LA CHEVAUCHÉE DES BANNIS
Western atypique à l'ambiance lourde et pesante en parfaite cohérence avec le décor (montagnes perdues, hiver silencieux mais assassin et brume permanente dans une forêt fantomatique..).
Le noir et blanc trouve ici une justesse hors norme qui coïncide donc avec l'ambiance voulue pour le film et la musique, le "main theme" , n'en ressort que plus dramatique et solennel.
Cela dit, il faut passer outre deux-trois aspects aujourd'hui vraiment vieillot (comme le combat à mains nues que je trouve particulièrement mal chorégraphié et mal joué mais l'époque veut ça donc on peut pas vraiment en faire un défaut.
A l'heure où des films comme "L'assassinat de Jesse James" ou "Blueberry" renouvèle le genre, il y a eu La chevauchée des bannis.
Peu de coups de feux se font entendre dans le film. Pas de rythme. La violence n'est jamais graphique, on ne voit donc aucune tache de sang ou giclée mais c'est l'ambiance et la tension permanente de la première partie qui instaure et tempère une violence muette, envahissant chaque plan et chaque joute verbale. Parce que du dialogue il ye en pas mal dans ce film et chaque fois c'est bien écrit, pertinent et légitime.
Une intrigue qui parait classique au départ puis qui va se diriger vers une sorte de prémisse du huit-clos et du survival. même si ce n'est que "survolé" il y a bien quelques minutes qui font largement penser à du survival en pleine neige, une neige épaisse, qui paralyse presque les chevaux (pour reprendre les mots de Tavernier) et dans laquelle les hommes vont se perdre. Le héros sera alors en fuite, en pleine nuit, pour échapper à deux hors la loi à qui il aura voler les allumettes. Le matin un d'entre eux est mort gelé et le second aura les mains si froides que tenir son fusil et poursuivre un pourtant très lent lui sera impossible. On a loin une recette souvent utilisée dans les survival à savoir le kidnappé qui s'enfuit, prépare son piège revient ou tout simplement vole un objet utile aux bad guy et eux se retrouvent dans la merde et ne ferme plus l'œil de peur de se faire buter dans leur sommeil. précédent cela on a une longue randonnée équestre dans un paysage brumeux, spectrale et envoutant à travers duquel les hommes se mutinent ou meurent tout simplement. Ces deux passages auraient largement mérités plus de temps.
Concernant la première partie du film, on est au cœur d'un hameau perdu (très très peu de gens y vivent) où des hors la loi vont poser pied et attirer l'attention de ces fermiers qui se querellaient entre eux pour des peccadilles. Le film s'ouvre sur deux cow-boys (des vrais comme pour Open range) sur leurs chevaux, entouré par la neige et les Rocheuses. Un petit village. Des fusils, des revolvers en vue, un saloon, des malfrats débarquent poursuivis par l'armée, bref, les éléments du western sont là. Mais la suite sera très différente d'un western (en tout cas en terme de rythme et d'ambiance).
Les acteurs sont tous crédibles, tous bien dans leurs pompes et jouent relativement bien (surtout le capitaine : Burl Ives et l'éleveur : Blaise Starret). Charismatiques, les deux sont opposés mais il ya au départ un respect mutuel qui va vite s'effondrer. Le capitaine maintient ses hommes avide de femmes et d'alcool. IL leur interdit donc ces "péchés" et malgré son tempérament guerrier, il calme le jeu très souvent. Mais la tension est quasi palpable dans cette mise en scène certes très statique (peu de travelling, peu de mouvement de caméra) mais qui permet justement à cette tension de rester pesante (le film est un peu trop mou par moment faut le reconnaitre mais je suis du genre à vite m'endormir si la caméra est trop statique). Cependant il y a un travelling à noter malgré qu'il soit "simple" 180degré pour nous montrer le paysage, l'environnement du film, très silencieux :
Même si je trouve que le traitement des malfrats un peu simpliste (aaaahhh alcool femme
+ le jeune mec qui en fait se rend compte que c'est pas son truc d'être comme eux) ce n'est jamais ridicule et c'est mesuré.
En tout les cas niveau mise en scène c'est vraiment bien, il y a des beaux plans, d'autres moins beaux mais techniquement ça m'a surpris sur certaine composition et sur l'utilisation de la musique aussi d'ailleurs comme sur le passage "survival" avec les notes de piano répétitives qui donnent un accent mystique angoissant et qui reflètent parfaitement le sentiment d'isolement lié au paysage...).
7.5/10
Le dvd coûte bonbon mais je vais me laisser tenter quand même je pense. L'édition est nickel et le film top.