INGLOURIOUS BASTERDS
Il est difficile d'écrire une critique d'un film de Tarantino tant il ya de choses à dire , à montrer et à écouter.
Il ya encore de ça deux ans je n'aimais pas trop ce cinéaste que je trouvais surestimé.
Pourtant avec le temps force est de constater que mon avis sur ses films a bien changé.
Son dernier film est un condensé de ce qui fait son style et même si l'on pourrait constater une redondance formelle surlignée en gras par des soundtrack chopées à droite à gauche (mais remarquablement utilisées), des gimmicks récurrents (mais qui sont toujours jouissifs pour le spectateur réceptif) et une écriture de dialogues toujours très lourde (Tarantino impose des dialogues bourré de références, de citations etc..ce qui peut connoter un certain égocentrisme et prétention). Alors oui son dernier film transpire le western , transpire l'hommage à des réalisateurs comme Leone (+ une forte utilisation de musiques composées par Morricone ) et à des tas d'autres que je connaitrais jamais tant Tarantino est un boulimique de la pellicule. Sa culture déborde peut-être même un peu trop des films qu'il réalise mais malgré tout putain mais ça tue ! c'est d'une richesse imparable sans déconner. là où Snyder tourne des plans iconiques de guerriers à la seconde Tarantino lui il dilate le temps en iconisant non pas un individu mais le plan lui-même...en créant une pure ambiance Leonienne (pour l'ouverture) et assez statique dans un film. Ici c'est la 2nde guerre mondiale revu et mise en scène telle une uchronie (et il me semble que les costumes ne sont pas calqués sur la réalité justement parc que le film est une relecture des évènements et s'amuse donc les modifications servent à indiquer clairement une uchronie assumée). C'est cocasse, surréaliste, décalé c'est QT quoi.
QT se permet de jouer avec l'Histoire pour délivré une bonne fois pour toute LE pur fantasme fictif d'une vengeance ethnique. Le truc auquel tout le monde à déjà pensé. revenir dans le temps, tué Hitler et faire souffrir les Nazis. N'accorder aucune pitié. Pas de rédemption, pas de compromis. Le réalisateur écrit alors Inglourious Basterds en 5 chapitres (procédé déjà utilisé dans tous ses films il me semble) et hormis l'un d'eux dont les 3/4 sont franchement lourd et inutiles) et un autre dont le début est lourdingue dans le genre ça parle pour citer des œuvres cinématographiques et se branler la nouille , tout le reste c'est brillantissime.
Entre un casting qui déboite, un Brad Pitt poilant, qui force le respect et se la joue parodie articulée et sur-expressive d'anciens rôles de Clint Eastwood, une violence limite choquante et une déclaration d'amour évidente à un cinéma d'antan où justement la caméra et le montage n'étaient pas volubiles : c'était les personnages qui l'étaient, les musiques et l'ambiance.Tarantino "compose" plus qu'il ne filme. Leone disait que Morrcione était son meileur scénariste et aujourd'hui ses mots sont miens pour définir la relation entre l'image et la composition du dernier film de QT.
On enlève la musique on retire par la même occasion 50% de l'impact d'une scène ou d'une plan.
Que le cinéma soit aussi dépendant d'une orchestration musicale me parait aujourd'hui assez absurde car depuis No country for old men on a vraiment la preuve que l'image, la photo, le jeu d'acteur et l'ambiance sonore peuvent largement contribuer à remplacer la musique.
Le truc c'est que la fusion ente image/musique décuple l'émotion d'une séquence, sa force, son charisme et son importance dramaturgique.
Ne serait-ce que niveau "sensation" la musique à son petit effet. Tarantino a compris ça depuis ses débuts et ce n'est pas le genre à vouloir créer ou travailler avec un compositeur attitré qui lui serait fidèle. il prend ce qu'il aime, il pioche dans des soundtrack de films oubliés mais aux compositeurs éternels. pourquoi dépenser pour "créer" de nouvelles chose quand il existe déjà le thème ultime pour une scène qui nous trotte dans la tête que lui-même nous a soufflé?
Si encore QT était un manche au moment de placé ses musiques..Mais ne serait-ce pas la musique qui place la scène? Ce que disait donc Leone à propos d'Ennio Morricone était donc tout justifié. L'image a besoin de la musique. La musique crée l'image. c'est pour cela que ça fonctionne aussi bien et que ça parait "naturel". On ne peut défaire l'un de l'autre: ce serait comme enlever les effets sonores des vaisseaux et des sabres lasers dans Star wars.
