MYSTIC RIVER
Drame sur fond d'histoire d'amitié reniée c'est surtout une tragédie élégante, sombre profonde que singe Clint Eastwood. Dirigeant ses acteurs comme jamais, un des plus grands réalisateurs de ce monde porte Sean Penn et Tim Robbins dans ce qui restera magistral et important dans leurs filmographies respectives.
Adapté d'un livre de Denis Lehane on ne pouvait qu'avoir un bon produit avec une histoire bien ficelée, une intrigue riche et des personnages dont l'écriture rappellent de suite qu'il s'agit d'un roman à la base.
A la manière d'un "Sleepers" , Mystic River commence avec de jeunes enfants amis et insouciants à qui un malheur va arriver. Ici, c'est surtout à l'un d'entre eux qu'il va arriver l'insoutenable mais les deux autres auront finalement vécus des vies tout torturées et comme le soulignera Kevin Bacon sur le final : "Parfois je me dis que nous sommes tous montés dans cette voiture".
Film à la photographie encore une fois contrastée (marque de fabrique ce pas mal de films de Clint), c'est aussi une œuvre pleine de sentiments et leurs opposés : comme liés par le destin les 3 perosnnages principaux ne se côtoient pas énormément mais des évènements vont lier leur destin une fois de plus et encore une fois d'une manière tragique.
La première demi-heure laisse une sensation de vide (dans le bon sens) et on suit la petite vie de tout ce monde en sachant qu'il va arriver un malheur. Pour moi le premier vrai climax c'est la scène très puissante avec Sean Penn qui demande à Bacon s'il s'agit de sa fille : le regard, la colère, les pleurs, les cris , Penn signe déjà ici une grande prestation et on est envahit par sa détresse. Le film pleut pleinement démarrer.
L'ambiance est solennel tout comme le ton et le tout se marie forcément très bien avec la réalisation ,la photo glacial avec ses nuances de bleus et de noirs. Le tout faisant aisément penser à la rivière qui joue apparemment un rôle plus important dans le roman mais qui est tout de même bien suggéré par des plans furtifs dans le film. c'est la rivière qui enterre les péchés et elle enserre le quartier où vivent les personnages, comme s'ils ne pouvaient en sortir. d'ailleurs ils y sont depuis leur plus tendre enfance. Ils y seront certainement encore longtemps. La rivière les empêchent de partir....
Le scénario est brillant : on doute du personnage de Tim Robbins suite à son trauma et le jeu de l'acteur est impressionnant (limite autant que Penn) et tout est si subtil, le suspens bien dosé, on a pas d'éléments concrets pour affirmer quoi que ce soit et même Fishburne trouve le profil parfait. Ses scènes psychologiques sont intenses et dévastatrices comme le face à face avec sa femme où il raconte ce qu'il ui est arrivé ne partie ou ses monologues, son allure réservé, introvertie, on sent qu'il a souffert, qu'il est tendu.
Penn aura une autre scène vraiment poignante : celle où il discute avec Robbins. Les liens se resserrent pendant quelques minutes, Penn se livre et trouve du réconfort dans son vieil ami qui ne parle que très peu mais l'aide par sa présence. Un jeu inoubliable et très touchant.
Et tout le film est porté par de très grands noms du cinéma. C'est certainement ce qui offre un film d'une profonde qualité et dont les musiques emportent cette tragédie au Panthéon des films du maître.
La fin traumatisante l'est par plusieurs aspects: la mort inutile de Robbins innocent. Penn qui voulait en finir avec cette partie de sa vie qui va devoir vivre avec un autre mort sur la conscience et pas n'importe lequel....Sa fmeme qui le charme par des paroles qui le portent en père et mari invincible. En gros "tu n'as rien fait de mal tu as fait ce qu'il fallait pour protéger ta femme et tes deux filles car tu es un homme, etc..." Bacon s'en sort, retrouve sa femme mais garde le silence et laisse courir Penn. Les trois enfants étaient bel et bien dans la voiture...
Au final et pour se répéter : une écriture fine, subtil et carrée. Des personnages bien développés, extrêmement bien interprétés, une réalisation sobre, tout en contraste, des musiques qui déchire l'âme et une histoire poignante.
9.5/10
(Pour Scalp que je devance : je mets pas 10 à cause de la réal moins inspirée que Million dollar et du fait que ce dernier ça me touche plus).