[groo] Mes Critiques en 2011

[groo]

Pain, amour et fantaisie (Luigi Comencini - 1953) 5,5/10

Le maréchal des logis Antonio Carotenuto (Vittorio de Sica), bel homme d'un certain age, est muté dans le petit village de Sagliena, petit village rural au coeur de l'Italie. Il s'accoutume à la vie locale, rencontre la charmante Annarella (Marisa Merlini), sage-femme du village, dont il tombe amoureux, ainsi que "la fantassine" (Gina Lollobrigida), jeune sauvageonne qui doit à sa beauté d'être courtisée de beaucoup, et calomniée par plus encore... Après maints chassé-croisés et quiproquos, des couples se formeront.

Une chronique paysanne


Toujours perchée sur son âne, la fantassine fait chavirer les coeurs

Pain, amour et fantaisie est une chronique italienne, une ode à la vie campagnarde, aux valeurs traditionnelles italiennes. Le film, l'un des premiers de Comencini, qui allait plus tard gagner en force d'expression personnelle (mais pour le moment, sa patte n'est vraiment pas très visible), nous vante donc la valeur de gens pauvres, mais dignes, dont la vie oscille entre travail dur, rumeurs de village et visites à l'église. Il s'agit d'un de ces films populaires qui ancrent le caractère italien dans un "village-type" qui va vite devenir l'archétype du village italien.
Le film connaitra un immense succès, le pays en pleine modernisation avait sans doute besoin de tels repères.

Un marivaudage léger

L'intrigue, ici, pèse moins que la description d'un mode de vie, et l'on suit l'amour muet d'un gendarme pour une jeune fille pauvre, qui sera sans cesse troublé par diverses péripéties (racontars, interventions des uns, des autres, bagarre chez le frippier ou intervention du bon curé...), de même que les rapports plus murs entre le maréchal et la sage-femme, dont la vie dissimule un mystère. Au final, l'amour est ici toujours bon enfant : chacun cherche une épouse ou un mari, et l'on passe le plus clair de son temps à chercher à interpréter les gestes d'autrui (dans un village où tout se sait, on se doit de minimiser les débordements affectifs).

Un manque d'approfondissement

Cela dit si, au final, le film reste divertissant, il ne laisse pas beaucoup de souvenirs : il ne se passe pas grand chose d'intéressant... Le moment le plus dramatique du film se résume à un double accouchement en deux points différents du village, la sage-femme devant aller de l'un à l'autre sur le deux-roues motorisé du gendarme. Enfin, la psychologie des uns et des autres reste bien élémentaire, toute malice étant absente des personnages du film.

On reste donc amusé, gentiment distrait, mais, quand on n'a pas spécialement de nostalgie de cet ancien mode de vie d'un autre temps, le film ne nous atteint guère. Trop de légèreté, de naïveté, de superficialité... Un peu comme une carte postale, en fait...

[groo]

Chercheuses d'or de 1935 (Gold Diggers of 1935) (Busby Berkeley - 1934) 7/10

Dans un hotel de luxe, un metteur en scène sur la paille, Nicoleff (Adolphe Menjou), organise un prestigieux spectacle en utilisant les sous d'une mécène avare, Mrs Prentiss (Alice Brady). Parallèlement, cette dame confie sa fille (Gloria Stuart) à un jeune homme honnête (Dick Powell), afin qu'elle s'amuse sous chaperonnage l'été qui précède son mariage prévu à l'automne avec le bien peu séduisant T. Mosley Thorpe (Hugh Herbert)... Mais rien ne se passe comme prévu, et l'amour vient bouleverser les cartes, tandis qu'un spectacle grandiose vient conclure ce fol été à l'hotel.

Faire rêver et se moquer

Il est clair d'emblée que ce film, comme beaucoup de films hollywoodiens des années 30-35, a pour fonction première de faire rêver. On parle donc de gens immensément riches, avec des robes somptueuses, dans des hotels luxurieux. Il fallait sortir les gens qui souffraient de la crise, et leur offrir une bone dose de fantasme. La série des Gold diggers joue exactement ce rôle.

On s'intéresse donc à un hotel de très grand luxe, mais on ne perd jamais de vue les "gens normaux" : ceux-ci travaillent dans l'hotel et sont payés au pourboire, ceux-ci étant parfois faramineux. Le héros, par exemple, fait par ailleurs des études de médecine, et ne travaille à l'hotel que pendant la haute saison, l'été. De même, chacun ici est là pour tirer autant d'argent que possible des affreux richards, et on multiplie les astuces pour les pigeonner (un autographe transformé en promesse de mariage par une maitresse chanteuse, des négociations incessantes sur les pourcentages des recettes...).

Enfin, non seulement le riche est un pigeon et/ou une vache à lait, mais il est en plus ridicule. Ainsi l'un des personnages les plus droles est Mosley Thorpe, lunatique et distrait, qui rédige un mémoire sur les boites à tabac, et l'on se moque constamment de l'avarice de la très riche Mrs Prentiss (qui laisse 25 cents de pourboire aux 4 garçons de chambre qui portent ses bagages). Bref, on est là pour rêver, rire, et, au passage, se moquer un peu des gens les plus riches...

