La 25ème Heure Spike Lee - 2002
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Ca c'est vraiment le Spike Lee que j'aime, celui qui raconte une histoire et ne se pose pas en défenseur de la communauté black et laisse tomber le racisme pour les nuls ( remember
Jungle Fever et
Do The Right Thing ), Spike Lee on le dira jamais assez mais il est vraiment plus à l'aise dans le films de genre ( Inside Man, Summer of Sam et
Clockers ), la 25 ème heure est l'exception qui confirme la règle puisqu'ici c'est un pur drame mais un fucking movie.
Si le film est si bon c'est aussi parce que Spike Lee a pas écrit le script ( et oui tout ses meilleurs films ce sont pas des scripts à lui ), on y retrouve bien l'amour de NY mais ici on a un script tout en finesse ( le contraire de scripts de Lee quoi, bon allez j'arrête critiquer le père Spike, parce que bon là y tue son film ), au script on retrouve David Benioff qui adapte son propre roman.
L'histoire en elle même a rien de génial à la base : la dernière journée d'un dealer ( peut être un peu trop décrit comme un bon gars mais c'est pas spécialement gênant ici ) qui va aller purger 7 ans de zonzon mais sur ce postulat de départ basique on se retrouve avec un putain de film sur l'amitié ( car les 2 potes ici ont un rôle vraiment important ), la famille et les regrets d'un homme qui sait très bien que sa vie est foutue ( terrible scène ou il se confie à Pepper ), les relations entrent les personnages sont loin des clichés du genre ( notamment le perso de Pepper qui résume très bien la situation, en disant que c'est son pote mais voilà il a ce qu'il mérite ), chaque personnage est particulièrement bien écrit ( tous ont leurs défauts et leurs qualités et ça les rend attachant ).
Le rythme presque lancinant est loin d'être désagréable car le film est assez bavard et que les dialogues sont particulièrement bien écrit ( le passage du 99% & 62% est bien marrant et Lee film NY comme peu de monde ( personne à part Scorsese en fait ). La construction narrative est bien fichue aussi, avec des flashback s'insérant à merveille dans le film sans qu'on nous sorte attention spectateur teubé ceci est un flashback. Et le petit suspens autour de qui a balancé est bien ficelé (même si le film se repose clairement pas là dessus).
J'adore vraiment comment il film son NY blessé post 11/09 sans en faire des tonnes, sans tomber dans du voyeurisme ou du pathos, il promène sa caméra de partout ( Bronx, Queens, Staten Island, Brooklyn et Manhattan ) et la découverte du ground zéro en plongé fait un drôle d'effet. Quand Spike Lee rend honneur à sa ville il le fait avec talent mais aussi et surtout avec pudeur voir notamment le plan discret sur les personnes disparus et c'est d'ailleurs le premier cinéaste a avoir posé ses caméra dans le NY post 11/09.
Par contre la fin j'ai un petit bémol, ça fait trop choisissez la fin qui vous convient et du coup l'émotion est moindre, ça amoindrit l'impact du film qui jusque là était très noir ( malgré la putain de voix off de Brian Cox ).
La réalisation de Lee est comme toujours du high level ( et c'est la preuve qu'on peut faire des drames sans tomber dans des trucs tout plan plan à oscars ), on retrouve son gimmick rien qu'a lui avec le travelling arrière avec l'acteur au premier plan ici il ressort notamment lors du long passage de la boite de nuit et le fout sur Anna Paquin ( qui arrive être sensuelle, sacré exploit ) puis Seymour-Hoffman avec sa tête d'ahuri. La séquence du Fuck You est un moment où on touche au sublime avec un montage parfait sur des images plus que parlantes et un texte génial ( petite préférence sur les ritals et sur les blacks basketteurs) c'est clairement ce que Lee a fait de mieux dans sa carrière. J'aime aussi comment il film ces scènes dialogues ( ça se limite pas à du champ contre champ à 2 caméra, par moment y a même 4 caméras ou plus ) et le dernier plan des 3 amis me fait penser à
Mystic River et dans sa narration je trouve que le film se rapproche vraiment du chef d'oeuvre de Clint, on y retrouve la même douce mélancolie qui se dégage des images.
Gros travail au montage avec par moment un Lee qui se déchaine avec des enchainements ultra rapide et des super raccords, et il y aussi une narration où les flashback s'insère de façon très naturel au récit sans qu'on nous les souligne grossièrement.
Bon si j'aime pas trop certains Spike Lee, y a un truc qu'on peut vraiment jamais lui reprocher c'est que c'est un putain de directeur d'acteur, on est jamais mauvais chez Spike Lee et ici tout le monde est bon voir génial, Ed Norton trouve ici son meilleur rôle, il ne tombe pas dans le one man show comme il peut le faire et est juste sur toute ses scènes ( il est génial quand il se confie à Pepper ), Barry Pepper au début on se dit oue bon c'est le rôle du kéké beau gosse sûr de lui mais sa dernière séquence c'est juste masterpiece et pis il a toujours la réplique qui tue - Who are you trying to be... R. Kelly? , Philip Seymour Hoffman en prof un peu à l'ouest qui aimerait bien pécho sa jeune élève et lui aussi très bon ( et chaque acteur a droit à SA scène d'acting ), Anna Paquin dans son registre habituellement si soulant est ici parfaite, Isiah Whitlock Jr alias Mister Shiiiit joue sur le même registre que dans The Wire mais il est vraiment excellent, Brian Cox a seulement 2 scènes mais c'est suffisant pour nous rappeler quel grand acteur il est, puis il y a Rosario Dawson qui livre pas la performance de l'année mais qui fait le boulot et pis bon c'est Rosario.
La BO de Terence Blanchard atteint des sommets avec des morceaux vraiment merveilleux et pis le film se termine sur un titre du Boss, la classe.
Film qui pour changer à été oublié aux oscars ( c'est pourtant bien le genre de truc qu'ils kiffent ) alors je sais pas si c'est pour 2002 ou 2003 mais histoire de situer le truc en 2002 le vainqueur c'était un Homme d'exception et en 2003 Chicago et 25th Hour était même pas nominé.
Quand y veut Lee nous refait un film de cet acabit, il a l'air d'avoir du mal a se remettre de l'échec monstrueux de son film de guerre, et là on est plus proche du RIP que d'un prochain bon film.
9,25/10
PS : me suis permit de piquer tes screens Padri.