Pain, amour et fantaisie (Luigi Comencini - 1953) 5,5/10
Le maréchal des logis Antonio Carotenuto (Vittorio de Sica), bel homme d'un certain age, est muté dans le petit village de Sagliena, petit village rural au coeur de l'Italie. Il s'accoutume à la vie locale, rencontre la charmante Annarella (Marisa Merlini), sage-femme du village, dont il tombe amoureux, ainsi que "la fantassine" (Gina Lollobrigida), jeune sauvageonne qui doit à sa beauté d'être courtisée de beaucoup, et calomniée par plus encore... Après maints chassé-croisés et quiproquos, des couples se formeront.
Une chronique paysanne
Toujours perchée sur son âne, la fantassine fait chavirer les coeurs
Pain, amour et fantaisie est une chronique italienne, une ode à la vie campagnarde, aux valeurs traditionnelles italiennes. Le film, l'un des premiers de Comencini, qui allait plus tard gagner en force d'expression personnelle (mais pour le moment, sa patte n'est vraiment pas très visible), nous vante donc la valeur de gens pauvres, mais dignes, dont la vie oscille entre travail dur, rumeurs de village et visites à l'église. Il s'agit d'un de ces films populaires qui ancrent le caractère italien dans un "village-type" qui va vite devenir l'archétype du village italien.
Le film connaitra un immense succès, le pays en pleine modernisation avait sans doute besoin de tels repères.
Un marivaudage léger
L'intrigue, ici, pèse moins que la description d'un mode de vie, et l'on suit l'amour muet d'un gendarme pour une jeune fille pauvre, qui sera sans cesse troublé par diverses péripéties (racontars, interventions des uns, des autres, bagarre chez le frippier ou intervention du bon curé...), de même que les rapports plus murs entre le maréchal et la sage-femme, dont la vie dissimule un mystère. Au final, l'amour est ici toujours bon enfant : chacun cherche une épouse ou un mari, et l'on passe le plus clair de son temps à chercher à interpréter les gestes d'autrui (dans un village où tout se sait, on se doit de minimiser les débordements affectifs).
Un manque d'approfondissement
Cela dit si, au final, le film reste divertissant, il ne laisse pas beaucoup de souvenirs : il ne se passe pas grand chose d'intéressant... Le moment le plus dramatique du film se résume à un double accouchement en deux points différents du village, la sage-femme devant aller de l'un à l'autre sur le deux-roues motorisé du gendarme. Enfin, la psychologie des uns et des autres reste bien élémentaire, toute malice étant absente des personnages du film.
On reste donc amusé, gentiment distrait, mais, quand on n'a pas spécialement de nostalgie de cet ancien mode de vie d'un autre temps, le film ne nous atteint guère. Trop de légèreté, de naïveté, de superficialité... Un peu comme une carte postale, en fait...