[groo] Mes Critiques en 2011

[Waylander]

Sixième sens ça vaut 10 écoute pas Scalp.

[groo]

ADIEU PHILIPPINE (Jacques Rozier, 1962) 7,5/10

Michel, jeune technicien qui travaille à la télévision (Jean-Claude Aimini), part faire son service dans quelques mois en Algérie. Dans cette attente, il fait la rencontre de Juliette (Stephania Sabatini) et Liliane (Yveline Cery), deux amies avec lesquel il flirte, mais tarde à se décider. Sur un coup de tête, il part en Corse, rejoint par les demoiselles. Entre elles, la rivalité amoureuse finit par créer des tensions...

Un film de la Nouvelle Vague

Pour le cinéma français, le début des années 60 correspond au déploiement d'un groupe de jeunes cinéastes qu'on allait regrouper sous l'étiquette de Nouvelle Vague. Le cinéma de Michel Rozier s'inscrit résolument dans cet esprit nouveau : tourné en décors naturels, sans aucun acteur connu, ne parlant que du quotidien, incluant de la musique contemporaine, évitant les mots d'auteur et en prise sur son temps...
Le montage est fantaisiste et ludique, ainsi, par exemple du générique du début où chaque collure de plan correspond à une saute dans le rythme de la musique qui est jouée. Inversement, le film est encore en son post-synchronisé, ce qui peut gêner dans le visionnage (pour ma part, je déteste ça). A plusieurs moments, des interventions de ce type, de la mise en scène, viennent jalonner le film sur un mode plaisant. Enfin, le jeu souvent évoqué entre images et musique permet d'aboutir aux plus belles séquences du film, la photographie étant par moment magnifique.
Par ailleurs, le cinéma est très présent dans le film : on est plusieurs fois sur un tournage (c'est le job du héros), et l'on croise un producteur véreux qui reste comme l'un des personnages les plus attachants (et les plus comiques) du film, sans doute inspiré d'un ou plusieurs personnages réels.

Pour la petite histoire, le film fut présenté à la quinzaine des réalisateurs à Cannes, en 1962, et fut acclamé par la nouvelle garde du cinéma d'auteur. Ainsi, Godard décrète que "Quiconque n'aura pas vu Yveline Céry danser un cha-cha-cha les yeux dans la caméra ne pourra plus se permettre de parler cinéma sur la croisette". Et Eric Rohmer, alors rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma (la revue phare du mouvement) utilisera une image du film pour la couverture d'un numéro spécial Nouvelle Vague.

Un film sur la jeunesse de son temps


Demain matin, la première qui dit à l'autre Philippine aura le garçon qu'elle voudra

Le film vaut énormément pour son rendu authentique de l'époque à laquelle il a été filmé : on voit Michel dans son travail (des captations de pièces télévisuelles filmées par Christophe Laverty), on traverse Paris de long en large, on voit les débuts du Club Med et la Corse des années 60, encore très sauvage.
De même, on a un portrait de la jeunesse de l'époque, avec son parlé et ses expressions d'alors, dans plusieurs scènes où l'on voit Michel avec ses copains. On verra également des déjeuner familiaux où sont évoqués les problématiques politiques de l'époque (la bombe, les Russes, les Américains...). La vérité est aussi dans les comportements, souvent bien vus.
Bref, le film est continuellement en prise sur le réel, ce qui est tout à fait plaisant et frais.

Un film subtil, qui traine parfois la jambe


Des jeunes qui trainent beaucoup au café

Mais, à trop déambuler, le film révèle aussi ses faiblesses. Car si Michel ne choisit pas entre Liliane et Juliette, c'est parce qu'il sait qu'il en a pour quelques semaines avec elles, avant son départ pour deux ans. De même, il peut envoyer promener son boulot sans arrière-pensée : sa place ne l'attendra pas à son retour. Inversement, du coup, par réalisme, certaines séquences trainent par trop, et on finit par s'ennuyer devant elles. Comme dans la vie, tout n'est pas follement amusant.
De même, la seconde partie, en Corse, voit les personnages partir ensemble en randonnée, et c'est le moment le plus faible du film : passé le dépaysement, les disputes entre les filles finissent par être redondantes.

Au final, le film est joli, frais et inventif, juste, mais pèche un peu par sa longueur, notamment dans la dernière demi-heure, qui n'ajoute que peu de choses à ce que l'on a déja vu. Une structure un poil resserrée aurait probablement fait un film plus prenant. En même temps, on pourrait objecter que c'est un film sur le "temps perdu", qui, justement, doit prendre le temps de flaner un peu, de trainer la patte...

