7/10
La Menace de Alain Corneau - 1977
SPOILER
La filmo de Corneau est quand très qualitative, surtout en début de carrière et ce film noir ( oue plus qu'un polar c'est une vrai intrigue de film noir à la Friz Lang avec triangle amoureux qui se déchire et un flic sur la brèche ) ne déroge pas à la règle. Une bien belle surprise donc que ce film au script plutôt original (pour l'époque) et très minutieux avec un vrai soucis du détail ( et ça fait plaisir qu'on nous prenne jamais pour des imbéciles, Corneau n'appuie jamais sur les détails à nous de nous refaire le film, il fait confiance aux spectateurs, chose qui manque cruellement au cinéma d'aujourd'hui ), ici pas de machination complexe, pas de méchant qui tire les ficelles, pas de flic ripoux voulant à tout prix faire tomber le héros, non juste un homme qui fera tout pour sauver la femme qu'il aime ce qui le mènera à sa perte.
L'histoire est l'inverse de celle de
Police Python, dans Police Python Montand enquêtait sur un meurtre qui le désignait comme coupable et il faisait tout pour se disculper en effaçant les preuves, ici il va semer méthodiquement des indices pour être reconnu coupable d'un meurtre qu'il n'a pas commis ( que personne n'a commis d'ailleurs puisque Marie Dubois se suicide ), au début on se demande à quoi il joue, notamment via ce montage en parallèle devant le juge où les 2 disent des choses diamétralement opposées.
Comme dans tout les Corneau la mise en place se fait tranquillement ( on a bien 30 minutes d'intro ) et le rythme est lent ( sans être chiant ) puis ça s'accélère petit à petit pour carrément s'emballer dans les 20 dernières minutes au Canada avec Montand qui ce coup ci fait une mise en scène méthodique de sa mort et quand on croit qu'il va pouvoir allez retrouver sa femme, un élément pas prévu au programme arrive et là fin est bien cash avec un excellent travail de la team Julienne qui a fait des cascades de folie avec les gros trucks ricain ( et j'ai l'impression que Montand a fait pas mal de cascades lui même ), le climax final est vraiment digne des prod ricaines de l'époque, par contre ce final ne colle pas trop avec le reste du film on dirait que Corneau s'est dit bon allez faut mettre un peu d'action allez on va foutre plein de camion et faire une course poursuite pas grave si l'explication est bancale et pis faut bien que Montand meurt donc autant que ce soit spectaculaire.
La réalisation de Corneau sans atteindre des sommets de virtuosité ( quoique ) est très efficace, Corneau fait preuve d'un sens du suspens indéniable avec notamment pas mal de séquences muettes et dilatées ( l'héritage de Melville quoi ) où on comprend petit à petit ce qu'est entrain de faire Montant, et les 20 dernières minutes sont quasiment sans aucun dialogue, d'ailleurs niveau dialogue le film est assez épuré, ça parle jamais pour rien dire et les personnages sont tous très peu bavard.
Yves Montand reste une valeur sure et ici il fait le boulot ( il est meilleur dans
le Choix des Armes ), Carole Laure et sa beauté froide est convaincante et sa rivale Marie Dubois est très bien elle aussi en folle furieuse prêt à tout, et puis mention à Jean-François Balmer en flic un peu enculé très tenace qui enquête les mains dans les poches.
Bon c'est pas du niveau des tous meilleurs Corneau mais c'est un bon film et c'est vraiment ce type de film qui manque au ciné français car bon les polars français faut se lever tôt pour en trouver un qui tienne vraiment la route, si bien qu'on nous vend du Mesrine comme des bons films.