Piranha de Alexandre Aja (2010)
Alexandre Aja continue sa vague de remakes en s’attaquant au film de Joe Dante, Piranha. Bien que prenant ce film de 1978 pour modèle, Aja s’en éloigne volontairement pour signer un film qui n’a, hormis les bêtes en questions, pas grand-chose à voir avec son ancêtre. Vendu comme le summum du cinéma fun et décomplexé, Piranha s’est vu couronné d’un immense succès critique assez irrationnel pour une œuvre qui ne le mérite clairement pas.
Accumulant les clichés comme il n’est pas permis, on se retrouve face à un festival de cul et de gore qui peut devenir vite indigeste tellement le film semble se complaire dans ce marasme artistique amenant le métrage à n’être ni plus ni moins qu’un film pour beauf et ados en manque de cul et de sensations fortes. Ca, c’est si l’on s’en tient à une vision « objective du film ».
Pourtant, Piranha peut aussi s’apprécier pour ce qu’il est : une série B 70’s-80’s tournée pendant les 00’s. Ainsi, comme tout bon film d’exploitation qui se respecte, on n’échappe pas à de la tripe gracieusement exhibée de même que pour les poitrines de ces demoiselles venues assurer le cota mammaire que tout bon film d’exploitation se doit de respecter. Piranha 2010, c’est ce à quoi aurait du ressembler le projet Grindhouse finalement, là où l’opus Tarantino-Rodriguezien se vautre plus ou moins selon le titre considéré, Aja s’en sort correctement en utilisant les recettes des séries B de l’époque en étant volontairement vulgaire, putassier et artistiquement proche du néant tout en mettant à profit les moyens de notre époque pour aller encore plus loin dans le gore gratuit. Nul mais profondément jouissif.
C’est avec un certain plaisir que l’on assiste à quelques caméos plus ou moins réussis comme ceux de Richard Dreyfus (dont le sort est assez innatendu) ou Christopher Lloyd, qui, ayant compris dans quoi il avait mis les pieds, en profite pour cabotiner comme ce n’est pas permis. C’est assez sympa de le voir aux cotés de Elizabeth Shue vingt ans après Retour vers le futur. Pour les autres, c’est le minimum syndical, ils remplissent leur rôle mais ne transcendent rien, mais c’est le genre qui veut ça. Un des problèmes du film est également de ne pas s’intéresser assez à ses personnages, on aurait bien fait un peu plus connaissance avec Kelly Brook…
Au final, un divertissement pop-corn à se faire un samedi soir avec des potes, qui se revendique comme un nanard et se révèle, aussi surprenant que cela puisse être, une des meilleures productions de genre de ces dernières années.
6/10