Aliens |
Réalisé par James Cameron Avec Sigourney Weaver, Carrie Henn, Lance Heenriksen, Michael Biehn, Paul Reiser, Bill Paxton,
Science-Fiction, USA, 2h34 - 1986 |
9,5/10 |
Résumé : Depuis la disparition du Nostromo, Ripley et Jones, dérivent lentement à bord d'une capsule de survie. Cinquante sept ans plus tard, une navette spatiale les croise et les ramène sur Terre. Ripley est condamnée pour avoir détruit le Nostromo, car les membres de la commission ne croient pas à sa version des faits, d’autant que L-426 a été colonisée et est devenue une exploitation minière. Peu de temps après la colonie ne répond plus…
En succédant à Ridley Scott, James Cameron imprime sa marque sur la saga Alien : exit le huis-clos angoissant, le film d’horreur, bienvenue à la superproduction spatiale, au film de guerre dans l’espace.
Conter la même histoire et innover : tel est le tour de force réussi par James Cameron.
Il reprend l’histoire, là où l’avait laissé Ridley Scott. Il enrichit considérablement la trame narrative et nous propose sa propre vision du futur de l’humanité où dominent des enjeux commerciaux et militaires. Par sa maîtrise des effets spéciaux, du découpage des scènes et son sens du spectaculaire, il encre son film dans la science-fiction.
Pour Scott, le contexte futuriste n’était qu’un prétexte au service de l’angoisse. Dans l’espace pas d’échappatoire et pas de sauvetage possible face au monstre. Avec Cameron, le contexte devient essentiel. Aliens est un film de science-fiction dans lequel s’affronte deux mondes, deux sociétés. L’humanité en plein développement spatial, dans sa phase de colonisation qui a pour objectif l’exploitation des richesses et de toutes formes d’organisme rencontrées. Les aliens dont l’objectif principal est la survie de l’espèce. C’est la première réussite de Cameron, d’avoir su faire évoluer cet organisme parfait dans la défense comme dans l’attaque, d’avoir dépasser le simple statut de machine à tuer, pour en faire un maillon d’une société « ruche » où domine la figure matriarcale de la Reine. Qui est finalement le vrai prédateur ? Celui qui tue pour la survie de son espèce, ou celui qui détruit, capture et expérimente pour exploiter à son profit un organisme parasite ? En plaçant au cœur du film le thème maternel, Cameron change radicalement l’orientation de la saga. Ce n’est plus uniquement un survival, mais un affrontement des mères prêtes à tout pour défendre leurs progénitures respectives. L’affrontement de deux civilisations. Cameron à certes une vision très manichéenne, mais il ne manque pas non plus d’esprit critique sur l’humanité.
C’est aussi James Cameron qui donne au personnage de Ripley sa dimension iconique, en lui offrant un passé, une motivation autre que la simple question de sa survie. Ridley Scott en avait fait une femme forte qui l’emporte parce qu’elle a su éviter le danger et réfléchir. Cameron révèle son potentiel de leader qui va prendre les bonnes décisions et son côté maternel. Et l’instinct maternel devient l’arme la plus redoutable.
Lors de sa sortie, nombre de critiques avaient reproché au film sa dimension militaire, son apologie de l’armée. Je ne suis pas certaine que nous ayons vu le même film. Car s’il y a bien une constante dans la filmographie de Cameron, c’est son sens de la dérision à l’égard du corps des marines. Avec Aliens, il montre encore des personnages quelques peu sympathiques et attachants, ce sera loin d’être le cas avec Abyss et Avatar. Cette élite surentraînée et surarmée se fait quasiment massacrée dès son premier contact avec les créatures. La peur, la tension et le sentiment de désarroi de chacun des membres de ce commando d’élite sont bien palpables.
Avec Aliens, il n’y a plus une seule créature mais des centaines qui l’emportent par leur férocité, leur agilité, leur furtivité, mais aussi et surtout par leur nombre. Cela démystifie peut-être le côté invulnérable de la créature créée par Giger, mais c’est largement compensé par la majesté terrifiante de la Reine créée par Stan Winston. Sans conteste la plus belle créature de la science-fiction, mélange d’hyménoptère, d’arachnide et de mantoptère, protégée par une carapace de coléoptère. Une vision fascinante et cauchemardesque. La lutte psychologique entre les deux mères, le choix de Ripley de détruire le nid, la poursuite dans la base en feu, le combat titanesque entre la Reine et Ripley protégée par une « armure » mécanique, le démembrement de Bishop sont autant de scènes anthologiques dans des décors grandioses. Jamais les effets spéciaux ne prennent le pas sur l’histoire, au contraire ils la servent complètement.
Cameron prend sont temps dans la première partie pour nous présenter le contexte et les principaux personnages (à noter que je trouve Carrie Henn impressionnante de justesse dans le rôle de Newt). Il s’attarde même au coeur de la bataille sur les relations entres les différents protagonistes, il donne un passé à Helen Ripley et cela donne de l’ampleur à la dimension humaine du film. Avec Ridley Scott, il n’y avait que peu d’attachement aux personnages qui n’étaient finalement définis que par leur grade et leur nom. Il n’y avait pas même un prénom.
Cameron se paie même le luxe de ne faire apparaître les aliens qu’après plus d’une heure de film et ça fonctionne très bien. Il est vrai que le rythme s’accélère dès l’arrivée sur Acheron et que les scènes mémorables s’enchaînent avec frénésie. Un véritable jeu de massacre commence. Et même si cet opus est moins sombre, moins terrifiant que le précédent, la tension est toujours palpable, ainsi la scène des mitrailleuses où l’on prend conscience avec angoisse du nombre des assaillants, la poursuite dans les conduits de la station magistrale d’intensité ou encore cette créature qui surgit de l’eau derrière Newt et dont on comprend avec horreur qu’elle est aussi amphibie. Tout témoigne du sens du rythme, de la maîtrise de l’espace, des jeux de lumière, de fumée et d’explosion de James Cameron.
Pour ma part, Aliens est incontestablement un chef-d’œuvre de l’action et mon opus préféré de la saga, légèrement devant Alien et très largement devant Alien 3 et 4.