Alien Ridley Scott - 1979
Revoir Alien c'est se rendre compte à quel point Prometheus sert à rien, alors qu'on aime le film ou pas, on peut pas nier que vouloir expliquer les origines de l'Alien c'est une belle idée de merde, l'Alien fait partie de la mythologie maintenant, et Prometheus tuait le mythe avec des explications qui viraient limite, passé cet aparté obligé je vais revenir à ce classique du cinéma qui avec ses plus de 35 ans au compteur reste le maitre étalon du genre. Il y a définitivement lui et les autres. Le huis clos spatial à son apogée.
Un film qui au départ devait être réalisé par Walter Hill, on a vraiment pas perdu au change car même si j'aime bien Hill il est loin d'avoir le talent de Scott, après le film ici est surtout le fruit d'une grosse collaboration où tout le monde a fait un excellent travail, car tout est absolument parfait dans ce film.
Le script linéaire ( et même minimaliste : une mission tourne mal, un streum est planqué dans le vaisseau faut le retrouver ) est un modèle d'efficacité où tout dialogues inutiles a été gommé, sur les quasi 2 heures y a rien a jeter ( et le film se permet même des petites surprises, le coup du robot c'est quand même une excellente idée, bon aujourd'hui c'est éculé mais ici ça fonctionne à merveille ). Alors oui le début est un peu long mais c'est nécessaire au développement des personnages où chacun a un rôle bien défini dans le vaisseau et où le traitement est vraiment adulte, et ça installe petit à petit un climat angoissant ( enfin c'est le genre de lenteur qui peut vite souler si les personnages n'existe pas comme dans Life dernièrement qui était un copier coller mongolien de Alien ), non vraiment c'est un modèle de narration.
Là ou le film est malin aussi c'est par rapport à l'ordre des morts, les acteurs les plus connus ( enfin pour l'époque ) y passe en premier et la survivante est l'inconnue du casting.
Si je devrais pointer une déception en le revoyant c'est l'Alien qu'on ne voit pas assez a mon gout, alors oui les contraintes des FX de l'époque explique cela et Scott ( qui a bien retenu la leçon de Tourneur : ne pas pas trop en montrer et privilégié la suggestion ) a choisit de ne jamais montrer son monstre intégralement mais c'est un peu frustrant surtout que les rares plans qu'on voit sont géniaux et rendent justice aux merveilleux taf de H.R. Giger qui livre ici tout simplement le monstre le plus culte et magnifique de l'histoire du cinéma un merveilleux mélange organique, mécanique et monstrueux et il donne au tout un côté érotique morbide génial et terriblement explicite ( Ripley finit quand même en petite culotte avec un monstre phallus qui veut s'en prendre à elle ), l'Alien c'est un monstre magnifique, élégant, massif, souple, rapide, impitoyable, limite indestructible et surtout terriblement terrifiant. Mais ces contraintes de CGI font que justement Alien est un modèle de mise en scène car chaque plan a du être réfléchit pour qu'il soit le plus efficace possible alors qu'aujourd'hui y a pas mal de "on s'en branle il est jolie notre monstre en CGI, montrons le sans réfléchir".
Ridley Scott gère à merveille son vaisseau massif à l'ambiance claustrophobe et oppressante ( par contre si on a plus de 8 ans ça fait pas peur, on est plus devant un thriller que devant un film réellement horrifique ) et il promène sa caméra absolument de partout dans cette immense décors remplit de couloirs sombres et de coursives ( le jeu de lumières est génial, alternance de néons, brume, écran d'ordi, ampoule et ça donne un réel plus au film ), il sort quelques scènes devenu culte : le facehugger accroché à Hurt avec l'acide qui perce les sols du vaisseaux, la mort de Hurt ( séquence la plus graphique du film et facile dans le top 5 des scènes de mort les plus marquante ), la scène du repas est d'ailleurs superbement bien dialoguée je trouve, la première séquence absolument génial où on aperçoit l'Alien taille adulte ( d'ailleurs en chipotant y passe du stade de bébé à adulte vraiment très très rapidement ) avec le pauvre Harry Dean Stanton qui cherche le chat et qui ne voit même pas l'Alien accroché au plafond, et pis le climax final à la lenteur hypnotisante presque inconcevable aujourd'hui pour un film de ce genre avec Ripley qui prend le temps d'assurer ces gestes pour détruire à jamais ce monstre.
Le travail sur le montage est aussi vraiment excellent, je pense à 2 séquences en particulier : celui avec Dallas entrain de chasser l'Alien et celui avec la mort de Kotto.
Outre Giger d'autres grand noms ont bossé sur la production design absolument parfaite de ce film, le génial Moebius ( enfin je préfère Jean Giraud ^^ ) pour les costumes, Ron Cobb (
Conan et Total Recall entre autre ) pour les décors du Nostromo et Chris Foss, Dan O'Bannon au script ( Hill est aussi mentionné ), d'ailleurs tout ce beau monde avait déjà bossé ensemble sur Dune de Alejandro Jodorowsky.
Les décors sont ici vraiment géniaux on est très loin de la SF aseptisée, ici le vaisseau est vieux, crade, poisseux, glauque et en piteux état, ça change tellement de ces vaisseaux tout blancs et ces lumières tout droit sorti d'un hopital.
Le casting ne comporte pas de grand nom ou d'acteur de génie mais tout le monde est bon, j'ai une tite préférence pour Holm et Kotto ici qui sont pour moi les meilleurs perso du film, Harry Dean Stanton forme un bon petit duo très attachant avec Kotto, si je devrais émettre vraiment des réserves ce serait sur Skerritt qui est amha en retrait par rapport aux autres acteurs, Sigourney alors jeune débutante n'est pas encore devenu l'icone que Ripley va devenir mais il y a clairement les prémices de ce personnages marquant ( d'ailleurs a priori c'est vraiment un des premiers personnages de femmes forte des films de genre, ce rôle au départ était d'abord prévu pour un homme puis pour Veronica Cartwright ) en tout cas elle est vraiment très bonne dans le rôle marquant de sa carrière. Holm trouve d'ailleurs ici un de ses meilleurs rôles et il est bien meilleur en droide qu'en Hobbit.
Un classique insurpassable qui est devenu le mètre étalon du genre ( mainte fois copier jamais égaler ), chaque film de monstre et de mission spatial est comparé à Alien.
Le score de Goldsmith finit de faire entrer ce film au panthéon du genre.
Longtemps j'ai préféré sa suite plus bourrine mais aujourd'hui y a pas photo, je préfère le film de Scott qui preuve ultime que tout y est parfait, même la tagline du poster tue.
10/10