CITY OF LIFE AND DEATH
"City of life and death" est un mélange vraiment sublime de plusieurs films de guerre qui forment le panthéon du genre :
"Saving private Ryan" pour l'approche caméra à l'épaule et les 40 premières minutes d'anthologie qui exploitent jusqu'au boutiste des combats et des fusillades intenses , bluffantes et dont la composition/chorégraphie relève direct du haut niveau. Les décors apocalyptiques, les ruines, la fumée, les explosions, les pétarades, les personnages filmés parfois d'assez près, des scènes puissantes et vives parsèment cette première partie et met le spectateur au cœur même de la bataille pour la prise de Nanking par les Japonais. Immersive à souhait et terriblement efficace, toute cette ouverture digne (et très largement) des séquences de batailles du film de Spielberg bénéficie d'un souffle graphique très léché tout en gardant un aspect historique et documentaire irréprochable. En terme d'ambiance (qu'elle soit visuelle ou sonore) on est très proche du pur chaos à la Soldat ryan mais en Noir et Blanc cette fois.
"The Schindler's List" pour l'approche intimiste, la photo noir et blanc et le traitement très similaire des personnages qui forment le petite troupe de réfugiés survivants en s'entraidant les uns les autres (on trouve même quelques Blancs de plusieurs origines) et John Rabe (personnage historique) dont la personnalité et le combat est tout à fait comparable à celui de Schindler.
toute la partie centrale du film est traitée comme le Spielberg: on suit des gens normaux, pas des "héros" et on est ému par cette humanité totalement brisé, violenté, violé et meurtrie par tant de barbarie. On se croirait parfois dans un camp de concentration alors que ce n'est pas le cas. c'est un camp de réfugié qui mélange un peu le quotidien de ceux d'Empire of the Sun et ceux de Schindler's List.
Le métrage prend toute son ampleur tragique sur cette partie -avec un manque d'émotions toutefois- (rattrapée on le verra par la suite dans le dernier acte) avec les scènes de viols (x2 mais dont une vraiment "malsaine" et dérangeante sans être choquante), les massacres gratuits et sans hésitations. On exécute, on tue, on fauche la Vie sans se soucier du reste. La séquence dans l'Église avec la centaine de femmes qui se portent volontaire pour être de celles qui devront satisfaire les besoins sexuels des soldats Japonais...une des plus marquantes de l'Histoire du Cinéma et surtout une des plus touchantes car les "têtes pensantes" des réfugiés annoncent le deal passé avec les Japonais en pleurant et en gémissant tout en demandant pardon...
"Letters from Iwo Jima" pour le travail sur la photo encore une fois mais aussi le ton qui possède quelques similitudes (les lettres et voix-off dans Iwo Jima sont ici remplacés par ds transitions sur des cartes postales avec écrits de courtes phrases résumant ce que l'on va voir ou ce qu'il s'est passé historiquement). Le principe est presque le même: mettre an avant les Japonais et montrer l'étincelle d'humanisme qui persistent dans les cœurs de nos ennemis même dans les moment les plus barbares et inhumains. Iwo Jima était moins violent, moins cru et moins dur. City of life and death est brutal et ultra réaliste tout en étant beaucoup moins poétique et léché que le film d'Eastwood. Le fond des deux œuvres est largement comparable.
Le réalisateur ne met pas en scène des personnages bien définis, surfaits et que l'on suit tout du long. Les premiers protagonistes à apparaitre à l'écran et vers lesquels on tend donc à s'accrocher dès le départ sont les premiers à mourir. Visages marqués par la guerre et les visions d'horreur. Le film inaugure direct un casting dirigé comme rarement.
Les autres sont aussi présentés succinctement au début puis on les retrouve après la bataille dans leur lutte pour la survie au cœur d'une cité dévastée et sans issue de secours. les Japonais sont tantôt des gros bourrins qui tuent tout ce qui bouge et tantôt des êtres pleins de compassions et d'humanisme discret mais bien présent . Le jeune jeune soldat Kadokawa exprime avec justesse une jeunesse bouffée par la culpabilité et l'incompréhension. Révélation du film l'acteur mérite pleinement une tonne de louange tant la fragilité et l'innocence qu'il dégagent irradient de pureté.
Certes le film ne bénéficie pas d'individus très attachants car il ne sont pas énormément développés. On suit 4-5 comédiens vraiment récurrents et le reste apparait trop peu pour faire du film l'ultime chef d'oeuvre que j'aurai aimé qu'il soit. L majorité de films de guerre nous habitue à des protagonistes plus qu'humains (parfois trop) et très développés auxquels ont ne peut que s'identifier et s'attacher. Les musiques sont peu utilisées et les rares sont dévastatrices (puissance émotionnelle/rythme).
Ici, Lu Chuan (le réalisateur) nous offre des personnes simples aux contours peu marqués mais à l'interprétation tellement intense et juste dont la force est littéralement décuplé par les actes mis en scène de ses entités pour qui la Vie mérite qu'on se batte, que l'on continue à vivre et à donner la vie (le titre est vraiment excellent pour ça puisqu'il trouve écho plus tard sur la fin avec une séquence poignante, déchirante - et à la technique parfaite- d'une exécution "reniée"). :
Le film possède des séquences techniquement hallucinantes ou tout simplement superbement maitrisés sans être exceptionnelles ou inventives. Ça relève d'une réalisation de haut niveau avec un langage cinématographique riche et bien utilisé. Notons le gigantesque alterné avec deux autres tueries...Excellent idée de montage de trois séquences ignobles (les victimes enfermées dans la baraque que les Japonais brûlent ; les mecs qui sont enterrés vivants et ceux qui sont face à la Mer dans un ultime sursaut d'espoir, tous attachés et derrière eux des mitraillettes les canardent...) pendant que les prochains exécutés entendent le massacre en sachant pertinemment qu'ils vont à leur tour périrent sous les balles. Caméra en vue première personne du personnage central des réfugiés accompagné du gamin, tous deux en tête , marchant vers une mort inéluctable et terrible. La partie protégée de la ville entend tous les coups de feux et les femmes s'inquiètent dans les sous-sols et baraquement de fortune pendant qu'une musique rythmée accompagne un petit plan séquence qui nous fait découvrir l'ampleur du désastre. GRANDE séquence cinématographique.
Un soupçon d' Empire of the sun, une intro de 30 min très Saving private Ryan, un ton et un fond très Letters from Iwo Jima et une intrigue très The Schindler's List. Le film se permet presque de servir un scénario style destins croisées mais plus subtil moins complexe et alambiqué.
Chef d'oeuvre du film de guerre, City of Life and death entre direct dans mon top 100.
Surtout avec les 20 dernières minutes ultimes qu'il possède et la toute fin (5 minutes) magistrale.
10/10 (j'ai pas résisté). Blu ray direct. En plus belle édition HK apparemment avec livret digipack c'est ça Scalp?.