans le western, des couchers de soleil significatifs et des combats lents mais terriblement violents. Dommage qu'il manque un certain souffle pour faire monter le film au rang de chef-d'œuvre. Toutefois,
Unforgiven est clairement un grand film, certainement l'un des meilleurs westerns réalisés ces trois dernières décennies. Clairement l'un des cinq meilleurs films de Clint Eastwood.
NOTE : 8,5/10