Des personnages savoureux

Les qualités majeures du films sont avant tout un ton joyeux, une fraicheur dans le traitement et une bonne humeur communicative. L'ouverture du film, toute chorégraphiée, est très sympathique, on est proche des dessins animés musicaux de l'époque (Merry Melodies & autres). Les personnages sont enthousiastes, la musique est toujours présente, et d'un rien on se met à chanter (même si les chansons de Dick Powell ne sont pas vraiment ma tasse de thé).

Surtout, l'excentricité des personnages crée des situations rigolotes. Le metteur en scène russe est bigger-than-life (Adolphe Menjou s'en donne à coeur joie, et force est de constater qu'il est drole), ses exclamations furibardes sont hilarantes, de même que ses colères ou sa façon de mélanger les expressions. L'avarice de Madame Prentiss est sujet de plaisanterie à tout moment (lorsqu'elle découvre que sa fille s'est offert un bijou, elle tombe évanouie. La chose nous est présentée hors-champs, avec juste un plan fixe sur la dame renversée, la note dans la main).

Du grand spectacle


Pianissimo ma piano

Enfin, le morceau de bravoure du film, les fameuses chorégraphies géométriques de Busby Berkeley, qui font la réputation de ces films, ne sont pas galvaudées. On s'émerveille devant certaines séquences mettant en scène plusieurs pianos dansants, mais ma préférence va à une séquence de claquettes collectives dans un immense décor. Le spectacle de ces dizaines de danseurs à l'unisson et des claquements en rythme a quelque chose d'exaltant.


Le spectacle de claquettes en fiche plein les mirettes

Bref, ce film a l'intelligence de ne rien viser de plus que ce qu'il est, un bon divertissement au cahier des charges assez strict. Il n'ira pas plus haut, mais garantit déja des sourires et quelques bons moments. C'est déja pas mal.

[Moviewar]

The Green Hornet (Michel Gondry - 2011) 3/10

Britt Reid, fils d'un fameux magnat de la presse, décide à la mort de son père de devenir un héros masqué. Aidé par son fidèle camarade, avec lequel il se dispute néanmoins à l'occasion, il entreprend de faire du Frelon vert un personnage détesté du public, tout en en profitant pour s'attaquer à un caid de la drogue...

Vulgarité et babaffes

L'idée de base est de faire du frelon vert un personnage en démarque des autres super-héros classiques. Réalisateur bricolo touche-à-tout et film sans CGI, personnage principal peu charismatique et plutôt bas du front, héros sans super-pouvoir... Le ton est au décalage.
Sauf que le décalage consiste ici à adopter les codes d'un autre genre, en l'occurence la comédie trash, genre dans lequel Seth Rogen est passé maître. Les gros mots et expressions vulgaires pleuvent donc à chaque réplique, mais là où dans certains films comiques, ce recours à la vulgarité vise à provoquer, à déclencher le rire, ici ça tombe à plat une fois sur deux.
De même, le recours majeur du film consiste à multiplier les séquences de bagarres, filmées comme les séquences de fêtes, ou inversement... De toute façon, Britt est un héros par désoeuvrement, il décide de lutter contre le crime parce que "c'est cool" (ou parce qu'un scénariste l'a décidé).

Un scénario grotesque et peu crédible


Lutter contre le crime pour bien se marrer

Voici donc un personnage égoiste et grossier, fils à papa et tête à claque, qui s'acoquine à un des valets de son père sans raison (comme grand-mère, Kato sait faire un bon café), et le problème est qu'il a tendance à traiter son employé comme un vulgaire employé. Sauf qu'en fait, c'est un ami, mais un larbin quand même, parce que faut pas déconner, l'argent décide... Il héritera même d'un costume de chauffeur, pour marquer le coup.
Désoeuvré, Britt décide donc de lutter contre le crime. Mettons... Pour ce faire, il sauve le sac à main d'une demoiselle en claquant quelques voyous, et, c'est là que c'est vraiment excitant, il en profite pour envoyer quelques voitures de flics dans le décor. Fun, donc ! The biggest thrill of my life !
Plus futé encore, l'idée finaude de faire dire du mal du frelon vert par la presse... Parce que comme ça, les méchants s'y laisseront prendre (et puis en plus, on pourra envoyer d'autres flics dans le décor). Cette idée de génie aura-t-elle joué un rôle dans l'intrigue ?? Ca aurait été trop logique. Ici, ça ne sert à rien, mais c'est pas grave, c'est la "couverture" du héros.
Passons sur l'absence de superpouvoirs, c'est son p'tit Kato qui se bat pour lui. Lui a des pouvoirs : le temps se ralentit et il agit hypervite. Sauf quand il se bat contre son patron, là, ils sont de force égale et cassent tout, sauf l'un l'autre...