[Scalp]

Sixième sens ça vaut 10 écoute pas Scalp.

Bein franchement je trouve pas, ça fait partie des films à twist nettement moins prenant à la seconde vision ( bon on essaye de déceler les trucs mais ça s'arrête là ) et c'est vraiment un cran au dessous d'Incassable, le vrai et unique chef d'oeuvre de Shyamalan.

[groo]

Sixième sens ça vaut 10 écoute pas Scalp.

Bein franchement je trouve pas, ça fait partie des films à twist nettement moins prenant à la seconde vision ( bon on essaye de déceler les trucs mais ça s'arrête là ) et c'est vraiment un cran au dessous d'Incassable, le vrai et unique chef d'oeuvre de Shyamalan.

C'est justement parce que je ne partage pas l'avis que tu exprimes dans la partie surlignée en gras que j'ai mis une si bonne note. Le film garde tout son intérêt une fois digérée la surprise de la révélation finale. Certes, le deuxième visionnage a facilement tendance à s'arrêter à une "vérification" de si ça colle ou pas. Mais une fois passée cette façon de regarder le film, l'histoire en elle-même est super-forte, émouvante, et très bien jouée.
Je ne m'attendais pas à être ému lors de ce nouveau visionnage (il s'agissait de montrer le film à ma fille, qui est en âge de voir des films de grands), or je l'ai sincèrement été.

[Scalp]

Ce que je reproche au film c'est une approche beaucoup drama et que les scènes de suspens ou tension sont quasiment absente alors pour la première vision ça passe car l'histoire reste sympa mais à la seconde vision pour moi c'est vraiment rédhibitoire, bon ça reste un bon film ( j'ai du mettre 7 je crois ) mais ça a pas l'excellence de certains film à twist ou celle de Incassable.

[Waylander]

On s'en fout des twist des deux chef d'oeuvre de Shyamalan. Faut pas réduire ses films àa ça. Ya toute une direction d'acteurs , ya un vrai travail sur la photo, sur l'ambiance , les compos musicales sont magistrales etc...

[Scalp]

Je réduis pas le film a ça, le fait est que pour Sixième Sens, le twist est une part prépondérant du fonctionnement de l'histoire et moi bein désolé mais à la seconde vision je décroche, ça manque de climax.

[groo]

Il y en a pourtant plusieurs. Mais ce ne sont pas les mêmes qu'à la première vision.

[Scalp]

Oue mais c'est des climax petits joueur, à part le passage avec le gamin martyrisé par ses copains et celui dans l'école c'est trop gentillet et un brin plan plan.

[groo]

Oue mais c'est des climax petits joueur, à part le passage avec le gamin martyrisé par ses copains et celui dans l'école c'est trop gentillet et un brin plan plan.

Parce qu'on glisse d'un film de fantômes qui fait peur à quelque chose de plus mélodramatique. Mais c'est super émouvant, du moins pour moi...

Modo: merci de pas quoter systématiquement les messages juste au dessus, ca sert a rien merci

[Dunandan]

SOMEWHERE (Sofia Coppola, 2011) 4,5/10

La super-star hollywoodienne Johnny Marco traine son ennui dans le célèbre hotel Chateau Marmont, et passe le temps entre jeux de séduction avec les starlettes de rencontre, déambulation dans l'hotel, visite de sa fille de 11 ans et tournée promotionnelle pour son nouveau blockbuster...

Un découpage qui fait durer

Si Somewhere peut séduire par la beauté de ses images, composées avec talent, on constate également que pour mettre en valeur l'ennui de son personnage principal, S.Coppola a tendance à multiplier les plans longs dans lesquels il est isolé. Par exemple d'une séquence où il doit poser pour un moulage de son visage, qui accumule les plans longs qui mettent en valeur la solitude du personnage principal.
De même, on verra aussi beaucoup de plans s'attarder sur la fille de Johnny, seule, qui fait par exemple à manger pour son père... Un insondable ennui finit par poindre, lorsque ces plans, renforcés par une intrigue dans laquelle rien ne se passe, chaque évènement étant traité avec distance comme une péripétie sur laquelle on glisse.

Des comédiens charismatiques

Force est néanmoins de reconnaître que Stephen Dorff est parfait dans le rôle, que sa fragilité derrière le masque de playboy est tout à fait perceptible, et qu'il est par moments émouvants. De même, la jeune Elle Fanning est proprement époustouflante de naturel, radieuse ou en larmes, mais le fait est que l'alchimie entre le père et la fille est à mes yeux le principal atout du film. Dommage que la réalisatrice n'en fasse pas le coeur de son film. Cleo passe sur le film et lui donne ses quelques rayons de soleil, même s'il ne se passe pas beaucoup plus de choses, mais Johnny lui dit au revoir et se retrouve encore plus seul et dans l'ennui. Et nous avec.

