A Bout Portant de Fred Cavayé
(2010)
S'il y a bien quelque chose que je reproche au cinéma français dans son ensemble, c'est bien son manque de prise de risques. Ainsi, chaque année, les films se ressemblent presque tous : comédies grasses pour satisfaire le français moyen ou films auteuristes chiants et dénués d'intérêts. Le cinéma de genre se faisait de plus en plus rare. Toutefois, il y a eu quelques exceptions. Ainsi, les deux opus de Mesrine de Jean-François Richet et Secret Défense de Philippe Haïm ont prouvés que l'on pouvait faire encore quelque chose de vraiment cinématographique en France. Mais c'est surtout Pour Elle, sorti il y a maintenant deux ans, qui m'a redonné espoir. Sans non plus parler de chef-d'oeuvre, on se retrouvait en face d'un film efficace et extrêmement bien mené par un réalisateur dont personne alors ne connaissait le nom. Véritable tour de force, surtout lorsque l'on sait que c'était un premier long-métrage, Pour Elle annonçait, avec un peu de chance, la naissance d'un cinéaste qui pourrait avoir la possibilité de changer un peu le paysage cinématographique français. Autant dire que j'attendais avec impatience son deuxième film, annoncé comme une course-poursuite géante d'une heure et demie. Le verdict est là : Fred Cavayé est en passe de devenir un excellent réalisateur.
Tout d'abord, on peut se demander si A Bout Portant est un remake de Pour Elle tant les deux films se ressemblent en de nombreux points : histoire d'un monsieur-tout-le-monde se retrouvant face à une situation périlleuse pour sauver l'être aimé, recherche du renouveau et du spectaculaire à travers des situations montrées maintes fois au cinéma ou encore rupture des codes de cinéma de genre (le film d'évasion dans Pour Elle, le thriller à forte influence 70's dans A Bout Portant) grâce à l'ajout d'un élément émotionnel et romantique dans le script. Pourtant, alors que Pour Elle était un film où le personnage principal se devait d'être méticuleux pour mieux arriver à ses fins, A Bout Portant est un film dans lequel son protagoniste se retrouve embarqué dans des péripéties qui le dépassent et qui s'enchaînent à une allure vertigineuse. Tout est sujet à mise sous tension du spectateur, c'est d'ailleurs loin d'être un défaut puisque le film doit être véritablement perçu comme un produit d'entertainment travaillé et réussi, chose assez rare dans le cinéma français d'aujourd'hui pour être souligné. Un cinéma non pas dirigé par le dialogue mais bien par l'histoire et la façon dont elle est mise en image. Un cinéma peut-être moins subtil mais dont la force vient justement de son côté très brut.
A Bout Portant est ponctué de plusieurs moments très audacieux, notamment une poursuite dans le métro parisien tellement jouissive que l'on se demande bien pourquoi un tel lieu n'avait jamais été utilisé auparavant pour une scène d'une telle ampleur, mais aussi les vingt dernières minutes du film, se déroulant dans un endroit dont je tairais le nom par peur de spoiler, qui font atteindre le film à un degré de tension assez impressionnant. Mais la force de Fred Cavayé est d'arriver à rendre ses scènes toujours crédibles et ce, malgré l'ampleur de l'histoire qui nous est racontée (la sorte de guerre des polices façon Serpico est clairement l'une des très bonnes idées du film). Là où l'on peut perdre en spectaculaire, on le gagne en crédibilité, et vice et versa. Cavayé le comprend parfaitement en arrivant à toujours trouver le juste milieu. De plus, la réalisation est de grande qualité, les dialogues étant parfaitement filmées et les scènes d'actions étant toujours lisibles et ce, malgré l'utilisation de caméras épaule. On est bien plus proche du style Michael Mann façon séquences d'action de Miami Vice (clairement l'une des grosses influences de Cavayé, ça se voyait déjà dans certains plans de Pour Elle) que de la mode shaky-cam en vogue depuis quelques mois. On a même droit à quelques beaux plans visuellement, notamment dans la scène d'intro ou pendant la scène qui annonce le climax final.
Cavayé étant aussi un excellent directeur d'acteur, on retiendra aussi de très bonnes prestations. Gilles Lellouche prouve qu'il peut jouer enfin les premiers rôles, Roschdy Zem est assez surprenant, moi qui ait généralement du mal avec cet acteur, je l'ai trouvé très juste. Quand à Gérard Lanvin, on pourrait reprocher le fait qu'il ne soit finalement pas si présent que ça tant il bouffe l'écran par son charisme. Même lorsqu'il reste silencieux, il en impose.