Bref, le film ne s'embarrasse ni de vraisemblance, ni de morale, ni de cohérence, ni même de la moindre logique. La greffe entre les deux logiques, celle du film de glandu et celle du film de superhéros, ne prend pas, et les collures sont toujours artificielles. Ces personnages n'ont aucune bonne raison, ni d'aller ensemble, ni d'aller lutter contre le crime, sinon que c'est le cahier des charges du film. L'action et les blagues faciles sont la seule raison d'être du film. Heureusement, de ce coté là il y a quelques éléments à considérer.

De bric et de broc

Car le film compte quelques qualités disparates, notamment les gadgets des héros, qui sont plutôt marrants et un peu idiots, certaines répliques peuvent faire rire, Christoph Waltz confirme tout le bien qu'on peut penser de lui, et Cameron Diaz est décidément bien jolie, même si elle ne sert pas à grand chose dans le film. Enfin, on pourra apprécier certaines séquences d'action, même si l'absence d'enjeu est ici un problème (aussi connement qu'agisse le héros, il aura gain de cause quand même, la patte lourde du scénariste est là pour ça).

Reste qu'à mes yeux, le contrat n'est clairement pas rempli, l'action est réduite, moche et peu spectaculaire, le héros, un parfait imbécile, n'a rien d'héroïque ni même d'intéressant, sinon son coté ado attardé, mais pour ça je préfère les vrais films d'ado attardé.
Je mentionnerai au passage la musique du film, dont j'ai du mal à croire qu'il s'agisse vraiment d'un score de James Newton Howard tellement elle est criarde... Mais je me ferai une écoute hors-film pour vérifier.

[zack_]

Outch! Ca fait mal pour Gondry...

[Heatmann]

ah merde , quand meme ..... bon jme ferai mon avis , pas sur que j aille au cine ...

[alinoe]

C'est sur que ça ne ressemble pas à du Gondry, mais plutôt à du Apatow. Une comédie potache dont le héros serait un super-zéro avec plein de gadgets, une voiture super cool, aucune moralité, des explosions dans tous les sens, en somme très éloigné de la série des années 60 très sérieuse et dont le statut culte repose essentiellement sur la présence au générique de Bruce Lee. Le Frelon vert version Gondry, m'a beaucoup rappelé la série Batman des années 60 avec Adam West et Burt Ward, notamment au niveau de l'auto-dérision et des sous-entendues sexuels, les Bing, Splash, Boom et cie en moins. Franchement, j'ai bien aimé. C'est un divertissement décérébré assumé du début à la fin.

[groo]

Ben dis-donc, si ce ne sont que des sous-entendus sexuels, qu'est-ce que ça doit être quand ils deviennent explicites...

Je pense que je dois prendre les super-héros trop au sérieux pour apprécier de voir le genre ainsi écorné. Mais je n'aime pas ne pas aimer un film, et ça me rassure que d'autres l'aiment. Je n'ai juste pas repéré les qualités du film, mais il y en doit donc y en avoir...

[moricenlive]

Apatow

[Heatmann]

sur pineapple express y a 4 scenariste de crediter dont apatow donc c est pas super influent , et putain j adore ce film , sur talladega night je sais ce qu il a fait mais c est aussi une de mes comedi 00's favorite , ou alors tropic thunder que j adore qui sent un peu le apatow mais enfait non il a rien ecrit . je le sent bien green hornet pour moi

[alinoe]

Pour le terme "sous-entendu" sexuel, je faisais surtout référence à la série Batman des années 60, car dans le Frelon vert version 2011, c'est très explicite.
En règle général, je trouve le style Apatow insupportable et là curieusement, j'ai trouvé qu'il y avait une ressemblance avec ce style d'humour et pourtant j'ai aimé le film. Il est vrai que je n'attendais rien du Frelon vert, dans la forme comme sur le fond, c'était un super-héros très lisse et une série mineure des années 60. Avec Gondry, ça devient déjanté et sympa, mais je comprends qu'on puisse ne pas adhérer.

[Scalp]

Le style Apatow c'est de faire des films trop longs

[Killbush]

C'est clair que si on aime pas le style Appatow et Rogen (qui vampirise carrément le film), on risque de détester Green Hornet !

Faut que je me motive pour faire ma critique, histoire de contrebalancer tout ça

[Kakemono]

Franchement j'adore le style Apatow et Rogen me fait énormément rire, mais là, ce Green Hornet, j'ai trouvé ca atterrant. Si j'en fait une critique, mon 5/10 risque de se transformer en route et perdre quelques unités pour rejoindre celle de Groo.

[groo]

Je n'ai rien en soi contre Apatow ni Rogen, bien au contraire, certains de leurs films me plaisent énormément. Mais je trouve qu'ici, la greffe avec l'univers des super-héros ne prend pas. Et Apatow n'est pas dans le coup, Rogen est tout seul ici. Un acteur n'est pas forcément un bon scénariste.

[nicofromtheblock]

Là, en l'occurrence, Seth Rogen est scénariste avant d'être acteur.
Même s'il n'est pas crédité officiellement, il écrivait déjà sur la série Freaks & geeks en 2000.
Pour moi, c'est une valeur sûre de la comédie US.