Une approche autobiographique qui tourne à vide


Le meilleur moment du film, un moment où l'on s'endort...

Au final, le film, par une forme elliptique, nous en dit très peu sur le personnage, qu'on doit prendre tel quel, sans rien savoir de son passé, du reste de sa vie. Cela ne rend pas le personnage spécialement attachant. On ne nous présente pas son entourage, ni ses envies, ni ses gouts : juste ses activités. A cela s'ajoute divers critères qui suffisent à le rendre antipathique : succès gratuit auprès des femmes, qui ici se comportent toutes comme des filles faciles rêvant de coucher avec lui, argent en quantité invraisemblable... Bref, on partage l'ennui d'un gars qu'on n'a aucune raison d'aimer, et au final le film ne raconte pas grand chose, malgré la sensibilité qu'il révèle.
Seuls certains moments restent touchants, notamment certains moments justes, un garçon de l'hotel qui chante pour Cleo, certains moments de complicité... Mais le tout tourne à vide, et l'on ne peut que rester extérieur à ce bel objet ennuyeux qui nous parle de l'ennui d'un autre. Et, accessoirement, de sa solitude...

[groo]

LE MASQUE DE FER (Henri Decoin, 1962) 7/10

Enfermé depuis 20 ans dans une prison d'une ile méditerranéenne pour raison d'état, un sosie du roi, s'évade à l'aide de la fille du gouverneur de cette ile, qui l'aime éperdument. D'artagnan, fameux mousquetaire, est justement chargé d'aller l'escorter jusqu'à Versailles. S'ensuivent de multiples péripéties et chassé-croisés, parmi lesquelles on croise de belles femmes et de sacrés gredins...

Truculence et verbe haut

D'emblée, le ton du film est donné par sa séquence d'ouverture : une bataille contre les troupes espagnoles. On aperçoit une troupe de mousquetaires élégants, mais on apprend vite que ce ne sont pas ceux de d'Artagnan. Au contraire, ils servent un jeune mousquetaire dont l'argent lui permet de bien habiller sa troupe. Les hommes de d’Artagnan (Jean Marais) ne paient pas de mine, il n’a pas les moyens de leur payer un uniforme. Survient Madame de Chaulmes (Gisèle Pascal) en carosse, femme qu’il courtise, qui apporte justement de belles tenues de mousquetaire. Bref, les hommes s'habillent alors qu’éclate la mitraille ennemie, et voici qu'on sonne l'assaut. La troupe court attaquer l'adversaire, les uns torses nus, les autres avec la cape dans les yeux... Bref, le film s'annonce comme une comédie d'aventure, où l'on se battra avec le sourire.

Dans ce cadre, le héros du film est moins d'Artagnan qu'Henri, l'homme au masque de fer, dont on suit l'évasion, les aventures, les rencontres amoureuses, les dilemmes... C'est le personnage sérieux du film. D'Artagnan, lui, ne pense qu'à courtiser Madame de Chaulmes, mais son devoir ne lui en laissera jamais l'occasion (il sera chaque fois interrompu). En même temps, c'est lui qui se bat, sauvant à plusieurs reprises le héros du film, avec panache, force insultes et rires truculents adressés à l'adversaire, même quand il est seul contre dix...

Jouant de son age (une de ses expressions, à chaque fois qu'il bashe une troupe de spadassins, est "ha, si seulement vous m'aviez vu il y a vingt ans...") pour justifier son approche truculente et ludique, Jean Marais incarne ici un personnage qui fusionne ses anciens héros en un "sur-héros" blasé qui se bat pour se défouler et n'aspire qu'à conter fleurette...

Une cour de Versailles où l'on complote


Le sosie du roi (Jean-François Poron), véritable héros du film

Le récit suit de loin la trame d'Alexandre Dumas, ajoute un complot qui veut exploiter le double du roi, un comparse gredin qui aide Henri dans sa clandestinité, joué par un Jean Rochefort sympathique en diable. Il y a beaucoup d'extérieurs tournés dans divers chateaux, les robes et costumes sont chatoyants (la copie du dvd pressé Gaumont à la demande est tout à fait correcte), les dialogues sont souvent droles, et bien écrits, mais jamais trop littéraires.

Des cascades, de l'aventure et du panache


On mange aussi pas mal, dans le film...

