The Wild Bunch (La Horde Sauvage) de Sam Peckinpah
(1969)
Avec l'excellente réputation du film, je m'attendais à mieux. Certes le film est bon mais il touche beaucoup moins que Sergio Leone avec
Once Upon A Time In West dans le même genre de western atypique. Bien entendu, certaines qualités du film sont certaines : tout d'abord,
The Wild Bunch est clairement l'un de ces westerns qui a totalement changé la donne du genre dans les années 60 avec le Nouvel Hollywood. Ainsi, le film propose une vision nouvelle du Grand Ouest que seul un homme comme Sam Peckinpah pouvait retranscrire avec précision et sans esbroufes. Ainsi, désormais, les héros (même pas s'ils sont loin de l'être) sont aussi salauds que tout les autres, aussi cupides, cruels et attirés par la boisson et la chair, le sang est bien présent, les victimes sont nombreuses, chaque acte est commis pour l'argent, les innocents meurent et même un enfant est capable, avec le sourire aux lèvres, de tuer un homme. Du coup,
The Wild Bunch crée une totale rupture avec le genre du western, abandonnant l'académisme hollywoodien pour se consacrer pleinement au thème de la violence sur lequel Peckinpah travaillera tout au long de sa filmographie.
Pourtant, le film présente quelques défauts, à commencer par de gros problèmes de rythme. En effet, en proposant de suivre une troupe de mercenaires décidés à faire un dernier gros coup avant de prendre leur retraite, le film alterne entre des passages extrêmement rythmés (l'introduction, le vol du train et le massacre final) et des entre-deux malheureusement longs, lents et plutôt vains dans le sens où de nombreuses choses sont dites alors qu'elles semblaient déjà évidentes. De plus, l'accumulation d'intrigues secondaires (les rebelles mexicains, l'amoureux jaloux ou les séquences sur les traqueurs) empêche le spectateur de s'offrir pleinement à l'histoire principale, pourtant intéressante mais qui aurait eu bien besoin d'un point de vue interne et non pas presque totalement omniscient. Saluons toutefois l'absence de happy-end qui permet au film d'atteindre une certaine mélancolie avec le personnage de Robert Ryan qui, finalement, n'aura pas à faire le geste salvateur pour obtenir sa liberté. Deux scènes sont à retenir de ce western sulfureux : la première étant une introduction où le spectateur est trompé sur l'identité des héros du film avant d'être plongé dans un carnage urbain sans nom, la deuxième, moins citée par ceux qui ont pu voir le métrage, est celle du vol du train, une séquence montée avec intelligence où un suspens subtil mais prenant (l'attaque silencieuse, la fuite par le pont) rend l'entreprise dynamique et vraiment intéressante. Un petit mot sur le final dont j'avoue ne pas trop comprendre l'engouement presque général pour cette scène finalement assez brouillonne en terme de clarté de la gestion de l'espace. Certes, c'est un massacre venant de chaque côté, mais le fait est qu'il est difficile pour le spectateur de se repérer dans ce montage presque épileptique où les morts s'enchaînent à une vitesse vertigineuse.
En ce qui concerne la mise en scène, Peckinpah impose sa patte sur un genre pourtant bien ancré. Ainsi, les ralentis durant les scènes d'actions sont légions et permettent quelques secondes de repos pour l'œil avant de se replonger dans une fusillade. Et puis notons que Peckinpah filme le Grand Ouest avec un certain brio, réussissant à lui donner une nouvelle identité et une toute autre atmosphère. Dommage que quelques défauts (Robert Ryan surjouant lors de ses premières scènes de dialogue, problèmes de rythme, etc...) empêchent le film de trôner parmi les plus grands westerns jamais réalisés, ce qui n'empêche pas son côté novateur et extrêmement culotté.
NOTE : 7/10