ALIENS |
HISTOIRES DE COUILLUS, BIEN HUMAINS | 8/10Si vous aimez les ambiances de vestiaire bien viriles où des mains calleuses peuvent vous éviter certaines déconvenues, où les vannes grasses n’ont d’égales que les rires assourdissants qu’elles provoquent, alors aucun doute possible, Aliens est fait pour vous.
Dans cet opus, finis les sentiments qui habiteraient n’importe quel être humain normalement constitué. Nous sommes en présence d’un groupe bien musclé, au courage hors norme et à la vitesse de réaction d’un cobra chinois. Ca tombe bien, leur mission est de se frotter à plus rapides et cruels qu’eux. Nos amis Aliens qui nous ont tant fait trembler avec le cultissime film de Ridley Scott.
Si le premier film misait tout sur des ambiances habilement mises en oeuvre pour créer une tension et un suspens insoutenables, Aliens propose lui de changer complètement de ton pour nous offrir une séance ciné musclée, où Aliens et humains s’en mettent plein la tronche, pour notre plus grand plaisir.
Mais résumer le film de Cameron à des vidages de chargeurs en règle serait un peu court. En effet, ce dernier a su garder toutes les bases posées par Scott pour nous offrir une vision de cet affrontement extra-terrestre qui est certes la sienne, mais qui s’inscrit dans une suite logique du premier film. Ainsi les ambiances sont aussi glauques que dans le premier, avec des couloirs toujours aussi noirs et poisseux, conditions idéales pour mettre en scène des courses poursuites effrénées qui savent nous tenir en haleine jusqu’au bout. Cameron prend également le risque de faire évoluer le mythe Alien, en nous proposant sa vision de l’origine des œufs, et c’est fait de belle façon. Il nous offre ainsi une scène désormais culte, où la belle et la bête originelles se font face. Et une chose est sure, elles sont aussi coriaces l’une que l’autre.
Ripley a en effet perdu une grande part de ce qui faisait sa féminité. Elle devient peu à peu cette machine à buter du monstre qu’elle sera dans le troisième opus et exagérément dans le dernier. On a, avec ce film, une évolution du personnage vraiment terrible, qui va lui donner le charisme qu’il évoque chez nous quand on en parle aujourd’hui. Qu’on se le dise, Ripley ne s’en laisse pas compter et le fait clairement comprendre à ses GI nourris aux farines de protéines dès que possible. Elle demande ainsi au commandant de l’escouade si elle peut les aider à préparer les machines avant le débarquement sur la station et va manier le robot chargeur avec habilité pour répondre au petit pic lancé par ce dernier. Scène qui fait sourire, mais première scène surtout qui enlèvera à Ripley ce statut de simple conseiller, peu estimé en général par les musculeux du groupe. Mais Cameron ne déshumanise pas encore totalement Ripley et c’est même le contraire. Il lui donne ce que beaucoup de femmes sont amenées à développer un jour ou l’autre, un instinct maternel très développé. Ainsi, dès son arrivée sur la station coloniale, elle prend sous son aile la jeune Newt et n’aura de cesse pendant tout le film de la rassurer, de la cajoler en vraie mère poule. Elle montrera donc logiquement les crocs quand les vilains voudront lui prendre son petit ! C’est vrai que ça donne à Ripley un peu plus de profondeur, mais personnellement le personnage de Newt m’a toujours un peu gavé. Je n’aime pas les gamins dans les films de ce genre, on les sait intouchable et quand ils hurlent de peur, ça m’irrite ! : p
C'est d'ailleurs à mon sens un des points noirs de cette version made by Mr Avatar (je titille !
) avec quelques scènes un peu too much. Mais bon, c'est dans le ton, tout est assumé et c'est ça qui fait qu'on passe un bon moment avec tout le reste. Certes on est dans la démesure, mais elle va de paire avec un contexte toujours aussi improbable qu’extrême. J’aime aussi vraiment beaucoup le fait que Cameron ait su rester dans la lignée du premier film et lui ait même fait quelques clins d’œil. Comme cette scène de poursuite dans les conduits, où Ramirez ferme férocement la marche. On ne peut s’empêcher de se remémorer cette scène culte où le pauvre Dallas court aussi vite qu’il le peut vers une mort annoncée. Le final est également un clin d’œil au premier Alien, avec le même moyen de se débarrasser de la reine, et la rédemption qui est offerte au genre androïde, qui passe du rang de tueur complice à celui de sauveur. Belle promotion ! Bishop a su se faire aimer par Ripley, et il est adulte. Bel exploit !
Cela étant dit, même si Aliens perpétue le mythe de belle façon, il reste cependant pour moi inférieur au premier film. La faute, je l'ai déjà dit, à quelques scènes exagérées (la fuite de Ripley et tout le passage ascenseur / explosion par exemple) et quelques moments nianian avec la gamine. Mais on gardera en souvenir un film réussi, peuplé de persos hauts en couleur et d'aliens toujours aussi flippants dont on subit avec beaucoup de plaisir les intarissables assauts !