10/10
Se7en de David Fincher - 1995
"This isn't going to have a happy ending."
Marre de me taper des merdes, donc on revient sur une base, au moins y aura pas de mauvaise surprise.
Les années passent et ça reste un putain de grand film, un véritable classique instantané (expression désormais utilisée à tort et à travers mais qui fonctionne à vie pour ce film), visuellement splendide ( qui n'a couté "que" 15 millions ), une véritable surprise dans le paysage hollywoodien si édulcoré c'est vraiment le genre de climax final qu'on voit tout les 10 ans ( avant ça y a eu les 2 polars cultes de Friedkin ) et d'ailleurs depuis y a finalement eu très peu d'équivalent dans le cinéma ricain. C'est fou de se dire que le film a 25 ans et que depuis on a jamais eu un film de serial killer qui lui arrive à la cheville.
Sur une énième variante de Buddy movie avec 2 flics très différents obligés de bosser ensemble qui vont apprendre à s'apprécier mais très vite ce coté va être mit de coté, de même que l'enquête qu'on penserait importante pour un film de ce genre va ici aussi être reléguée au second plan car plus que l'intrigue c'est surtout les personnages et la ville ( personnage a part entière, elle est nommée plusieurs fois dans le film ) qui intéressent Fincher.
Le script est juste parfait, c'est pas un script révolutionnaire, pas de coté petit malin en jouant sur les twists et fausses pistes, c'est classique et linéaire mais là la narration est exemplaire, tout est parfaitement huilé et le traitement sombre et adulte (y a pas de vanne pour désamorcer la situation et on parle pas en phrase sentencieuse comme chez Nolan) et puis le final est tellement imprévisible. Il n'y a rien a jeter, un vrai film pervers, glauque et terriblement pessimiste où la violence est plus psychologique que graphique car ici on a aucun meurtre, le film étant entièrement du point de vue des 2 flics, du coup on découvre les scènes de crimes en même temps qu'eux et on a que les victimes, c'est a nous d'imaginer ces séquences éprouvantes car ici les meurtres sont tellement extrêmes que les montrer aurait été un vrai suicide commercial pour le film ( enfin maintenant vu le succès de la franchise Saw on sait qu'il y a un gros public pour des trucs extrême et concon ), notre cerveau travaille donc à plein régime pour imaginer ces séquences ( le passage du gode fait bien travailler la tête ), à noter que les découvertes des scènes de crimes sont admirablement bien mise en scène avec une caméra très fluide qui se ballade sur la scène et où on aperçoit furtivement des détails du trucs ( et quand on plus on a des maquillages de Rob Bottin autant dire que c'est parfait ).
On est clairement pas devant un film tout public, c'est pas le
Silence des Agneaux ( car oui le Silence des Agneaux sous ces aspect pseudo morbide ça reste un film typiquement hollywoodien ), ici la noirceur est vraiment totale ( seul les coréens ont voulu surfer sur ce filon, malheureusement ils l'ont fait jusqu'à plus soif ), c'est pas du polar divertissant ou ludique non c'est un film très sombre sur la nature humaine et il nous laisse sur les rotules.
Avec une Ville jamais nommée à l'écran ( choix du scénariste qui s'est battu pour ça ), une ville décadente, poisseuse, morbide, tourné à LA mais la ville a plus le look des grandes villes de l'Est ( on pense surtout à New York ou Chicago ), les photos magnifiques de Khondji donnent un aspect crépusculaire avec des couleurs dénaturées, des noirs vraiment noirs et des zones d'ombres terriblement oppressantes, ce qui transforme la ville en véritable enfer urbain ( une vrai Sin City avant la merde de Rodrigure ) où il ne s'arrête jamais de pleuvoir ( symboliquement il s'arrête seulement de pleuvoir quand John Doe se rend ) et où le bruit et les sonorités urbaines sont omniprésentes et assourdissantes ( et le score génial de Shore en rajoute une couche dans l'oppressant ). Se7en esthétiquement c'est vraiment le Blade Runner du polar.
