127 Hours (127 Heures) de Danny Boyle
(2010)
Deux ans après son sympathique
Slumdog Millionnaire qui marquait un certain aboutissement de mise en scène, Danny Boyle revient avec
127 Hours, film survival tiré d'une histoire vraie. Un choix un à la fois douteux (un seul acteur pendant près d'1H30 de métrage, moyen comme un autre pour s'assurer un maximum le choix de l'Académie des Oscars) et risqué, tant le nombre de films du genre sont peu réussis, voire très mauvais. La bande-annonce laissait présager un film contrastant avec son sujet en étant lumineux et avec une caméra s'infiltrant absolument partout, un film original donc. Pourtant, le résultat est loin d'être convaincant.
Car là où le récent
Buried contenait une véritable force scénaristique en proposant au spectateur de rester pendant la totalité du film dans le cercueil où le protagoniste est enfermé,
127 Hours n'hésite pas à laisser son héros en retrait, s'intéressant souvent plus à ses souvenirs qu'au personnage lui-même. Ainsi, hormis une brillante scène à la fois humoristique et tragique de dialogue intérieur (celui du présentateur TV), Danny Boyle se perd souvent à vouloir en dire trop concernant les pensées du captif. Petite amie larguée, famille évitée, autant de clichés qui ne trouvent finalement pas vraiment leur place ici et qui se permettent de plomber le film, le rendant non pas ennuyeux (il ne l'est jamais) mais vain, terriblement vain. Autre gros problème : jamais le spectateur n'a l'impression d'être coincé avec le personnage, jamais les 127 heures du titre ne se font ressentir, le film aurait surement eu besoin d'une petite demi-heure en plus pour convaincre totalement sur ce point là. On saluera toutefois la volonté de Boyle de filmer absolument tout et ce, malgré l'extrémisme de la chose : moments de folie, divagations, ingurgitation d'urine et enfin tranchage de membre avec un couteau suisse premier prix, des actes rarement visibles au cinéma qui donnent véritablement l'impression d'un réel culot de la part du cinéaste. Je préciserais enfin que la scène gore, véritable buzz du film, est extrêmement éprouvante. Étant hématophobe sur les bords, cette séquence a été un véritable supplice, me mettant mal à l'aise et me donnant envie de vomir et de m'évanouir devant un acte aussi horrible visuellement et psychologiquement. Aucun doute là-dessus : le film fera surement beaucoup de bruit à cause de cette scène, tellement inventive qu'elle en devient presque réelle (le bruit strident que provoque le toucher du tendon), certains crieront au scandale pendant que d'autres prétendront trouver la séquence banale, dans tout les cas, on ne peut rester insensible devant celle-ci.
Passons à la mise en scène de Danny Boyle, qui permet à
127 Hours de ne pas sombrer du côté des films ratés. En effet, le britannique, comme à chaque film, se renouvelle totalement en proposant des angles de vues et des mouvement jamais vus, le tout sur un montage rapide qui sait toutefois se calmer lorsque le besoin d'en fait ressentir. On pourra juste reprocher la même chose qui empêchait
Slumdog Millionnaire de briller totalement : le côté clipesque de la réalisation, détail qui ne colle vraiment pas avec le sujet du film, bien qu'intéressant visuellement. Dommage que l'on s'éloigne de la mise en scène d'un
28 Days Later ou d'un
Sunshine. Enfin, je finirais sur un petit commentaire sur la prestation de James Franco, à la fois surprenant et bluffant, mais qui, hélas, ne trouve pas le petit quelque chose qui ferait monter son interprétation d'un cran. Un grand rôle certes, mais pas encore celui qui fera sursauter sa carrière.
Film à la fois expérimental et un brin académiste comme pouvait l'être
Slumdog Millionnaire,
127 Hours est loin de compter parmi les grandes réussites de Danny Boyle. Reste un long-métrage stylisé, éprouvant et divertissant, c'est tout de même loin de faire un véritable bon film.
NOTE : 5,5/10