HELLBOY
Avant toutes choses, il faut faire remarquer que ce qui fait Hellboy...c'est Hellboy !
Figure héroïque aux allures d'anti-héros, Hellboy est un démon. Il est celui qui déclenchera la fin du monde. De "ce" monde. C'est son destin, c'est ce pour quoi il a été créé.
Cependant, élevé parmi les hommes et par un "sage", il a est doué d'émotions et de sentiments. Amoureux, susceptible,immature (le mec fait le mur pour retrouver sa promise torturée qui le fuit, il cache son cigare en voyant son "père"
), colérique, il peut-même inquiéter par sa violence retenue.
Grand, charismatique, regard profond et impénétrable, quais imperturbable, nonchalant et sans peur, Hellboy fait désormais partie des grandes figures iconiques du comics. Ce grand "singé rouge à l'imper surdimensionné, le cigare aux coins des lèvres, les grosses rouflaquettes et les cornes coupées et au fond de lui, véritable humaniste, sensible et touchant. Hellboy quoi.
En adaptant Hellboy, Guillermo Del Toro évite de coller aux adaptions de comics d'aujourd'hui, trop propres, trop tout public, sans ambiguïté ou presque et sans personnalité.
Quand Del Toro réalise deux films fantastique d'auteurs, il peut aussi se divertir et faire du fantastique, divertissant cette fois , mais sans oublier des thèmes profonds et et des touches persos. La photo très sombre, nimbé très souvent de bleu marine dense et d'un noir abyssal (Pan, Devil Backbone, Hellboy) , certains lieux etc..sont de véritables obsessions du réalisateur puisque que l'on retrouve certains détails dans presque tous ses films et très souvent des clins d'œils à ses passions, ses films préférés ou encore ses futures projets. Comme cette scène au début du film qui préfigurait certainement Les Montagnes Hallucinées :
Hellboy est un film réussit, sombre visuellement, avec quelques clichés du genre évidemment mais globalement c'est un mélange de plusieurs éléments, de plusieurs horizons et ça donne déjà quelque chose d'ambitieux, qui promet pour les suites.
Véritable comics mêlant le pur esprit comics, le super-héros (cette fois-ci sans pouvoir hormis une force herculéenne, un corps qui ne craint pas le feu et un poing énorme, un "marteau") l'occulte, les légendes et les mythes avec des hommages évidents à l'univers de Lovecraft. Bourré de créatures, le comics était donc une mine d'or pour un mec comme Del toro lui aussi passionné de cet univers.j'imagine déjà la passion et l'entrain de l'équipe a devoir créé les décors, les costumes, et les rares CGI que le film utilise et c'est d'ailleurs le gros point positif de ce réalisateur et de cette nouvelle franchise.
Un travail d'orfèvre: tout est conçu à la main (quasiment) et les personnages ont le mérite d'être vivant" sous nos yeux. Il y a eu Gollum et King Kong pour prouver que les CGI pouvaient remplacer le costume ou l'animatronique mais ce n'était pas le même budget non plus et ici , Hellboy ou Abe pouvaient largement être "interprétés" par de vrais acteurs sous costumes. Ça donne un cachet essentiel, indétrônable et authentique au film. Hellboy existe, Abe aussi. Même le petit mort ressuscité est plus sympa en vrai (même si c'est bien grillé que c'est une marionnette mais ça reste dans l'esprit comics donc ça colle au délire de base) et le monstre, Samael, est très réussit et le passage du cgi pour les grosses actions qui doivent être fluides et rapides- et les scènes de combat où le réalsiateur met en scène de manière plus serrée- et le costume énorme sous lequel devait bien chauffer l'acteur - bah on voit peu la différence voir presque pas. Pas comme un certain Pacte des Loups.
Del toro ne surligne rien au marqueur: pas de centaines de plans d'ensemble en mate-painting pour suivre cette mode -que seul Peter Jackson sait vraiment maitriser- (et puis ça reste sobre, c'est pas clinquant pour seulement faire plaisir aux yeux non justement c'est pas super beau par moment et le film est basé sur l'occulte, la partie sombre des religions, les créatures de l'Enfer etc...donc c'est vraiment bien cet aspect et en plus on a la preuve d'une logique visuelle car le 2 est lui bien plus "beau" vu que là on parle d'Elfes et que c'est plus poétique, moins "dark" donc c'est plus léché)ici hormis 3-4 séquences qui se limite presque à un seul et unique plan sauf pour la fin, pas de grosses scènes d'actions qui s'enchainent sans penser aux personnages et pas l'inverse justement, donc c'est un bon équilibre qui soutient le film. Guillermo sait développer ses protagonistes et même si Abe perd du terrain au profit d'un personnage complètement inutile et qui plus est absent du 2 - Myers- bah ça reste pas trop grave.
Bon le métrage n'est pas "violent" même - si ya pas mal de morts on ne voit pas de sang, pas de violence à outrance mais le comics est pareil il me semble (Scalp?).
Niveau en scène c'est du Del Toro donc c'est pas transcendant, ça reste simple mais il ya 2-3 coup d'éclat comme la séquence dans la parie du métro abandonné avec un bon suspens et des raccords excellents entre les lieux/personnages qui donne l'illusion d'un plan séquence ou encore ce puissant passage où Hellboy accepte sa destinée pendant quelques minutes : la meilleur scène du film , la plus léchée, la plus intéressant niveau cadrage, ambiance, musique et symbolique. Le personnage y est superbement iconisé :
Au final, Mignola possède un univers Lovecraftien à part, décalé, bourré d'humour et d'émotions. Del Toro donne vie à ce monde en mettant à la fois une touche comics évidente sur certaines scènes niveaux couleurs et mise en scène. Hellboy est un putain de personnage et on espère bien le 3 qui terminera la trilogie en beauté.
Je préférais le 2 mais là non en fait il n'y a pas photo. Le 1er est plus adulte et plus sombre mais plus léché et une meilleur mise en scène pour le 2.
8,5/10