CHAPITRE UN
Inglourious basterds est donc un concept : celui d'imposer un rythme encore plus lent que les précédents films du cinéaste. On dilate le temps comme Leone le faisait : grâce à la musique donc, la photo, des hommes charismatiques dont on capte le regard et la moindre goutte de sueur perlant sur le visage et une caméra quais statique qui force le respect et dont le moindre mouvement se veut imperceptible ou presque.
Le chapitre un est un puissant hommage à un genre (le western) mais surtout à une ambiance, une façon de mettre en scène et d'imposer un découpage cohérent, sensé et dont l'impact sur les nerfs du spectateur est primordial.
Les champs, la campagne, la verdure, le père et ses jeunes filles, les voitures qui arrivent au loin, la musique qui "prépare" royalement la future séquence et le débarquement du personnage principal dans la demeure reculée et solitaire d'un veuf à qui il va mettre une pression monumentale en utilisant que des mots...et nous, pauvres cinéphiles, nous sommes agrippés au siège une tension mené haut la main grâce à tous les ingrédients cités plus haut.
Encore une fois Tarantino base énormément son film sur les dialogues seulement ici c'est surtout par le colonel Landa que le réalisateur instaure le concept même du film (utilisé d'ailleurs à 3 reprises)qui est de se faire se confronter les protagonistes et Landa par une discussion banal à priori mais terriblement intelligente où chaque mot du colonel permet à son enquête d'avancer tant chez ses auditeurs se ressent très vite une peur quasi palpable qui les trahit peu finalement vu que Landa "sait" tout et devine tout. C'est ce pour quoi il travaille pour les Nazis d'ailleurs. c'est son talent, son don.
Une assez longue ouverture bavarde nécessaire et remarquable niveau interprétation : elle pose les bases du film, permet de connaitre Landa et de savoir qui il est, comment il procède. On comprend aussi mieux le background de Shoshanna et son désir de vengeance puisqu'elle est la seule rescapée et le plan où on la voit courir par l'embrasure de la porte et Landa de dos c'est clairement pour signifier que toute l'histoire n'est réellement concentrée que sur ses deux individus que les intrigues ne se relient que sur une scène n'est pas l'important.
Niveau musique comment ne pas être pris de convulsions avec le sublime L'incontro Con La Figlia qui fait monter le suspens et la peur à leur apogée.
Morceau ultime
CHAPITRE 2
Présentation des Basterds et le ton change radicalement : ici on est dans du pur Tarantino où le burlesque côtoie une violence gratuite mais pas fortuite. On le savait, les affiches le connotait et c'est encré dans les films du cinéaste. Les Basterds deviennent la Némesis juive et rien que le discours de Brad Pitt soutenu par un Eli Roth silencieux au sourire silencieux on comprend le délire. dans les bois, on croise donc un superbe acteur Richard Samell qui s'avance vers une mort inéluctable. Ralentit superbe, excellente musique, présentation des lieux : les Basterds entourent les Nazis et les surplombent même. On comprend clairement la mythologie et l'aura qui émanent d'eux car les Nazis en ont peur.
Encore un clin d'œil à un western via un sublime morceau signé..Moriconne.
Présentation loufoque et jouissive de l'un d'eux avec les gimmicks qui déchirent et le tout offre un des meilleurs background d'un personnage vu au cinéma. C'est même Samuel Lee Jackson qui fait la voix-off. certes, nous pourrions reprocher au réalsiateur de tourner en rond et d'utiliser à chaque film le mêmes "touches" mais c'est son univers. Le truc c'est qu'on a vraiment l'impression qu'à part rendre hommage, faire des clins d'œils et utiliser des techniques ou des musiques anciennes en appuyant bien le tout par des dialogues de bars cultivés et truffés de références.
Avec ce chapitre 2, le cinéaste indique clairement un film à ne pas prendre au sérieux. Inglourious basterds ne se veut à aucun moment une parfaite reconstitution de la 2nd guerre mondiale. Le film ne se veut pas non plus solennel. C'est même clairement le foutoir sur tous les plans. Une zizanie où se mêle corruption, ambition, vengeance, guerre, meurtre, folie etc....
En peu de temps voilà donc un chapitre 2 bourré de plans iconiques et la tension n'est donc dans le même registre que la partie 1.Ici c'est la peur des Basterds et leur violence qui effrayent les Allemands serviteurs du Führer.