Même les scènes d'intérieur sont vraiment sombres ( très peu d'éclairage ).
Dans les références évidentes et assumées par Fincher il y a bien entendu
French Connection ( avec un coté documentaire dans la façon de poser la caméra ) et même les polars de Friedkin en général mais aussi
Klute de Pakula ( enfin Fincher c'est autre chose que Pakula et son film il a quand même plus de gueule que le thriller tout plan plan de Pakula tout comme Zodiac aura plus de gueule que les Hommes du Président, où quand un élève surpasse son maitre ).
Le film a donc un coté très 70's assumé, ici Fincher ne se regarde pas filmer on a donc pas de grand mouvements de caméra mais le style est donc très Friedkinien (en moins brut quand même), à part quelques jolies travelling on peut pas dire que d'un point de vue technique Fincher envoie du lourd, non ici il fait tout en sobriété et c'est une des vraies forces du film et pis il nous livre quand même 2 purs moment de mise en scène : la course poursuite avec Mills qui se termine avec ce merveilleux plan en contre plongé sur le gun de Doe et Doe et puis ce climax final ultra tendu avec un montage parfait et une tension montant petit à petit ( me souvient encore de la claque que j'ai pris au cinéma quand j'ai compris ce qu'il y avait dans le carton )
Le générique reste à ce jour un des plus réussit avec une esthétique poisseuse merveilleuse et surtout avec du Nine Inch Nails (pourtant je suis pas spécialement fan du groupe mais ici leur style colle tellement à l'image.
Le casting est impeccable et le trio atteint son apogée dans la longue scène dialoguée de la voiture où Doe explique ses crimes, scène merveilleusement bien dialoguée et où les 3 acteurs sont vraiment bons, Brad Pitt est alors à l'époque le minet à la mode trouve ici un de ses meilleurs rôles (même si on peut dire qu'il a souvent jouer le même type de personnage, il a ce truc qui le rend bon à chaque fois), il est parfait en flic opiniâtre, fougueux et peu cultivé mais qui montre déjà des signes borderlines qui préfigure la fin, je pense vraiment que sans Fincher, Pitt aurait eu une carrière très différente et moins bonne surtout. Morgan Freeman en vieux flic désabusé super intelligent ( un rôle qui va malheureusement devenir sa spécialité et où il va faire le fonctionnaire ne jouant plus se reposant uniquement sur son charisme, charisme qui s'est d'ailleurs évaporé avec les années mais qui est ici à son apogée ), un flic qui a du mal avec le monde qui l'entoure.
Kevin Spacey ( non nommé dans le générique pour brouiller les pistes ) campe le serial killer ultime qui se nomme John Doe, tout un symbole ce nom c'est à la fois personne et tout le monde, et il est sans pitié, intelligent et complétement barré ( mais qui curieusement peu susciter de l'empathie chez le spectateur ), Spacey en 1 an s'imposera comme une figure ultime du mal jouant 2 méchants culte coup sur coup et là ou on voit que Fincher est un grand directeur d'acteur c'est qu'il arrive a rendre Gwyneth Paltrow crédible ( et en revoyant le film on se rend compte du mal être qui ronge son personnage) et c'est pas gagné car bon c'est clairement pas une grande actrice. R. Lee Ermey
est nickel comme toujours. Et en bonus on a même un acteur de The Wire, toujours un petit bonus ça.
LE classique du genre, LE meilleur Fincher, mainte fois copier jamais égalé et finalement c'est seul tort : avoir engendré toute une descendance de film tous plus foiré les uns que les autres et plus qu'un polar noir Se7en c'est aussi un vrai film d'horreur. Fincher a définitivement tué le game avec ce film.
Ca fait du bien de revoir ce genre de film quand même, ça me rappelle que j'aime toujours le cinéma, mais que lui par contre il m'aime de moins en moins.
"Ernest Hemingway once wrote, "The world is a fine place and worth fighting for." I agree with the second part."