Fred Cavayé réussit totalement son pari en exténuant le spectateur, en lui proposant un véritable tour de montagnes russes ancré dans la réalité, à la fois violent (pas mal de morts tout de même) et surprenant (le protagoniste et l'antagoniste ne se rencontrant finalement que pour l'échange d'un regard qui veut tout dire). Je suis totalement convaincu qu'on l'on assiste véritablement à la naissance d'un réalisateur solide, quelqu'un capable de mélanger habilement efficacité, sincérité et qualité. Vivement son prochain film, j'en trépigne déjà d'impatience.
Tout d'abord, on peut se demander si A Bout Portant est un remake de Pour Elle tant les deux films se ressemblent en de nombreux points : histoire d'un monsieur-tout-le-monde se retrouvant face à une situation périlleuse pour sauver l'être aimé, recherche du renouveau et du spectaculaire à travers des situations montrées maintes fois au cinéma ou encore rupture des codes de cinéma de genre (le film d'évasion dans Pour Elle, le thriller à forte influence 70's dans A Bout Portant) grâce à l'ajout d'un élément émotionnel et romantique dans le script. Pourtant, alors que Pour Elle était un film où le personnage principal se devait d'être méticuleux pour mieux arriver à ses fins, A Bout Portant est un film dans lequel son protagoniste se retrouve embarqué dans des péripéties qui le dépassent et qui s'enchaînent à une allure vertigineuse. Tout est sujet à mise sous tension du spectateur, c'est d'ailleurs loin d'être un défaut puisque le film doit être véritablement perçu comme un produit d'entertainment travaillé et réussi, chose assez rare dans le cinéma français d'aujourd'hui pour être souligné. Un cinéma non pas dirigé par le dialogue mais bien par l'histoire et la façon dont elle est mise en image. Un cinéma peut-être moins subtil mais dont la force vient justement de son côté très brut.
A Bout Portant est ponctué de plusieurs moments très audacieux, notamment une poursuite dans le métro parisien tellement jouissive que l'on se demande bien pourquoi un tel lieu n'avait jamais été utilisé auparavant pour une scène d'une telle ampleur, mais aussi les vingt dernières minutes du film, se déroulant dans un endroit dont je tairais le nom par peur de spoiler, qui font atteindre le film à un degré de tension assez impressionnant. Mais la force de Fred Cavayé est d'arriver à rendre ses scènes toujours crédibles et ce, malgré l'ampleur de l'histoire qui nous est racontée (la sorte de guerre des polices façon Serpico est clairement l'une des très bonnes idées du film). Là où l'on peut perdre en spectaculaire, on le gagne en crédibilité, et vice et versa. Cavayé le comprend parfaitement en arrivant à toujours trouver le juste milieu. De plus, la réalisation est de grande qualité, les dialogues étant parfaitement filmées et les scènes d'actions étant toujours lisibles et ce, malgré l'utilisation de caméras épaule. On est bien plus proche du style Michael Mann façon séquences d'action de Miami Vice (clairement l'une des grosses influences de Cavayé, ça se voyait déjà dans certains plans de Pour Elle) que de la mode shaky-cam en vogue depuis quelques mois. On a même droit à quelques beaux plans visuellement, notamment dans la scène d'intro ou pendant la scène qui annonce le climax final.
Cavayé étant aussi un excellent directeur d'acteur, on retiendra aussi de très bonnes prestations. Gilles Lellouche prouve qu'il peut jouer enfin les premiers rôles, Roschdy Zem est assez surprenant, moi qui ait généralement du mal avec cet acteur, je l'ai trouvé très juste. Quand à Gérard Lanvin, on pourrait reprocher le fait qu'il ne soit finalement pas si présent que ça tant il bouffe l'écran par son charisme. Même lorsqu'il reste silencieux, il en impose.
Fred Cavayé réussit totalement son pari en exténuant le spectateur, en lui proposant un véritable tour de montagnes russes ancré dans la réalité, à la fois violent (pas mal de morts tout de même) et surprenant (le protagoniste et l'antagoniste ne se rencontrant finalement que pour l'échange d'un regard qui veut tout dire). Je suis totalement convaincu qu'on l'on assiste véritablement à la naissance d'un réalisateur solide, quelqu'un capable de mélanger habilement efficacité, sincérité et qualité. Vivement son prochain film, j'en trépigne déjà d'impatience.
7,5/10