En revanche, les batailles, s'il y en a quelques unes, sont assez brèves, et leur résultat ne laisse jamais planer le moindre doute. D'Artagnan ne craint personne, on ne tremble pas. Les cascades et chorégraphies sont bien conduites, assez variées, mais si c'est ce qu'on vient chercher, on restera sans doute un peu sur sa faim.
De même, autant les personnages sont flamboyants, autant les intrigues s'additionnent sans créer de vrai enjeu : le film est un divertissement, et n'essaiera jamais d'aller au delà. Rien n'y est jamais vraiment pris au sérieux, c'est peut-être un peu dommage.
Mais ce film a avant tout été conçu pour divertir, et, à ce niveau, le contrat est parfaitement respecté.

[groo]

LA GRANDE EVASION (John Sturges - 1963) 7,5/10

Le film retrace l'histoire réelle d'un camp de prisonnier ultrasécuritaire où, pendant la seconde guerre mondiale, les Nazis ont réuni tous les officiers connus pour s'être déja évadé plusieurs fois, afin de mieux les tenir à l'oeil. Mais c'est l'inverse qui se produisit, et l'on assista alors à l'une des plus grandes évasion de prisonnier de l'histoire de la guerre. Le film raconte avec précision l'organisation, le déroulement, puis les conséquences de cette évasion, conduite par une pléïade d'excellents comédiens.

Une superproduction luxueuse

Tourné à une époque où les studios cherchaient à ramener le public dans les salles, en lui offrant ce que la télévision ne pouvait offrir, La grande évasion appartient à ces superproductions des années 60. On a donc droit à un film d'une sacrée longueur (2h45), à grand spectacle (par exemple, il y a plusieurs centaines de personnes dans les plans la plupart du temps), un scénariste très à la mode (James Clavell, auteur notamment de Shogun), avec un casting en or. Jugez plutôt : Steve Mac Queen, Richard Attenborough, James Coburn, Charles Bronson, James Garner, Donald Pleasence...
Enfin, un réalisateur aguerri, John Sturges, passé maître dans les films d'action (guerre, western...) auquel on associe un compositeur de grand talent, Elmer Bernstein. On garde en tête l'immense succès de leur collaboration précédente, Les 7 mercenaires.

Une reconstitution précise


Sortira ?? Sortira pas ?? En tout cas, Mc Queen n'est pas l'unique star du film et c'est tant mieux

L'argument majeur du film, auquel j'ai été particulièrement sensible, c'est la précision avec laquelle les faits sont reconstitués. Dans ce film d'évasion, la mécanique en jeu est celle du heist movie. Après une exposition qui présente le cadre et les personnages, on suit le montage de l'évasion étape par étape, avec ses problèmes logistiques, trouver les outils, faire des faux-papiers, reconnaissance des lieux... Et à ce niveau, le fait que les fait soient tirés du réel est un atout : surgissent toutes sortes d'obstacles auxquels on n'aurait pas pensé.
Du coup, il en résulte un effet de suspense tout à fait efficace : le jeu du chat et de la souris qui se joue ici est assez prenant. Plus on voit le soin avec lequel les prisonniers soignent leur projet d'évasion, plus on est inquiet à l'idée de voir tout s'effondrer.

Un film inutilement long

Mais si le film reste formidable sur bien des points, on peut regretter qu'à tant se focaliser sur un unique enjeu, il finisse par ennuyer un peu le spectateur. Le film est trop long pour ne raconter qu'un seul enjeu (surtout qu'on se doute bien qu'à la fin, l'évasion aura lieu). Du coup, on aurait aimé un peu plus de digressions, de character development, ou un film plus resserré. Sa force n'en aurait été que plus grande. De même, si la musique est excellente, elle manque de variété pour être réutilisée régulièrement pendant 2 heures 45...
La mise en scène de Sturges est solide, classique, et son travail porte avant tout sur le rythme de l'action. On sent la maitrise derrière la caméra, même si ça n'est jamais très inventif.

Bref, au final, la grande évasion est un chouette film d'évasion, très réaliste dans son déroulement, avec plein de personnages. Mais le film est un peu trop long pour ce qu'il raconte, et ne dépasse jamais le statut de bon film. C'est déja ça.

[Scalp]

Un film que je revois fréquemment et je trouve pas long du tout ( j'aimerais même qui dure plus longtemps tellement y a des personnages géniaux ).

[groo]

Je pense que ma note montre tout de même que le film m'a bien plu. Les quelques longueurs du film en sont à mes yeux un défaut, mais un petit défaut.