The Curious Case Of Benjamin Button (L'étrange Histoire De Benjamin Button) de David Fincher
(2008)
Je tiens tout d'abord à préciser que lors de ma première vision de ce The Curious Case Of Benjamin Button, j'ai été fortement déçu. Non seulement j'avais du mal à retrouver David Fincher mais je ne trouvais pas là le film ultime sur la vie que j'avais espéré après avoir vu la superbe bande-annonce visible quelques mois plus tôt. Allez savoir pourquoi, je me suis acheté quand même le dvd à sa sortie et je ne l'avais toujours pas revu depuis. Je m'attendais, avec cette rétrospective Fincher, à le revoir encore plus à la baisse, mais c'est tout le contraire qui est arrivé. Sans aller jusqu'à dire que le film est excellent, force est de constater que je me suis retrouvé face à un très beau film.
En premier lieu, j'avais totalement oublié le montage parallèle entre la Daisy mourante et l'histoire de Benjamin Button. Bien que ce lien entre deux époques pouvait être facilement enlevé du film sans lui causer du tord, il arrive à insuffler assez d'émotions pour ne pas paraître inutile. Ensuite, cette étrange introduction avec la fabrication de l'horloge de la Nouvelle-Orléans a de quoi laisser perplexe : bien qu'intéressante et belle, le souffle émotionnel qui aurait pu s'en dégager ne vient jamais. C'est d'ailleurs le gros problème du film en général, David Fincher étant loin d'être un cinéaste de l'émotion et du ressenti, il contrôle assez mal les nombreuses scènes qui auraient pu faire de The Curious Case Of Benjamin Button un très grand film à la fois beau et épique. Il est étonnant aussi de voir que certaines scènes auraient clairement pu être raccourcies, voire supprimées, le passage entier avec Tilda Swinton en étant le meilleur exemple puisqu'il n'apporte finalement presque rien. Dommage donc que Fincher n'ait pas plus développer le lien entre Benjamin Button et son père (alors que Fincher parle des liens paternels peu présents dans The Game, Fight Club et Panic Room), la naissance et l'adoption de Benjamin ou encore (et surtout) la fin de sa vie, symboliquement très intéressante.
Toutefois, on ne peut nier que l'émotion du chef-d'œuvre qui ne verra jamais le jour se fait ressentir à certains moments-clés du film : Benjamin Button découvrant sa différence, la disparition de l'équipage avec lequel il travaillait, la premières retrouvailles avec Daisy, leur séparation suite à la naissance de leur fille ou encore la mort du personnage principal dans un plan iconique qui prouve que Fincher est autant un cinéaste qu'un artiste pictural. C'est d'ailleurs dans ce film que Fincher pousse le plus loin son travail sur l'image. Presque la totalité des plans sont magnifiques, enjolivés par un travail de photographie à tomber par terre (clairement l'un des points forts de Fincher) et la mise en scène, aussi subtile que celle de Zodiac (hormis dans la scène de l'accident de voiture), transpire la maîtrise. La musique, signée Alexandre Desplat, est correcte même s'il manque véritablement un souffle pour faire envoler cette fresque de vie. Par contre, niveau interprétation (et, encore une fois, comme toujours chez Fincher) on est face à un sans-faute : un Brad Pitt qui sait tout jouer, une Cate Blanchett émouvante et une superbe galerie de seconds-rôles (notamment Jason Flemyng).
Enfin, niveau SFX, et encore comme toujours chez Fincher, c'est bien foutu, ça tombe jamais dans la surenchère et ça reste crédible. Le plus gros tour de force du film étant de faire croire au spectateur que l'on est bien en face de Brad Pitt à chaque instant de sa vie. Une technique irréprochable à ce niveau là, qui rappelle que le cinéma est l'instrument ultime pour donner vie à ses rêves.
Cette deuxième vision de The Curious Case Of Benjamin Button m'a permis de revoir d'un œil nouveau ce film qui est loin d'être indigne du travail de David Fincher. Je pense d'ailleurs sincèrement que même le jour où il sortira son plus mauvais film (si ce n'est pas déjà fait) ça restera super bien travaillé en terme de mise en scène. C'est là où l'on voit la différence entre un réalisateur lambda et un véritable cinéaste artiste. Au final, même si on ne trouve pas là le grand film qu'il aurait pu être, on est bien en face d'un beau film, tout simplement.
8,5/10