Cette nouvelle vision de
Casino était une véritable redécouverte pour moi, j'avais dû voir le film une fois il y a 10 ans sur TF1. J'en gardais donc très peu de souvenirs. Alors que dire ? Je me rend compte que j'ai de grosses lacunes dans la filmographie de
Martin Scorsese, un réalisateur que j'aime pourtant beaucoup. Je ne pourrai pas faire de comparaison avec
Les affranchis vu que celui-ci est tout aussi peu frais dans ma mémoire ... En tout cas, une chose est sûre :
Casino est clairement un modèle du genre !
Pendant presque 3 heures, le film retrace le parcours de Sam Rothstein, parieur très doué devenu patron du Tangiers, grand casino de Las Vegas, grâce au soutien des grosses pontes de la mafia. Son ascension rapide et certains de ses choix vont l'exposer à des problèmes. Et ça n'est pas son entourage qui va arranger les choses : son ami et homme de main Nicky Santoro a tendance à péter les plombs un peu facilement et aimerait avoir sa part du gâteau et sa femme Ginger ne l'aime pas et n'est là que pour lui pomper son fric. Tout ce petit monde ne tient que dans un équilibre fébrile et la moindre mauvaise décision pourrait causer leur chute ...
Martin Scorsese plante parfaitement son univers. Grâce à une présentation très efficace et rythmée, on rentre immédiatement dans le film. J'ai quand même été un peu gêné au début par cette double voix-off alternée entre Sam et Nicky. On a l'impression que le changement de voix-off est un peu aléatoire mais on finit par s'y faire. Néanmoins, le film est parfaitement rythmé et une fois qu'on entré dedans, on n'en ressort plus jusqu'à la fin. Tous les rouages du système nous sont présentés de façon compréhensible et chaque personnage a son rôle à jouer dans ce microcosme mafieux. On sent dès le début, bien avant que les problèmes arrivent, que ce système est monté comme un château de cartes et que le faux pas de l'un peut entrainer la chute de tous les autres.
Le réalisateur a une grande virtuosité dans sa mise en scène. Les mouvements de caméra et autres travellings sont choisis avec minutie et donne un rythme certain à l'ensemble. Il faut voir ces scènes où l'on suit les personnages se déplacer à travers le casino avec la voix-off qui nous explique toutes les techniques de surveillance et autres : un modèle de maitrise. Il y a toutefois quelques effets discutables dans le film. Quelques arrêts sur image, zooms ou autres raccords dans l'axe ne passent pas très bien mais ça n'est que des petits défauts négligeables.
Il est important de noter également le rôle de la musique dans ce film. Sans qu'elle ne se fasse particulièrement remarquer, elle participe grandement à l'ambiance du film. Il faut dire que
Scorsese s'est bien appliqué dans le choix des morceaux :
The Rolling Stones,
Otis Redding,
The Staple Singers,
Louis Prima et bien d'autres. Cette ambiance musicale nous fait vraiment plonger dans les années 70 ! A noter la présence de 2 superbes morceaux instrumentaux : "La passion selon St Matthieu" de
Johann Sebastian Bach et "Camille" de
Georges Delerue.
Au niveau des personnages, il y a vraiment un excellent travail d'écriture. Sam Rothstein est un personnage charismatique. Il sait exactement ou il va et comment y parvenir. Mais qui dit heureux en affaire dit malheureux en amour et là, c'est effectivement le cas. Croyant que l'amour peut s'acheter, il va au devant de grandes déconvenues. Sa relation avec Ginger est uniquement basée sur l'argent et aucun amour ne se dégage de leur relation. A ses côtés, Nicky Santoro est un personnage haut en couleurs. Ami fidèle, il a aussi un besoin incontrôlable de reconnaissance et c'est pour cela qu'il n'en fait qu'à sa tête. Mais son règne par la violence n'est pas négligeable dans l'ascension de Sam. Enfin Ginger est un personnage assez ambigu. Tout comme le héros, le spectateur a du mal à cerner ce qu'elle ressent vraiment. Entre son amour pour son ancien mac et sa cupidité qui la pousse à rester avec Sam, elle fait un peu la girouette. C'est d'ailleurs de là que vient la seule petite longueur que j'ai ressenti dans le film : lorsqu'elle n'arrête pas de changer d'avis dans le dernier tiers du film ...
Mais si ces personnages sont si crédibles, c'est avant tout dû aux excellentes prestations des acteurs.
Robert De Niro apporte toute sa classe au héros. Il joue parfaitement cet homme qui a besoin de garder le contrôle sur tout ce qu'il fait. Sa position de grand patron lui fait prendre la grosse tête alors qu'il n'est qu'une pièce interchangeable au bon vouloir des grosses pontes de Kansas City.
Joe Pesci livre également son meilleur rôle. Alors qu'on a pris l'habitude de le voir dans des rôles plutôt comiques, ici il nous fait froid dans le dos. Malgré son physique, il en impose et même Sam ne sait plus quoi penser de lui tellement ses réactions peuvent être imprévisibles. Le sort qui lui est réservé semblait obligé, on se demande même pourquoi ils ne l'ont pas fait plus tôt. Quant à
Sharon Stone, c'est certainement sa meilleure prestation. Un peu à la manière de
Michelle Pfeiffer dans
Scarface, elle dégage une véritable grâce et on comprend tout à fait que le héros tombe sous son charme et veuille la garder quel qu'en soit le prix.
Au final, voici un film parfaitement maitrisé. C'est certainement le film le plus réussi sur l'univers de Las Vegas. Et en plus, le film se termine en apothéose sur une séquence de "grand nettoyage" qui restera dans l'histoire du cinéma. Ma note de 8,5/10 est peut-être un peu sévère mais le film devrait gagner un petit point supplémentaire lors d'une prochaine vision ... En tout cas, ça m'a vraiment donné envie de me plonger dans la filmographie du réalisateur. Ma bonne résolution pour l'année prochaine : essayer de me caler une rétrospective
Scorsese. Y'a du boulot !!!