Mort d'un Pourri Georges Lautner - 1977
Film qui dénote un peu avec les Delon de cette période où il se cantonnait souvent dans le rôle du flic badass invincible, ici c'est un solide thriller politique au script très soigné, bon y a bien quelques petites longueurs et des légers soucis de rythme, on est pas captivé pendant les 2 heures du métrage mais c'est jamais chiant même si par moment ça manque quand même de réel tension ce qui est bien dommage quand on voit comment les rares scènes tendues sont très réussies.
Seconde adaptation d'un roman de Laborde par Lautner après l'excellent
Le Pacha, à voir aussi en adaptation le sympathique Adieu Poulet.
Description sans concession ( et malheureusement sans nuance car ici tout le monde est pourri, enfin en même temps le tous pourri est pas vraiment éloigné de la vérité ) et pessimistes des hautes sphères du pouvoir ave une flopée de politiques et d'industriels véreux, ou tour à tour on essaye de tuer Delon, puis on le séduit pour pouvoir l'acheter, on suit donc le parcours de Delon, quidam qui par amitié par se retrouver lancé dans une histoire qui le dépasse car en couvrant le meurtre et le vol de documents de son ami il va s'attirer de gros problèmes, l'ambiance est pas à la légèreté c'est très pesant, la photo est très sombre ( on voit pas le soleil une seule fois ).
Comme toujours avec Audiard, ses dialogues rehausse considérablement le film ( bon monologue final de Delon notamment : "Certains élus du peuple vont connaître une petite traversée du désert, au pas de course, rassure-toi. Quand ils reviendront, ils se seront fait le masque républicain, comme les vieilles putes se font retendre les fesses" ) le propos se fait moins drôle et plus cynique.
Lautner s'efface derrière son scénario et livre un film très sobre, à retenir tout de même 2 scènes en vue subjective particulièrement réussi, l'arrêt sur image lors de la mort du méchant et les petites courses poursuites made in Remy Julienne ( seul passage d'action pur du film ).
Delon est bon mais pas exceptionnel ( on sent que par moment il récite plus qu'il ne joue ) mais qui au moins ne se la joue pas superstar ( alors qu'il est producteur du film ) est entouré d'un gros casting : Jean Bouise et Michel Aumont qui campe un duo de flic très perspicace et complémentaire, Klaus Kinski en politique énigmatique qui a droit a un super monologue malheureusement son rôle est trop furtif, Julien Guiomar assure dans son beau rôle d'enculé, Ornella Muti ( là un peu pour faire jolie quand même mais elle le fait bien ), Stephane Audran en femme alcoolique est convaincante et on a même la muse de Lautner ( et compagne de Delon à l'époque ) Mireille Darc a un petit rôle comme souvent.
La musique de Sarde tantôt jazzy tantôt dépressive est très agréable.
Le genre de thriller qu'on avait souvent à l'époque, là à part Une Affaire d'Etat (qui commence à dater) on peut pas dire que ce soit vraiment la joie, et vu que je suis pas un très grand fan de Lautner c'est pour moi un de ses meilleurs films.
"Objectivement est une locution foireuse dont je n'ai que foutre",
"Attends ! Tiens écoute, on sonne à la porte. Je te rappelle - Ne raccroche pas ! Si j'entends des coups de feu, je ne mettrai qu'un couvert"
- Beaucoup de politiciens, d'aimables clowns, quelques duchesses, pas mal de putes... La qualité française quoi!
- A vingt ans j'entrais dans une banque avec un flingue. Dix ans plus tard, j'entrais au Crédit Lyonnais avec des références bancaires. Pour en arriver ou j'en suis, il en a fallu que j'arrange des coups... que j'en déménage des mecs
7/10