L'ÉTRANGE NOËL DE MONSIEUR JACK
Comme à son habitude, Burton livre un générique excellent avec un plan-séquence qui plonge littéralement le spectateur - façon en vu première personne- dans un nouvel univers où en quelques minutes d'intro on nous présente tous les personnages du film ainsi que la plupart des environnements du métrage.
Avec ce film d'animation image par image, Burton fait littéralement exploser son inventivité : il défie les règles, défie les codes de conduites, défie les formes et défie même Disney.
L'univers totalement gothique et morbide trouve ici un support qui leur convient parfaitement: tout est quasiment construit à la main et la texture des formes et des couleurs offre un visuel à la fois drôle , décalé terrifiant et diablement original. Le spectateur est vraiment dans un monde imaginaire ahurissant de créativité et la plupart des barrières sont enjambées à l'aise par les créateurs. Loin des dessins animés fleur bleu et niais, loin des formats très "carrés" et conventionnels des films pour enfants. A ce stade nous pouvons aisément comparer le film avec "Gremlins".
Presque chaque plan possède une idée (je reprend une phrase d'un critique qui disait la même chose pour Pixar), un détail, une richesse cinéphile inépuisable où se côtoient la majorité des monstres de la Hammer ou des clins d'œils évidents à des tas de films (Momie, Dracula, Nosferatu, Frankenstein, Loup-garou, squelettes, morts-vivants, fantômes, etc....). L'univers farfelu de Burton comme jamais vu auparavant : visuellement de toute beauté et incongrue, le mélange donne une saveur particulière qui pourrait en rebuter certains mais c'est une vraie joie de regarder un tel film d'animation au ton et la forme génialissime. Un grand hommage à Samain (Halloween) où Sellick et Burton peuvent jouer sur des ingrédients correspondant précisément à l'univers des artistes. Se côtoient citrouilles, cimetière, décors biscornus
Pourtant malgré une histoire et des personnages basés sur un poème de Tim Burton et le fait qu'il occupe un poste de producteur, le film est réalisé par un autre: Henry Sellick dont l'univers est très similaire avec celui du réalisateur d'Edward aux mains d'argent.
d'ailleurs, ces deux films ont plusieurs communs dont (et surtout) le personnage marginal et solitaire doué d'un talent incroyable.
Jack est un squelette au succès énorme dans son univers macabre et la fête d'Halloween est , chaque année, une véritable fanfare où musiques entrainantes et chants puissants se mêlent pour offrir un spectacle jouissif. Jack en est le maître. un maître qui se lasse, s'ennuie et s'adonne à l'introspection chorale. Seul un chien lui offre un peu de compagnie. en découvrant Noël et la joie, Jack va tout faire pour remplacer le Père Noël et vivre un changement radical dans sa vie en oubliant toutefois les conséquences que pourraient de ses actes et en s'oubliant lui-même. S'évadant d'un monde sombre et glauque, Jack s'envole vers un paradis où les enfants reçoivent des cadeaux , des bisous, des bonbons et des chocolats.
Très vite, son univers natal va le rattraper et tout ceci ne le mènera qu'à s'assumer et s'accepter. On retrouve largement l'esprit Burton , très personnel, on sait que c'est du vécu et ce sera la base même du fond de ses œuvres. La marginalité, la différence, l'intolérance, l'amour etc...
Outre un film très "Burtonesque",
L'étrange Noel de Monsieur Jack est un pur divertissement où fusionnent avec entrain des chansons dont les paroles retranscrivent parfaitement les pensées et l'intrigue. Un des rares films où ce procédé ne m'a pas gavé mais bien au contraire paru très original et bourré d'ingéniosité. Pas original mais presque, ce film d'animation est truffé des références ciné et culturelles liées au fantastique, à l'horreur, à la Hammer, Ray Harryhausen et tout pleins d'autres bijoux de genre et d'époque.
Disney derrière le projet, Burton réussit quand même à livrer un film surprenant où entremêlent le conte de Noël pour enfants, le conte fantastique terrifiant, le conte amusant et la comédie musicale.
Le film trouve une résonance personnelle en moi et forcément ça joue sur la note et le ressentit mais i lest clair que techniquement = l'originalité ça en fait un quasi chef d'oeuvre.
Un film qu'il ne réalisa pas mais dont l'esprit est indéniablement de lui. Sans avoir encore vu toute la filmo de Burton je pense que "the Nightmare before Chrismas" est un de de ses meilleurs films. Voir LE meilleur.
9/10