ALIEN (1975)
Réalisé par Ridley Scott
Version Director’s Cut
9/10
Résumé : Le vaisseau commercial Nostromo et son équipage rentrent sur Terre avec une importante cargaison de minerai. Ils détournent leur route pour répondre à un signal en provenance de L-426. Sur place, une expédition découvre un vaisseau abandonné, dont l’une des pièces renferme une forme de vie inconnue. Parmi les nombreux œufs présents, l’un éclot…
Difficile de faire original tant tout a déjà été dit sur ce film.
Science fiction horrifique :Alien n’est pas pour moi un film qui invite à de longues réflexions sur le futur, à la différence de Blade Runner. C’est un film où domine l’art de Ridley Scott de mettre en scène une ambiance. Alien est tout simplement un chef d’œuvre du divertissement horrifique.
Il est l’aboutissement réussi d’une longue lignée de film de science-fiction à tendance horrifique, tels que Planet of the vampires, It ! The Terror from Beyond Space, ou dans une moindre mesure de The Thing from Another World qui ont fait les beaux jours du B-movie, voir pour les plus mauvais du nanar (Robot Monster...). Ridley Scott donne ses lettres de noblesse au Genre et ouvre la voie à une franchise et à de nombreux clones plus ou moins heureux.
La perfection de la forme pour générer l'angoisse Un générique épuré et quasi silencieux qui plante immédiatement le décor : l'espace et qui décompte lentement le nombre de membres d'équipage à bord du Nostromo, comme autant de "traits" dans le nom du film, presqu’une indication : 7 humains et un alien.
Puis apparaît le cargo, ses coursives désertes, silencieuses avec uniquement le bruit des machines et des ordinateurs, autant d'éléments propres à accentuer l'impression de vide, de froid et de silence que le générique avait mis en place. Scott prend son temps pour instaurer une atmosphère sans que cela paraissent long et sans aucune nécessité de discours explicatifs ou de voix off inutiles et redondants. L’image et les décors suffisent à instaurer une impression de claustrophobie. Couloirs étroits, sombres et parfois enfumés, jeux de lumières, givres, bruits mécaniques et informatiques, pilotes automatiques, ordinateur de bord, un environnement presque déshumanisé. Une sorte de cimetière dans l’espace. On comprend dès le début que nous allons vivre un huis-clos dans un vaisseau spatial, et autant dire que dans l’espace, on a tout de suite le sentiment qu’il n’y a pas d’échappatoire possible. Ce sentiment d’oppression, d’angoisse n’est pas distillé à petit feu, il est immédiat, il nous happe dès les premières images.
Une histoire simple : un signal, un équipage, un prédateur, une course contre la montre pour échapper à la mort, pas de fioritures, peu de dialogues, presque pas de contexte. Juste la mention d’une Compagnie qui fixe les protocoles et détermine les primes. Un survival dans l’espace où personne ne peut venir à votre secours. L’alliance réussie de la science-fiction et de l’horreur.
Un équipage, une créature hostile et une partie de cache-cache terrifiante : Les membres de l’équipage : des noms et une position hiérarchique. Là encore pas de dialogues inutiles, pas de passifs, pas de flashbacks qui viendraient parasiter et désamorcer l’atmosphère oppressante. Alien est un film de l’image, pas de la parole. Tout au plus devine t’on les traits de caractères de chacun d’après ses réactions face au danger, à la créature ou à la mort. Du coup, on ne sait pas qui sera le héros ou l’héroïne de l’histoire, ni même si quelqu’un s’en sortira. Ce n’est que dans la deuxième partie du film que l’on commence à entrevoir l’importance de Ripley, son côté combatif, son leadership.
Au début, elle est plutôt en retrait. Son allure androgyne, est très éloignée de l’image classique de la femme dans les films d’horreurs (plutôt victimes) ou de science-fiction. Ripley une femme forte et fragile à la fois, face à la perfection de la carapace de l’alien et qui se paie pourtant le luxe de l’affronter en petite culotte !!! Quand presque tous les autres, ont tenté d’attaquer la créature par la force avec un arsenal de balles et de feux et ont perdu. Ripley finalement parvient à la vaincre sur son propre terrain, par la ruse, en se faufilant lentement et silencieusement dans une combinaison. Une attaque furtive à l’image de celles de la créature.
Lambert est au contraire, l’image classique de la victime du film d’horreur, elle est tétanisée par la peur et abandonne face à la créature.
Ash est le personnage le plus hermétique. Dès le début il dégage un sentiment d’antipathie. On comprend très rapidement et c’est vraiment dommage pour le suspens, qu’il a son propre agenda et qu’il se retournera contre le reste de l’équipage. On observe dès le début son intérêt pour l’alien dans sa forme gestative. Quand la créature surgit pour la première fois il esquisse un mouvement de défense pour empêcher l’attaque de Parker. Par contre, sa nature d’androïde est une vraie surprise.
Jones, le chat, le dernier membre de l’équipage. Celui qui est là pour alerter le spectateur de la présence furtive de la créature. Là aussi pour marquer la dimension héroïque de Ripley (même si je trouve cette scène totalement incongrue). A bord du Nostromo, il n’y a pas de végétation, tout est mécanique. En partant dans l’espace avec un chat, animal de compagnie par excellence, l’homme emmène un peu de la Terre avec lui.
La créature de Giger et Cie, une merveille de complexité organique et métallique. Une sorte de xénomorphe, quasi silencieux, juste quelques bruitages, furtif, rapide, suintant, avec un dard et une double mâchoire : une vision d’effroie. Certainement l’une des plus belles créations du cinéma.
Il se fond dans le décor, dans le silence, prédateur furtif dont la présence est marquée par des lambeaux de peau qui annonce une probable mutation, par des suintements, que bien souvent on ne fait qu’entrevoir. Il surgit et on perçoit la peur, le râle ou les cris des victimes qui se perdent dans le silence. Quelques gouttes de sang, pas de corps, le mystère, l’angoisse totale. Dommage finalement cette scène qui lève en partie le mystère en montrant Dallas prisonnier dans un cocon et qui est destiné à servir d’incubateur aux futures larves.
Une image traumatisante à jamais gravée dans les mémoires: la créature qui s’extrait de l’estomac de Kane. Une peur viscérale que celle d’être dévorée de l’intérieur par un organisme parasite.
Alien est un film d’ambiance glauque, de son, de musique propre à favoriser l’angoisse.
Ridley Scott parvient le plus souvent à nous prendre à contre-pieds. L’attaque surgit au moment où on ne l’attendait pas forcément ou sous une forme que l’on n’avait pas prévue. C’est l’alliance réussit de la science-fiction et de l’horreur. Mais la science-fiction n’est qu’un décor propre à favoriser un objectif : générer la peur, car dans l’espace personne ne peut vous entendre crier.
Alien est surtout et avant tout un magistral film d’horreur.