Jackie Brown de Quentin Tarantino
En adaptant un roman Quentin Tarantino canalise son talent pour délivrer son film le plus mature.
Fini la succession de scènes coupées en chapitre, le récit de Jackie Brown est linéaire prenant son temps pour installer toutes les pièces d’une grande arnaque. A l’image de son long travelling sur tapis roulant ou Pam Grier sort de l’aéroport sur fond d’Across 110 Street de Bobby Womack, Tarantino va privilégier une distance classieuse et soulful pour mettre en place les enjeux et personnages de son histoire, tout en posant ses ardeurs Tarantino garde un incroyable sens du rythme.
Plus de dialogue ultra référencé, Tarantino évite les boursouflures de son style tout en gardant une patte indéniable porté le naturel de Samuel L Jackson dans le rôle du petit escro qui se croit grand. Dès la présentation de ce personnage haut en couleur Kangol, le réalisateur enchaine les plans inspiré : fixe le long d’un couloir puis fluidité lors de la discussion menant à la voiture jusqu’au plan de grue pour ouvrir le premier coup de feu funky des Brothers Johnson. Ceci n’est qu’un exemple d’une maitrise ahurissante de l’espace de la part de Tarantino qui atteindra son summum lors du final à multiple point de vue.
La caractérisation subtile est la grande force du film dépeignant une brochette de personnages paumés mais terriblement attachant, d’un Robert De Niro parfaitement à coté de la plaque qui fait ami avec une surfeuse défoncé 24/24 prévisible et agaçante à un duo de flic involontairement comique. La relation contenue entre deux être redoutant leurs dernières années bloquées dans une routine solitaire démontre toute la finesse dont fait preuve Tarantino. Du premier regard à l’unique baisé furtif, l’attachement est évident mais ne se résumera qu’à un vinyl des Delfonic symbole d’une nostalgie des 70’s parsemé à chaque recoin de ce Jackie Brown.
9/10