CHAPITRE 3:
Le rythme s'estompe, on se concentre sur Shoshanna et étrangement le film perd en saveur. On s'ennuie, l'actrice choisie est fade, presque inexpressive et ses répliques sont banales. D'ailleurs toutes les répliques de Shoshanna sont vraiment d'une banalité absolue. Je comprend pas ce choix dans le casting. Tarantino aurait pu en faire une pure walkyrie ou au moins prendre une actrice plus imposante,plus charismatique . Mélanie Laurent sans déconner. Ses réactions , son jeu et son tempérament sont limite ridicules. On dirait même qu'elle se fait chier royal à tourner pour Tarantino. Cette petite partie sur elle veut développer quoi? Encore une réalsiateur qui s reluque le cul en citant et citant et citant des œuvres cinématographiques. comme si son talent formel et ses clins d'œils musicaux ne traduisaient pas assez sa culture cinéphile. Alors le scénario s'engouffre dans des portraits de personnages dont on se fout pas mal, fades et inutiles (le "héros" de guerre amoureux de Shoshanna, Goebbels) et hormis 2-3 gimmicks sympas et la musique qui démarre quand Landa débarque au restaurant, pendant plus de 20 min c'est lourd, pas intéressant, Tarantino révèle donc sa vraie faiblesse: en dehors des hommages, des gimmick et de ce qui fais sa patte, dès qu'il doit raconter quelque chose de manière plus soft et développer des personnages sur un ton plus sérieux bah il se plante. Le rythme est trop inégal entre les parties 1/2 et la 3ème. Cela dit que je pense vraiment qu'avec une autre actrice pour Shoshanna a et une intrigue moins portée sur le cinéma, le chapitre se serait bonifié.
Reste le dialogue entre Landa (immense acteur) et Mélanie Laurent (qui rame) :
CHAPITRE 4:
Une intro encore une fois à rallonge où les acteurs parlent de cinéma et encore de cinéma et toujours de cinéma.
Bon par la suite on retrouve les Basterds (pour un très court moment) et s'ensuit une scène encore une fois bourrée de tension où chaque dialogue est important pour la suite logique du déroulement dramaturgique. Comme sur les scène avec Landa, ici les dialogues forment un tout cohérent servant au final à déstabiliser les "adversaires" dans une joute verbale que seul Tarantino sait écrire.
Les acteurs sont au top, leurs réactions ultra crédible et Fassbender assure. La scène de fusillade dure allez...40secondes et elle met au pied du mur n'importe laquelle des films de ces 5-10 dernières années. La lenteur et le statisme de la caméra ne sert qu'à rendre la scène de pétarade encore plus impressionnante, efficace et surprenante (les effets sonores et l'utilisation des zooms sont géniaux).
Découpage et impact : Tarantino n'invente rien mais il s'est tellement nourri de films que toute sa culture ciné lui sert à mette de côté l'inutile et l'illisible pour réussir à filmer des coups de feux dans un endroit confier où les perosnnages sont proches les uns des autres: même avec quelques plans serrés, des zoom et des gros plans il construit une séquence magistrale.
FUCKING GUNFIGHT
Des ruptures de ton, le film en est bourré mais c'est chaque fois (à part la partie 3) maitrisé , c'est pas choquant,.
CHAPITRE FINAL:
Belle intro avec un fondu classe de la Némesis rouge:
Le grand final mélange donc le tout : les Basterds et le ton qui leur est approprié, Landa et don "don" capable de déceler et acculer n'importe quel homme dans ses propres retranchements , la revanche de Shoshanna, et tout la déclaration d'amour au 7ème art trouve ici don apogée en nous amenant directement dans un cinéma d'antan, à une avant-première d'un film Nazi qui se résume à voir un mec percher dans un clocher tirer toutes les 5 secondes sur des soldats français.
Tarantino se moque ouvertement des Nazis et nous préparent à un futur carnage limite grand guignolesque jouissif où le grand écran et le gros plas sur Shoshanna qui envoie un rire quasi satanique renforce l'idée d'une œuvre complètement dingue et outrancière.
Les gros défauts: Mélanie Laurent, la partie 3 et trop de branlette autour du cinéma où le cinéaste prouve sa prétention et son égocentrisme.
Les gros plus: la technique, les références et clins d' œils et gimmicks l'ambiance, le concept, Christopher waltz, brad Pitt, la soundtrack exceptionnelle.
Un putain de film dont je la revision depuis sa sortie change totalement mon avis.
8/10